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15 janvier 2015 : La prière juive

Le 15 janvier 2015, Maxime Ouanounou, président de l’association Bn’ai B’rith Ben Gourion et fondateur du groupe AJCF de St Germain-en–Laye, parla de la prière juive devant le groupe AJCF de Paris-Ouest.
Vous trouverez ici un résumé de cette conférence rédigé par Alain Lellouch, co-président du groupe AJCF Paris-Ouest.

L’auteur a d’abord examiné le concept de prière juive, principalement dans la Bible et dans la pensée du Talmud, de la Cabbale et du ’hassidisme. Historiquement, les prières rituelles juives communautaires succédanés du service divin ont remplacé les sacrifices (animaux et végétaux) après la destruction du Second Temple en 70 de l’ère commune. Le conférencier a ensuite abordé , au travers des mots hébreux (inscrits sur un paper-board) et de leur signification profonde, les principales catégories de prières : Bénédictions (Bera’hot) : notamment le Chema Israël et la prière priée debout Amida, dite encore des 18 bénédictions (même si elle en comporte en fait 19) mais aussi les Bakachot (Demandes), Seli’hot (Pardons) ainsi que divers Chants liturgiques (Psaumes ou Téfilot et Pyutims). En hébreu, le verbe prier (Hitpalel) qui se construit, au plan grammatical, sous forme pronominale et le terme de prière (téfila) proviennent tous deux d’une racine hébraïque trilittère (P-L-L) dont l’un des sens est « intercéder ». Trois prières particulières fort importantes :

  • 1°) le Kaddich ou Sanctification et magnification (Yitkaddal) du nom de l’Eternel ( lu en araméen et récité par 10 hommes) : du Kaddich juif dérive le Notre Père chrétien ;
  • 2°) La Lecture cantilée de la Torah (les 5 livres du Premier Testament juif) et de la Haftarah (textes issus notamment des Prophètes) ;
  • 3°) le Hallel (succession de Psaumes pour louer l’Éternel et dont dérive le terme Halelluya) chanté lors des fêtes.

Furent encore évoquées par Maxime :

 les manières de prier : l’orientation vers Jérusalem, la position de prière (debout, assis ou exceptionnellement à genoux : lors de la prière de l’après midi, pendant l’office de Kippour quand les fidèles reproduisent la génuflexion du Grand Prêtre (Cohen gadol) dans le Temple ;

 la façon de prier (les Sages du Talmud recommandent de prier avec attention et concentration (Kavanah) même si cet idéal n’est que rarement atteint ;

 la langue de la prière (le plus souvent en hébreu et bien plus rarement en araméen) ;

 enfin, son exécution musicale.

A mentionner aussi :

 les accessoires de prières : la kipa (couvrant la tête, en signe de respect), le Talet (châle de prière dont le fidèle se revêt mais dont importent surtout les franges (Tsitsits ) qui lui rappellent les 613 commandements (Mitsvot), les Tefillin (Phylactères) : deux boites noires que le fidèle, les jours de semaine, attache à son bras droit et fixe autour de son front. Ils contiennent des passages du Deutéronome ), le sefer Torah (dans lesquels les appelés lisent trois fois par semaine dont bien sûr le Chabat et aussi les jours de fête, l’Arche sainte (Aharone ou armoire ) (dans laquelle sont abrités les rouleaux de la Torah) , enfin la Bimah ( estrade surélevée sur laquelle se tiennent le ministre officiant et les appelés à la lecture de la Torah et de la Haftarah ;

 les trois offices du matin (Cha’harit), de l’après-midi (Min’ha) et du soir (Chaa’hit) dédiés respectivement aux trois Patriarches Abraham, Isaac et Jacob ;

 les rajouts liturgiques (Moussafim) lors des offices de Chabat ou à l’occasion des des fêtes qu’elles soient de Pèlerinage (Pâque ou Pessah, fête des 7 Semaines après Pessah : Pentecôte Chabouot et à l’automne : fêtes des Cabanes ou Soukot) ou qu’il s’agisse encore des fêtes dites austères lors du nouvel an (Roch Hachana : la « tête de l’année ») ou du Grand Pardon (Kippour) au cours desquelles on sonne le Chofar dans une corne de bélier. Noter aussi la commémoration de la destruction des deux Temples qui eut lieu le même jour (9 av) : ce jour de jeûne et de deuil est aussi considérée comme une fête.

Mais le temps de prière est aussi temps de joie profonde manifestée lors des diverses cérémonies familiales qui rythment la vie : circoncision du 8e jour (B’rith milah), responsabilité religieuse acquise à 12 ou 13 ans (Bar Mitsva) ou encore prières dites des 7 bénédictions (Chevah Bera’hot) lors du mariage … Mais la prière juive a ainsi une fonction sociale. Au plan psychologique, c’est encore un moment d’émerveillement pour rendre grâce au Dieu Un (le Juif étymologiquement signifie celui qui « remercie » l’Eternel-Dieu » ) et à sa Création Une. Certaines prières telle la Birkat Hamazone (bénédiction sur la nourriture, une fois le repas pris) commémore outre la bonté de Dieu, la Terre promise aux Patriarches (Israël) et la Ville (Jérusalem) où la tribu de Judas fit siéger son Temple. La prière juive est encore un moment de rassemblement et de transmission au cours duquel on réfléchit, où l’on va, d’où l’on vient et d’où l’on est tiré…

C’est encore un hymne à la vie et une extraordinaire façon de se ressourcer en énergie.

Les très nombreuses questions de l’auditoire témoignèrent du profond intérêt des participants pour ce judaïsme vécu au quotidien. Cette conférence fut encore l’occasion d’une prise ou (d’une re-prise) de conscience nous rappelant combien nombre de prières et d’usages liturgiques chrétiens comportent un profond enracinement juif.

Alain Lellouch, co-président, AJCF Paris-Ouest.