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Cacher

Étymologiquement, « convenable ». Caractère d’un objet - ou d’un mets - qui le rend rituellement apte à être utilisé - ou consommé - selon les prescriptions bibliques et rabbiniques.

Les objets rituels, tels la mezouza (boîtier apposé sur le chambranle des portes et contenant les deux premiers paragraphes du « Chema Is­rael », (le talith (châle de prière), les tefilin (phylactères), voire un sefer Torah (rouleau de parchemin où sont copiés les cinq livres de Moïse), doivent remplir certaines conditions d’écriture et de composition pour être « cacher » , donc utilisables.
Les règles de cacherout (conformité rituelle) les plus nombreuses concernent la nourriture. Le Pentateuque énumère de façon détaillée les animaux permis et ceux qui sont interdits à la consommation (Lv XI et Dt XIV). En résumé :
 permis : les mammifères qui ruminent et ont un sabot ongulé et divisé en deux ;
Les volailles et volatiles (caille, pigeon, perdrix, faisan). Les poissons qui ont des nageoires et des écailles.
 interdits : les mammifères qui n’ont pas les caractéristiques ci-dessus ; Les rapaces et les oiseaux nécrophages ;
Les poissons qui n’ont pas les caractéristiques ci-dessus (et leurs œufs : ainsi par exemple de l’esturgeon et du caviar) ;
Les reptiles, les amphibies, les mollusques, les crustacés, les insectes.
Le porc est compris dans l’énumération biblique des animaux interdits, mais sans insistance particulière. La répulsion dont il est l’objet date, peut-être, de l’épreuve qu’a représentée pour les Judéens l’obligation qui leur était faite par les Séleucides de sacrifier et de consommer des porcs (1M 1, 47), puis l’occupation romaine sous les étendards représentant, parmi d’autres animaux impurs, le porc.

Par ailleurs, pour répondre aux règles de la cacherout, les mammifères et volatiles permis doivent être sains au moment de l’abattage ; ils doivent aussi être abattus rituellement. La tradition rabbinique (qui se fonde sur l’interdiction biblique de consommer le sang) impose en effet une mise à mort rapide, par une coupure nette de la jugulaire et de la trachée artère qui vide la bête de son sang en réduisant sa souffrance. Le boucher et la maîtresse de maison peuvent compléter la cachérisation de la viande par salage, égouttage ou passage à la flamme (pour éliminer tout vestige de sang), avant de la rincer, puis de la cuire.

Les poissons ne sont pas soumis à ces règles.

Un autre principe essentiel de la cacherout est l’interdiction de cuire ensemble ou de consommer à la fois des aliments carnés et des aliments lactés, en référence à l’injonction biblique : « ne cuis pas le chevreau dans le lait de sa mère » (Ex XX III, 9 ; XXXIV, 26 ; Dt XIV, 21). La mise en application de cette prohibition a été étendue par les rabbins à tout ce qui est au contact de ces deux types d’aliments - d’où la double vais­selle et les doubles ustensiles de cuisine utilisés par les Juifs respectueux de cette règle.

Il semble que l’on puisse établir un lien entre tous les interdits alimentaires et le grand principe biblique de la séparation (cf. sainteté). Pour la pensée biblique et hébraïque, la vie et la mort ne peuvent s’interpéné­trer (cf. Dt XXX, 15), et la vie est une valeur suprême. C’est sans doute ce qui explique que les animaux nécrophages d’une part, le mélange de viande (morte) et de lait (porteur de vie) d’autre part, soient interdits.

D’autres règles de cacherout s’appliquent pour les jours de la Pâque (in­terdiction de tout levain ou produit fermenté), et pour la terre d’Israël (les fruits d’un jeune arbre ne peuvent être consommés durant les trois premières années où il en donne).
Enfin, le vin aussi doit être cacher : c’est le seul jus de fruit requis pour accompagner un rite (kiddouch, fin de Chabbat], cérémonies du Séder, du mariage...), et il fait l’objet d’une bénédiction spéciale. C’est en cela que ce vin est différent du vin ordinaire : sa préparation et la surveillance dont il fait l’objet découlent de sa finalité.

Si les rabbins ont interdit toute consommation de vin dont l’origine n’était pas garantie par les préposés de la communauté, c’était, initialement, en réaction aux libations sacrées des cultes païens et pour préserver les Juifs de tout risque de consommer du vin destiné à un tel usage.