Un « mystère » dans la cathédrale de Bourges mis en scène par deux vitraux du XIII° siècle

Dès l’abord nous est présenté leur dessein, classique pour l’époque : convertir les Juifs (il existe encore une « rue des Juifs » derrière la cathédrale), démontrer que Jésus est bien le Messie annoncé. Cependant la conclusion du vitrail, nous le verrons, présente une ouverture tout à fait surprenante.

Les scènes bien connues : ligature d’Isaac, sacrifice de l’agneau pascal, la veuve de Sarepta, Moïse frappant le rocher, le serpent d’airain, Jonas, Élisée..., sont illustrées en regard des scènes de la Passion, qui sont l’ossature-même du vitrail.On observe la symbolique des couleurs : au bois vert, couleur de vie et d’espoir, porté en croix par Isaac répond le vert de la croix portée par Jésus , aidé de Simon le païen.

Au sommet, la parabole du « Fils prodigue » conclut cette démonstration en images. La dernière scène contient un message d’une audace étonnante. Quatre personnes sont attablées pour fêter le retour du fils ; celui-ci porte la robe blanche des baptisés ; aux côtés du père se tient la mère, absente de la parabole ; sa main ouverte est levée, signe d’acquiescement et d’accueil. Et nous retrouvons le fils aîné, entourant les épaules de son frère dans un geste plein d’affection ! Voici, préfigurée par des artisans du moyen-âge, la réconciliation des Juifs et des Chrétiens, rêvée par St Paul.

Françoise Kessler

La Nouvelle Alliance – Livre DVD
Un « mystère » dans la cathédrale de Bourges mis en scène par deux vitraux du XIII° siècle
par François Thomas
Éditions Chercheur d’Art, 39 p., 25€
Parution Janvier 2014