La conférence avait été préparée par Adolf Eichmann qui fut un participant actif de la conférence puisqu’il remplit le rôle de secrétaire de séance. Lors de son procès, à Jérusalem en 1961, il apporta des précisions sur les préparatifs et le déroulement de la conférence.
Il ne s’agissait pas de décider de la mise à mort des juifs car celle-ci avait déjà commencé dès l’année 1940 avec l’ouverture des ghettos sur le territoire polonais et s’était poursuivie durant toute l’année1941 par les assassinats en masse perpétrés par les Einsatsgruppen (« la Shoah par balles » pour reprendre l’expression du P. Patrick Desbois qui a effectué un admirable travail pour la reconnaissance de ces massacres). Et déjà à l’automne 1941, à Chelmno, des juifs, enfermés dans des camions, mouraient asphyxiés par des gaz.
A Wannsee, les hauts responsables nazis se concertèrent donc sur l’organisation des transports et la répartition des camps destinés à recevoir les juifs voués à la mort. Ils discutèrent sur les problèmes de transport que le transfert de millions de personnes occasionnerait et sur des questions juridiques : fallait-il aussi déporter (et exterminer) les « demi-juifs » et les « quarts de juifs », selon la terminologie des lois de Nuremberg ? Fallait-il aussi éliminer les juifs exerçant des professions utiles à l’effort de guerre de l’Allemagne ? Dans les semaines qui suivirent la conférence de Wannsee, d’autres réunions rassemblèrent des responsables de la déportation des juifs pour surmonter ces difficultés. Ainsi donc, dès le début de l’année 1942, une grande partie de la bureaucratie allemande impliquée dans la politique antisémite du Reich ne pouvait pas ignorer le sort réservé aux juifs d’Europe.
Dès lors, la Solution finale du problème juif, termes utilisés par les nazis pour évoquer la mise à mort de la totalité de la population juive, pouvait débuter à grande échelle. Les premières expériences de gazage pratiquées à Chelmno furent suivies par des pratiques de mise à mort de grande envergure, notamment par le gazage tandis que les tueries continuaient. L’année 1942 fut celle du plus grand nombre d’arrestations, partout dans l’Europe occupée par les nazis, pour le fonctionnement à plein régime des chambres à gaz construites dans les camps d’extermination. Toutefois, la mise à mort ne fut pas systématiquement pratiquée dès l’arrivée au camp. Il avait été prévu que les plus forts physiquement, hommes et femmes jeunes, devaient être exploités, au maximum jusqu’à épuisement, pour favoriser l’effort de guerre des nazis. Mais le but final était bien leur disparition à plus ou moins brève échéance. La Solution finale de la question devait rendre l’Europe vide de toute présence juive. Et l’on connaît le résultat : presque 6 millions de morts [1] en un peu plus de quatre ans !
Pour en savoir plus :
– site du musée de l’Holocauste aux USA
– Le Mémorial de la Shoah à Paris (voir la rubrique programme des activités : dans le cadre du 70e anniversaire de la conférence, le Mémorial organise plusieurs manifestations : débats notamment avec des historiens spécialistes de la question)
Bibliographie :
– Browning Christopher : Les origines de la solution finale, Paris, Les Belles Lettres, 2007.
– Friedländer Saul : L’Allemagne nazie et les Juifs, 1939-1945. Les années d’extermination, Paris, Seuil, 2008.
– Hilberg Raul : La destruction des Juifs d’Europe, Paris, Gallimard, coll. Folio, 2006.
Et plus particulièrement :
– Husson Édouard : Nous pouvons vivre sans les juifs. Quand et comment ils décidèrent de la Solution finale, Paris, Perrin, 2005.
– Husson Édouard : Heydrich et la Solution finale, Paris, Perrin, 2008.
Sur les Einsatsgruppen :
– Desbois Patrick : Porteur de mémoires, Paris, Lafon, 2007.
Danielle Delmaire , historienne, membre du Comité Directeur de l’AJCF et présidente de l’AJCF de Lille.
Elle est également directrice de TSAFON, Revue d’études juives du Nord.