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Voeu

Dans la législation sacrificielle, le « vœu » (NeDeR) désigne l’offrande volontaire d’une personne qui a au préalable annoncé publiquement son intention (on retrouve cet usage dans l’office synagogal, quand un membre de l’assemblée, appelé pour la lecture de la Torah, s’engage publiquement à faire un don en faveur de la communauté).

Personnel et volontaire, il est un engagement qui doit toujours être honoré (cf. Nb. XXX, 6sq. ; Deut. XXlll,22), et qui a une valeur juridique : les différents vœux font l’objet de règles d’application et d’annulation qui sont précisées dans le Talmud.

S’il exprime le souhait concret de devenir meilleur (se débarrasser d’une mauvaise habitude, par exemple), le vœu doit être un passage à l’acte immédiat. S’il s’agit d’interdictions que l’on s’impose à soi-même, il n’est encouragé ni par le texte biblique (cf. le cas du nazir, Nb. VI, 1ss), ni par le Talmud : « ce que la Torah t’a défendu doit te suffire » (Traité Nedarim 9a). Il ne peut être le moyen de se forger une conduite religieuse - d’autant moins que, par la pratique du vœu, l’homme peut s’imaginer qu’il influe sur la volonté divine.

Un vœu étant souvent prononcé sous l’empire d’une forte émotion (cf. l’histoire de Jephté, Jg. Xl,31), l’annulation est prévue lorsqu’il s’avère que les conditions pour pouvoir le réaliser n’ont pas été envisagées. Celui qui demande à être délié d’un vœu insensé doit s’adresser au tribunal, selon une procédure particulière, détaillée dans le Traité Nedarim.

Outre l’annulation des vœux individuels, il existe aussi une annulation collective, pour que certains engagements - pris à son corps défendant ou par imprudence - ne restent pas des obligations contraignantes au regard de la communauté.

Au début des offices de Yom Kippour, dans une formule liminaire trois fois répétée, le ministre officiant donne à l’assemblée le droit de prier avec les « contrevenants » (terme qui désigne ceux qui ont péché par égarement ; et peut-être aussi les Juifs convertis de force à une autre religion). Il ne s’agit pas d’une absolution des fautes, mais d’une autorisation formelle d’intégrer au jeûne et aux prières ceux qui ont commis une transgression involontaire.

Le ministre officiant fait ensuite l’évocation des vœux prononcés par erreur ou avec légèreté, ou qui n’ont pu être accomplis pour des raisons indépendantes de la volonté - soit durant l’année écoulée, soit pour l’année à venir, selon les traditions. Ils sont alors publiquement abrogés durant cet office appelé Kol Nidrei (« Tous les vœux ») qui ouvre la journée de Kippour.

Mais le Kol Nidrei n’est pas un moyen facile de se débarrasser de ses engagements : l’annulation ne libère pas l’individu des serments pris en connaissance de cause et qui doivent être appliqués sans restriction mentale. Aucune obligation contractée à l’égard d’autrui n’est susceptible d’être résiliée. L’objet fondamental de cette déclaration, préliminaire à la solennité du Yom Kippour, est de sauvegarder la valeur de la parole donnée.

Elle ne concerne donc que les vœux à l’égard de D. Pour les Kabbalistes, c’est paradoxalement sur l’annulation d’un vœu que repose la survie d’Israël : D. ayant fait serment d’anéantir Son peuple après la faute du Veau d’or, a pourtant cédé au plaidoyer de Moïse pour faire miséricorde. Comme pour enseigner qu’aucun vœu destructeur ne peut être validé.

A.-M. D.