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la Rafle du billet vert, 14 mai 1941

Si la rafle du Vel d’hiv est connue, commémorée tous les ans officiellement et a fait l’objet de nombreux ouvrages et récemment de deux films de fiction, la Rafle et Elle s’appelait Sarah, on oublie que les rafles de juifs, en particulier les étrangers, ont commencé en 1941 par la Rafle du Billet vert et la suivante, les 14 mai et 20 août 1941.

Pour les deux premières, Ils ont reçu une convocation (le fameux Billet vert) pour ce qu’ils pensaient être une simple formalité d’enregistrement administratif et s’y sont rendu de leur plein gré. Certains plus soupçonneux ne s’y sont pas rendu et ont fuit, en zone libre puis à l’étranger, par exemple vers l’Amérique Latine via l’Espagne et ont ainsi sauvé leur vie.

Ils ont ensuite été internés en France, notamment dans le Loiret dans les camps de Pithiviers ou Beaune-la-Rolande puis envoyés à Auschwitz : peu d’entre eux en sont revenus.
Tous les ans depuis des années, l’Union des Déportés d’Auschwitz (UDA, réunion récente d’anciennes amicales de déportés) organise un voyage de mémoire le dimanche suivant le 14 mai. Depuis quelques années, l’UDA a été rejointe par d’autres organisations comme le CRIF ou les Fils et Filles de déportés (association présidé par Serge Klarsfeld).

14 Mai 1941 : La première rafle, "du Billet vert"

Le 14 mai 1941 les Juifs étrangers sont convoqués individuellement, pour un " examen de situation ", dans cinq centres : Caserne de Napoléon, Caserne des Minimes, Rue Edouard-Pailleron, rue de la Grange aux Belles, gymnase Japy. La lettre de convocation précise que chacun doit se présenter en personne, accompagné d’un membre de sa famille. " La personne qui ne se présenterait pas aux jours et heures fixés, s’exposerait aux sanctions les plus sévères ". Ceux qui se présentent ne sont pas libérés. L’accompagnateur est chargé de rapporter une valise et un minimum d’effets personnels. 3 710 hommes sont ainsi arrêtés et internés dans les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande, anciens camps de prisonniers de guerre. Parmi eux se trouvent 3 430 Juifs polonais, 123 Juifs apatrides et 157 Juifs tchèques.

A lire en complément, un article détaillé sur la Rafle du billet vert de Nathalie Grenon, Centre d’étude et de recherche sur les camps d’internement dans le Loiret (Cercil) sur le site Herodote.net

70 ans après le « Billet Vert » - Commémorations dans les Camps du Loiret

Compte-rendu du CRIF de la commémoration du 15 mai 2011.

« Préfecture de police
Paris le 10 mai 1941
« M. X
« est invité à se présenter, en personne, accompagné d’un membre de sa famille ou d’un ami, le 14 mai 1941, à 7 heures du matin, 2, rue Jappy (gymnase) pour examen de sa situation. Prière de se munir de pièces d’identité. La personne qui ne se présenterait pas aux jours et heures fixées, s’exposerait aux sanctions les plus sévères.
Le commissaire de police »

Convoqués pour vérification de situation, 3 430 Juifs polonais, 123 Juifs apatrides et 157 Juifs tchèques sont alors dirigés de la gare d’Austerlitz vers les camps du Loiret, Pithiviers et Beaune-la-Rolande. Ce fut la rafle dite du « Billet Vert ». S’y ajouteront les Juifs de Paris et de la région parisienne, arrêtés par la police française les 16 et 17 juillet 1942, lors de la rafle du Vel d’Hiv. On estime le nombre d’internés par vagues successives à 18.000. La majorité d’entre eux sera déportée vers les camps d’extermination, dont Auschwitz.

Depuis des décennies, les déportés réunis au sein de l’UDA, se rendaient annuellement dans les camps du Loiret afin de rendre hommage à la mémoire des Juifs déportés et exterminés, hommes, femmes et enfants. D’autres organisations s’y sont, par la suite, associées, dont Fils et Filles des Déportés Juifs de France, présidée par Serge Klarsfeld. Cet hommage annuel bénéficie du soutien du CRIF et de sa Commission du Souvenir.

Le dimanche 15 mai 2011 nombreux furent ceux qui perpétuent cette tradition initiée par Henry Bulawko et Zelman Brajer, entre autres. La cérémonie, dirigée par Roger Herman (UDA), a débuté à Beaune-la Rolande et s’est achevée à Pithiviers avec un nombre important de discours sur les deux sites mémoriels. Les orateurs ont évoqué la traque des Juifs étrangers par Vichy, les conditions de leur internement puis leur déportation, mais également le danger présent d’une idéologie xénophobe et raciste. Ainsi, ont pris la parole, les Maires de Beaune-la-Rolande et de Pithiviers, Raphaël Esrail (UDA), Serge Klarsfeld (FFDJF), Eliane Klein (CRIF Orléans), Hélène Mouchard-Zay (CERCIL, Musée-Mémorial des Enfants du Vel d’Hiv) et le Préfet de Région. Deux lettres émouvantes émanant d’une femme juive internée dans les camps du Loiret ont été lues par le comédien Gérard Grobman. Le Chant de Pithiviers (en yiddish), la fanfare municipale et la Marseillaise ont ponctué la cérémonie. Les associations présentes ont déposé des gerbes au pied des monuments de Beaune-la-Rolande et de Pithiviers sur lesquels sont gravés, d’une manière encore incomplète, des noms de Juifs internés.

Claude Hampel, président délégué de la commission du souvenir a représenté Richard Prasquier, le président du CRIF à ces commémorations.

Photo : D.R.

Source : site du CRIF