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À l’Université St Joseph de Philadelphie, une sculpture novatrice

« La Synagogue et L’Église de Notre Temps »

par Michel STERNBERG

La réunion annuelle de l’Amitié Judéo-Chrétienne Internationale (ICCJ) du 10 au 14 juillet 2016 s’est déroulée à l’Université St Joseph de Philadelphie. Fondée par les jésuites en 1851, elle a été la première université catholique aux États-Unis à répondre à Nostra Aetate en fondant un Institut des Relations Judéo-Catholiques dès 1967 pour « approfondir la connaissance et promouvoir la compréhension entre Juifs et Chrétiens ».

Arrivé un jour en avance à la réunion pour visiter les lieux, j’ai eu la joie de découvrir, devant la chapelle de l’Université, la grande sculpture en bronze intitulée « La Synagogue et L’Église de Notre Temps » : la Synagogue à gauche tient un rouleau de la Torah ; l’Église à droite présente le Nouveau Testament ; elles sont en dialogue. J’ai pu examiner cette sculpture assez longuement. Au début, pour quelqu’un de longue date à l’Amitié Judéo-Chrétienne comme c’est mon cas, cette représentation allait de soi ; mais progressivement, son caractère novateur s’est imposé à moi : elle s’opposait aux représentations anciennes des églises. Commandée au sculpteur Joshua Koffman, de Philadelphie, pour le 50ème anniversaire de Nostra Aetate, elle a été dévoilée en septembre 2015 et bénie par le Pape François en présence du Rabbin Abraham Skorka.[1]

La séance inaugurale de la réunion de l’ICCJ a eu lieu dans la chapelle de l’Université avec le discours principal du Rabbin David Saperstein (ambassadeur spécial du Président Obama pour la liberté religieuse dans le monde). Il a souligné que la sculpture « La Synagogue et L’Église de Notre Temps » symbolisait le dialogue interreligieux en général. C’est ensuite devant la chapelle, autour de la sculpture, que les premiers contacts ont été pris entre participants, en prenant l’apéritif. Cette sculpture a ainsi été très remarquée dans le déroulement de la réunion de l’ICCJ.

Pour nous européens, la sculpture « La Synagogue et L’Église de Notre Temps » nous questionne. La sculpture de Philadelphie a été visiblement conçue en réaction contre les statues personnalisant la synagogue et l’église sur les façades de nos cathédrales de France (Paris, Strasbourg) ou d’Allemagne (Bamberg, Worms). La « Synagogue » de la cathédrale de Strasbourg, par exemple, a les yeux bandés, son étendard brisé, elle laisse tomber les Tables de la Loi. Celle de Notre Dame de Paris a les yeux bandés par un serpent ! À Saint Seurin de Bordeaux, elle a les yeux bandés par un dragon !


[1] Philip A. Cunningham, Président de l’ICCJ, avait eu l’occasion de présenter cette statue au Pape François lors de l’audience privée que le Pape avait accordée aux membres de l’International Council of Christians and Jews, le 30 juin 2015, au cours de leur précédent Congrès annuel qui avait alors lieu à Rome [Cf. Sens n° 402 (septembre-octobre 2015), p. 661]. Cette statue a été bénie par le Pape François, le 27 septembre 2015, lors de son voyage à Philadelphie [NDLR].