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Terre (d’Israël)

De même qu’il y a une gradation de la sainteté dans le temps, de même il y en a une dans l’espace, de la planète terre au Saint des Saints du Temple. Chaque gradation correspond à un statut, défini par un ensemble de règles et d’obligations : plus un endroit est « saint », plus ces règles sont rigoureuses, et plus le groupe humain qui l’occupe a des obligations spécifiques.

Jusqu’à l’époque du deuxième Temple, le territoire était nommé « Pays de Canaan ». L’expression « Terre (ou Pays) d’Israël », mentionnée pour la première fois en 1 Sam. XIII, 19, est usuelle pour les Juifs depuis le retour de Babylone. « Judée » a été le nom donné par les Perses au pays des Judéens (membres de la tribu de Juda), et « Palestine » sera le nom donné à la contrée par les Romains (après l’écrasement de la ré­volte de Bar Kokhba en 135), en référence à l’antique pays des Philistins. Ce nom sera en usage jusqu’en 1948. L’équivalent arabe (Falastîn) date du Mandat britannique (1917-1948) sur cette province de l’empire ottoman qui s’appelait « la Syrie du Sud ».

L’expression « Terre Sainte » date des Croisades et est d’origine chré­tienne. La Terre n’est pas qualifiée de « sainte » dans la Bible. La Michna (Traité Kelim) parle de la terre « sanctifiée » : cette terre n’a pas de caractère sacré, et n’est sainte que de la sainteté de ses habitants. L’idolâtrie - cananéenne ou autre - y est la souillure fondamentale.

Le pays d’Israël est avant tout une « Terre promise », c’est-à-dire tou­jours à mériter : l’histoire biblique montre qu’Israël ne se réduit pas à un territoire ; le peuple n’a pas de « mère-patrie » puisqu’il est né dans le désert, et il ne peut s’enraciner sur sa terre que sous condition. Il n’en est pas le propriétaire, mais l’usufruitier et le gardien. Un contrat dont les termes sont contenus dans la Torah le lie au véritable propriétaire, qui est D. Dans le symbolisme conjugal de la littérature prophétique, la Terre représente la dot que l’Époux réserve à sa fiancée.

Cette Terre est choisie pour que s’y incarnent la Parole divine, la jus­tice et l’amour. Lorsque l’amour et la justice sont bafoués, Israël encourt l’exil. Le contrat n’est pas rompu pour autant : si après chaque repas, le Juif, qu’il soit en Israël ou en Diaspora, remercie D. « pour la terre belle, bonne et vaste », selon une formule des rabbins exilés à Babylone, c’est en raison de l’attente messianique, à laquelle la Terre est liée.

L’expression « AM HaAReTz » (peuple du pays) a tout d’abord désigné dans la Torah les habitants d’un pays quel qu’il soit, puis le petit peuple resté en Juda après la déportation des notables à Babylone. Employée en dehors de ce contexte, elle a désigné à l’époque rabbinique les petites gens, puis ceux qui sont ignorants (des règles de Halakha ).

A.-M. D.