Accueil > Documentation > Formations > Hébreu > Apprendre l’hébreu > Hébreu Biblique ou Hébreu Moderne : commentaires

Hébreu Biblique ou Hébreu Moderne : commentaires

Suite de la série d’articles sur l’apprentissage de l’hébreu, les commentaires d’une débutante.

Hébreu Biblique ou Hébreu Moderne ? Si vous avez lu les précédents articles, vous avez compris que à la suite de Dorit Shilo, Anne Benoualid et tous mes interlocuteurs juifs, je pense que la question est mauvaise : il n’y a qu’une seule langue, l’hébreu, qui a évolué depuis des millénaires. Ce n’est pas une langue morte, même ce qu’on appelle à tort hébreu biblique et qu’on devrait nommer hébreu classique ou ancien. L’hébreu biblique est une langue sainte car c’est la langue de la Bible, puis du Talmud et écrits de la Tradition juive. Mais elle n’est jamais morte, elle a évolué avec le temps : la langue du Deutéronome n’est pas la même que celle de Job ou du Cantique des Cantiques, pour la Bible, et elle a continué son évolution jusqu’à sa renaissance qui a donné l’ivrit, qu’on appelle hébreu moderne, langue vivante en permanente évolution, créée à partir de l’hébreu biblique. Voir les articles de Mireille Hadas-Lebel (vice-présidente de l’AJCF) sur le sujet, sur le site Massorti.com :
 Eliezer ben Yehuda
 L’hébreu à travers les âges

J’ai eu la chance de commencer l’hébreu il y a deux ans par le stage d’été d’hébreu débutant avec Dorit Shilo à l’ENS-LSH , avec une méthode originale qui consiste à mener de front l’apprentissage de l’hébreu biblique et moderne : on y voit bien dès le départ qu’on apprend une seule et même langue, avec le même alphabet (et la difficulté de l’apprentissage de la lecture), la même grammaire de base, le même vocabulaire de base.
Sauf pour des étudiants très doués et pour les enseignants de latin, il est, en général, plus facile d’apprendre une langue vivante qu’une langue morte. Or apprendre l’hébreu biblique en France, c’est apprendre l’hébreu comme le latin, comme une langue morte, uniquement dans le but de la traduire. Mais quand on connaît les problèmes de traduction de la Bible par de grands spécialistes, quel intérêt pour l’étudiant moyen d’étudier l’hébreu, juste pour dire "j’ai traduit moi-même tel ou tel chapitre de la Genèse ou un Psaume" ? Cela peut être un but, si c’est un plaisir personnel.
J’ai suivi ensuite le cours d’hébreu biblique de la Faculté de Théologie de Lyon, deux années très (trop) intensives : à la fin nous sommes capables de traduire seuls des passages de la Bible, avec l’aide d’un dictionnaire et d’une grammaire. Mais après tant d’efforts, presque personne (et je ne suis pas une exception) ne sait lire sans préparation un texte en hébreu ! Pour ceux qui souhaitaient lire la Bible dans le texte, il faudra attendre de nombreuses années encore ... .
En commençant par l’hébreu moderne, vous apprendrez à lire et écrire, ainsi qu’à parler et comprendre à l’oral, sans traduire : indispensable à mon avis pour réellement rentrer dans la langue, la sentir vraiment. Vous apprenez un vocabulaire de base pour l’hébreu biblique (table, grand, mer, chemin ..., vous les trouvez hier et aujourd’hui), les verbes si difficiles, des constructions élémentaires. Après, vous pouvez ajouter les spécificités de l’hébreu classique comme le vav conversif. Comme le dit Anne Benoualid, commencer par l’hébreu biblique, c’est comme débuter l’anglais par la langue de Shakespeare : cela ne viendrait à l’idée de personne aujourd’hui.

Et pour un groupe de l’Amitié Judéo-Chrétienne ? L’idéal serait de faire faire un cours sur mesure, dans la même ligne que le stage de l’ENS, considérant la langue comme une : en ne séparant pas moderne et biblique, on facilite l’apprentissage et on aborde rapidement les textes bibliques, but principal d’un cours d’hébreu dans le cadre de l’AJCF. Mais pour cela, il faut trouver l’enseignant compétent et disponible, et c’est une autre histoire.

A suivre également, quelques commentaires sur les méthodes d’apprentissage (par Internet, des CD-Rom, des livres), tant biblique que moderne.

RV