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Juste(s)

Le juste (TSaDIK ; même racine que TSeDaKa - cf. charité) est le mo­dèle de l’homme qui se comporte selon l’équité, la piété et l’amour. Ayant mis de l’ordre en lui et conscient de la nécessité de l’ordre phy­sique et social, il est en mesure d’équilibrer oppositions et contraires. Le « juste parfait » est celui qui, solidaire des autres hommes, est responsable de l’influence qu’il exerce sur la collectivité où il vit. Dans un monde cassé par le mal, le juste montre le chemin de la lumière - son antithèse étant le méchant, dans la voie des ténèbres.

Deux personnages de la Genèse ont mérité l’appellation de Juste : Noé ( Gn. VI, 1) et Joseph, à qui la Tradition applique le verset : « ...ils vendent le juste pour de l’argent... » (Amos II, 6) : tous deux ont conservé leur intégrité morale au milieu des perversions et des séductions, et leur mérite a appelé la sollicitude divine sur l’humanité. Noé a inauguré un monde nouveau après le déluge, et Joseph a été le bienfaiteur de l’Égypte.

Le juste, cause de salut pour la collectivité : c’est le principe-même de l’intercession d’Abraham en faveur de Sodome et Gomorrhe (Gn. XVIII, 23ss), qui fonde l’institution du « miniane » (le quorum de dix hommes adultes nécessaire à certaines prières de l’office public).

De même, selon la tradition rabbinique, le monde est sauvé grâce aux mérites de trente-six Justes qui existent dans chaque génération hu­maine.

Dans le jardin de Yad VaChem à Jérusalem, une « allée des Justes » est consacrée au souvenir des individus, familles et collectivités qui ont sauvé en Europe des Juifs du nazisme. Chacun de ces Justes des Nations y est représenté par un arbre planté à son nom.

Le chef spirituel des Hassidim (membres d’un courant mystique et pié­tiste du Judaïsme) est également appelé TSaDIK ; par sa dévotion et son intercession, il vise à faire pencher la justice absolue de D. dans le sens de la miséricorde.

La « justice-justesse » à laquelle un homme peut parvenir grâce à sa rectitude et à son amour de D. et des hommes, est source de bénédiction : « Le juste fleurit comme un dattier, il s’épanouit comme un cèdre du Liban » (Ps. 92, 13) ; voué à la vie, le juste est ainsi souvent comparé aux différents éléments de l’arbre. L’expression « ZeKher TSaDIK LiVeRaKHa » (le souvenir d’un Juste est cause de bénédiction), qui suit généralement la mention d’un défunt, est aussi l’affirmation que la « jus­tice » est un des aspects de la vie éternelle.

La question de la souffrance et de la mort du juste, que l’on retrouve - entre autres - dans les poèmes du Serviteur d’lsaïe, certains Psaumes et le livre de Job, rejoint la préoccupation universelle de la conscience humaine.

A.-M. D.