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Circoncision

La circoncision répond dans le Judaïsme à la prescription donnée à Abraham (Gen. XVII, 10-14), puis au peuple d’Israël (Lev. XII, 3). Il in­ combe au père juif de la faire pratiquer sur son fils de huit jours. Elle est aussi pour l’homme adulte une condition fondamentale de la conversion au Judaïsme.

La circoncision rituelle consiste en deux opérations consécutives : la PeRYiAh et la MILaH. Le Mohel (circonciseur) doit couper l’excroissance qui recouvre l’extrémité de la verge (PeRYiAh), puis retrousser la peau sous la coupure, afin de laisser le gland à découvert (MILaH) au­ dessus de cet anneau de peau - symbole de l’Alliance.

Antérieure aux Dix Commandements, la circoncision en est le préalable physique, psychologique et communautaire. L’aspect hygiénique n’est pas une finalité, mais une conséquence naturelle de l’opération.

Rite de passage à la vie adulte et de nuptialité dans d’autres civilisations, la circoncision est, dans le Judaïsme, le sceau du divin gravé dans la chair, au niveau de l’instinct le plus puissant : l’instinct de vie.« Signe d’alliance » entre D. et Son serviteur (Gen. XVII, 11) la BeRIT MILaH (alliance de circoncision) est aussi une coupure dans la relation avec le père (comme la coupure du cordon ombilical a concrétisé la séparation naturelle d’avec la mère). En ce sens, elle est un rappel de l’autonomie physique et spirituelle à laquelle le nouveau-né est appelé : les parents ne doivent-ils pas progressivement « se couper » de leur enfant et le laisser les quitter ?

L’alliance inscrite sur l’organe génital signifie à l’homme sa dignité : si tout est « naturellement » possible en matière de sexualité, tout n’est pas permis pour les « fils de l’Alliance » (cf. Bar Mitzva).

A l’époque de la domination grecque, puis romaine, l’interdiction de la circoncision a été un motif majeur de résistance (révoltes des Maccabée - 120, et de Bar Kokhba +115). Cependant, de nombreux Juifs hellénisés, attirés par les jeux du stade (qui se pratiquaient nus), ne faisaient plus circoncire leurs fils, ou se faisaient eux-mêmes refaire un prépuce par une opération de « chirurgie esthétique ».

La circoncision engage l’avenir : il est bien plus important d’avoir un fils juif qu’un père juif. Ce que les nazis ont bien compris, qui ont exhibé la circoncision comme signal de mort.

A.-M. D.


La circoncision est souvent considérée par ceux qui ne la pratiquent pas comme un acte barbare, et parfois assimilée de manière abusive, puisqu’il ne s’agit pas d’une mutilation, à l’excision des filles dans certaines cultures.

Depuis l’abandon par Paul (Rm 2,28-29) de la circoncision pour les païens convertis au christianisme, les chrétiens ont tendance à lui opposer la circoncision du cœur, seule forme, selon eux, d’authentique spiritualité, et propre uniquement au Nouveau Testament ; la circoncision de la chair se limitant alors à un geste purement charnel, à une rémanence de coutumes tribales. C’est oublier que la notion de circoncision du coeur est déjà ordonnée dans Deutéronome 10,16 et 30,6 , de même dans Jérémie 9,25.
La Berit Milah, littéralement « alliance de la circoncision », est pratiquée le huitième jour de la vie d’un enfant de sexe masculin. Toutefois, cet acte est différé de quelques semaines si l’enfant est prématuré ou trop faible pour le supporter. La circoncision est une intervention très rapide, pratiquée par un spécialiste, le Mohel. Elle est enseignée à Abraham par Dieu en Genèse 17,9-14 (et rappelée dans Lévitique 12,3) : « Dieu dit à Abraham : Pour toi, sois fidèle à mon Alliance, toi et ta postérité après toi dans tous les âges. Voici le pacte que vous observerez, qui est entre moi et vous, jusqu’à ta dernière postérité : circoncire tout mâle d’entre vous... ». Ainsi, pour tous les Juifs, elle devient signe de l’Alliance dans la chair.

Elle est aussi pour le couple une façon de placer la relation sexuelle sous le signe de la sainteté. Pour le judaïsme, le couple est le lieu privilégié de la transmission de la vie et de son inscription dans l’Histoire. Ce sont les enfants qui assurent la continuité de celle-ci : le mot hébraïque Toledoth signifiant à la fois « engendrement » et « récit ». Les enfants qui naissent assureront la pérennité de l’Alliance comme Dieu l’a demandé.

Le peuple Juif a maintenu ce rite, même aux heures les plus sombres de son histoire. Sa fidélité répond à cette exigence de Dieu d’inscrire ainsi l’Alliance dans la chair des nouveaux-nés, et ce, dans tous les courants du judaïsme, jusqu’à ce jour, et jusqu’à sa dernière postérité. »

Quelques lectures :
 Qui est-il ton Dieu ? Des Juifs et des chrétiens s’interrogent sur l’Alliance ; Sidic, Desclée de Brouwer, 2003
 Le souci des autres, au fondement de la loi juive, Gilles Bernheim, Calmann-Lévy, 2002
 Lire aux éclats, Eloge de la caresse, Marc-Alain Ouaknin, Le Seuil, 1994, coll. Points, Essais
 Brit Mila, la circoncision, Paysach J. Krohn, Ed. du Sceptre, Paris 2003