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Prière

Le mot hébreu « TeFiLa » (prière) vient d’une racine qui signifie juger. D’après l’étymologie, celui qui prie est en situation d’ « auto-jugement » (le verbe HiTPaLeL, prier, étant à la forme pronominale) ; une injonction rabbinique met cela en évidence : « lorsque tu pries, tu te juges, sache devant Qui tu te tiens ! » Prier nécessite donc une concentration dirigée de la ferveur (KaVaNa), une tension vers le service de D., étayées par une attention minutieuse aux textes prononcés.

Outre la pratique de la prière, le mot « TeFiLa » désigne les phrases - spontanées ou rituelles - que l’homme peut adresser à D. dans sa méditation ou dans son élan de ferveur. La prière peut prendre la forme de requêtes (BaKaSHoT), de suppliques (TaHaNouNiM) et de louanges (TeHiLoT).

La prière juive se fonde sur la foi au D. Unique, Créateur, Providence universelle. Elle peut être individuelle. Mais elle est surtout collective - suivant le principe rabbinique que la Présence divine Se trouve parmi ceux qui se sont réunis pour prier. Certains textes de la liturgie (le Ka­DiSH par exemple) ne peuvent d’ailleurs être prononcés qu’en public (c’est-à-dire en présence d’un quorum de dix adultes).

La prière principale de la liturgie, composée à l’époque du second Temple, est récitée à tous les offices. Elle a trois noms :
 ha-Tefila : La prière par excellence ;
 Amida = « station debout » (parce que l’orant est debout pour la prononcer) ;
 Shemoné Esré = « dix-huit » : le nombre des bénédictions qui la composent est en réalité aujourd’hui dix-neuf ; mais l’anagramme du chiffre hébreu 18 - iod het - signifiant « vivant », sans doute a-t-on continué pour cette raison symbolique à l’appeler ainsi.

Les bénédictions de la Amida se divisent en trois parties : les trois premières sont consacrées à l’éloge de D., les trois dernières sont des actions de grâce et les autres sont des suppliques (auxquelles peuvent s’ajouter les suppliques personnelles).

Le Chabbat et jours de fête, seules 7 bénédictions de la Amida sont prononcées, les requêtes personnelles étant « concentrées » dans une seule bénédiction.

Les autres textes de la liturgie contenus dans le rituel de prières (Sidour), s’articulent en bénédictions et méditations autour des extraits de la Torah : les Dix Commandements, le Chema Israel, la bénédiction des cohanim. Les Psaumes (qui étaient déjà récités au temps du premier Temple pour accompagner le rituel sacrificiel) font bien sûr partie de la liturgie. L’ordre définitif des prières et leur adaptation aux jours profanes ou aux solennités datent de l’époque talmudique ; elles ont été consignées pour la première fois dans un Sidour au IXe siècle.

A la différence du sacrifice qui ne peut être offert qu’au Temple de Jérusalem, la prière n’a pas d’espace spécifique, mais la synagogue est privilégiée puisque c’est le lieu de la prière collective. A la maison ou à la synagogue, l’orant se tourne vers Jérusalem, lieu de résidence de la Présence divine (à Jérusalem, on se tourne vers le Mur occidental).

Le rythme de la prière, de biquotidien qu’il était au Temple (accompagnant le rite sacrificiel) s’est augmenté d’une troisième séquence dans le rituel synagogal, avec la prière du soir. Les prières du matin et de l’après-midi constituent des substituts des sacrifices. Un office public supplémentaire remplace désormais le sacrifice supplémentaire (MouSSaF) du CHaBaT et des jours de fête.
Les rabbins du Talmud ont recommandé à celui qui est réduit à la prière solitaire de s’arranger pour la faire à l’heure fixée pour la prière en com­mun, afin de rapprocher sa prière - dans le temps au moins - de celle de la communauté.

A.-M. D.