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Jean-Pierre Lémonon : Un temps pour le Pardon

Le pardon, la réconciliation sont au cœur de nos vies. Le pardon est une des expériences humaines les plus fortes. Il est nécessaire pour une vie quotidienne heureuse et harmonieuse : pardon à l’intérieur du couple, pardon dans la famille, pardon entre proches, entre voisins ou réconciliation avec ceux qui nous ont vivement blessés. Ce pardon, cher aux personnes, est aussi indispensable pour les groupes humains, sociétés ou nations. Il constitue une expérience fondatrice de notre humanité.

Selon l’expression si juste du frère Aloïs de Taizé, « il ne s’agit pas d’oublier un passé douloureux, mais d’interrompre la chaîne qui fait perdurer les ressentiments et par là de guérir peu à peu la mémoire par le pardon. Sans pardon il n’y a pas d’avenir pour les sociétés » et pour chacun et chacune des humains.

Le pardon si important pour chaque homme, pour chaque femme est au cœur de l’activité de Jésus. En parcourant les évangiles, nous ne pouvons manquer de remarquer les récits de rencontres qui s’achèvent par ces mots de Jésus : « tes péchés sont pardonnés ». Souvent ils sont suivis par une invitation à retrouver la paix ou la dignité. Par cette parole Jésus confirme l’intuition du monde juif qui chante le bonheur de la personne pardonnée : « Heureux l’homme dont l’offense est enlevée et le péché couvert ! Heureux celui à qui le Seigneur ne compte pas le péché, et dont l’aveu est sincère ! » (Ps 32, 1-2). Se savoir pardonné par le Seigneur est source de réconfort, de joie ; c’est aussi une force pour nous réconcilier avec le frère, la sœur lorsque nos liens se sont détériorés, voire rompus. Goûter l’expérience du pardon de Dieu est essentiel à notre vie de foi.

Pour solliciter en vérité le pardon du Seigneur, il faut prendre conscience de nos ruptures, de notre péché. Nous ne conduisons pas toujours notre vie selon une inspiration provenant de la Parole de Dieu. En effet, nous sommes pleins de bonne volonté ; nous désirons vivre selon l’Évangile. Mais nous faisons facilement l’expérience que saint Paul décrit dans la lettre aux Romains : « je ne comprends rien à ce que je fais : ce que je veux, je ne le fais pas, mais ce que je hais je le fais » (Rm 7,15). Nous avons besoin de temps pour prendre conscience de la faiblesse qui nous conduit à pécher, à ne pas choisir ce qu’il y a de meilleur pour nous, le bonheur que Dieu, notre Père, nous promet. Lors de la célébration du sacrement de réconciliation, par le ministère du prêtre, nous entendons le Seigneur lui-même nous assurer : « tes péchés sont pardonnés ». Ainsi nous faisons l’expérience de la fidélité indéfectible du Seigneur à notre égard.

Père Jean-Pierre Lémonon

Reproduit sur le site de l’AJCF avec l’accord de l’auteur

Jean-Pierre Lémonon est curé-modérateur de la paroisse catholique Saint Martin de la plaine de Valence, professeur émérite de la faculté de théologie de l’Université catholique de Lyon, spécialiste du Nouveau Testament.
Ce texte a été publié sur le site de la paroisse pour le début du Carême 2014, Carême qui est pour beaucoup de chrétiens un temps du pardon.