Le Temple de Jérusalem a d’autre noms en hébreu :
- MiChKaN : lieu de la Présence divine (cf. CheKhiNa), demeure qui abrite le dialogue entre D. et l’homme.
- HeiKhaL : palais. En relation avec le Palais céleste, désigne la partie centrale de l’édifice, où officiaient les cohanim. Peut évoquer aussi la dimension politique du Temple de Salomon - lieu centralisé du culte.
- BeiT YHVH : Maison du Tétragramme (les quatre lettres imprononçables par tout autre que le Grand-Prêtre hors du Saint des Saints et en dehors du jour de Kippour). Le Temple est désigné ici comme unique, irréductible à tout autre sanctuaire : c’est là qu’était prononcé « le Nom propre » de la Transcendance, le Nom sous lequel D. s’est fait connaître à Israël.
- BeiT ELoKIM : Maison de D. comme Immanence, ouverte aux nations auxquelles Il Se fait connaître sous ce nom.
- BeiT HaBeH’ IRaH : maison d’élection.
Construit selon le plan du sanctuaire portatif du désert, le Temple de Salomon, de dimensions modestes, était orienté Est-Ouest (de fait, il était donc « dés-orienté »). Nous n’avons pas de vestiges de ce premier Temple, construit vers -950 et détruit par Nabuchodonosor en -586. Il ne nous reste que sa description dans les livres des Rois (1 R. VI), Ezéchiel (XL & ss) et Chroniques (2 Ch. Ill-IV).
Après l’exil de Babylone, le deuxième Temple a été construit à l’emplacement du premier. Agrandi au -IIe s. ; il doublera de superficie vers -20 et sera embelli, grâce à la politique de grands travaux d’Hérode. Flavius Josèphe dans ses « Antiquités Judaïques » et les rabbins dans le traité Midot, en font une description enthousiaste... et nostalgique.
Pour l’essentiel, le Temple était un bâtiment oblong. On y entrait à l’Est pour accéder au vestibule (Oulam), puis au Saint (HelKhal, lieu central du culte sacrificiel) , et enfin au Saint des Saints (DeBIR). Abritant l’Arche d’Alliance au temps du premier Temple, le Saint des Saints était vide au temps du second [1].
Le mur occidental, à l’aplomb et en contrebas de ce qui était le mur du Saint des Saints, est le dernier vestige du Temple d’Hérode, détruit par Titus en 70. Symbole de l’unité et de l’indépendance juives perdues, il est devenu un lieu de pèlerinage pour les Juifs dispersés, nommé par dérision « mur des lamentations » par les Croisés. Depuis la réunification de Jérusalem en 1967, l’accès au Mur est libre, mais la Halakha interdit aux Juifs l’accès à ce qui est au-dessus, les circonstances actuelles ne permettant pas un état de pureté adéquat pour pénétrer dans ce qui reste un lieu de sainteté. Rappelons que David n’avait pas été autorisé à construire le Temple en raison du sang versé sous son règne.
A.-M. D.