Jean XXIII et les Juifs
Une démarche de Jules Isaac (Fondateur de l’AJCF) auprès de Jean XXIII :
Le 13 juin 1960, Jules Isaac a une audience avec Jean XXIII au cours de laquelle il plaide pour un programme de redressement de l’enseignement chrétien concernant le peuple juif et Israël.
Au terme de l’audience, après avoir demandé au Pape s’il pouvait emporter une parole d’espoir, il reçoit cette réponse : « Vous avez droit à plus que de l’espoir. »
Cette rencontre entre Jules Isaac et Jean XXIII eut une influence certaine dans la rédaction de la déclaration sur les religions non-chrétiennes Nostra Ætate, en particulier le paragraphe 4 sur les relations avec le Judaïsme, approuvée en 1965 par le concile Vatican II.
Malgré de multiples oppositions et à l’issue de discussions souvent difficiles, les Pères du Concile, très majoritairement, votent, le 28 octobre 1965, la Déclaration « Nostra Ætate » sur les relations de l’Église avec les religions non chrétiennes, et particulièrement avec le Judaïsme. Ce texte comporte des points faibles et des omissions (notamment en ce qui concerne l’enseignement religieux et la repentance), mais, en définitive, il s’agit d’un pont jeté sur quinze siècles de silence et d’incompréhension.
Quelques liens :
Conférence internationale à Jérusalem en hommage au pape Jean XXIII en 2013
Deux pionniers : Le pape Jean XXIII et le cardinal Bea, le Secrétariat et les juifs
Relations avec les juifs : François sur les pas de Jean XXIII
Un livre : « Une affaire de famille - Jean XXIII, les juifs et les chrétiens » par Alexandre Adler
Cerf, 15,00 € - 136 pages
Opportunément sorti le 10 avril 2014, nous ne l’avons pas encore lu mais nous vous proposons la présentation de l’éditeur ainsi qu’un commentaire de Frédéric Mounier
Présentation de l’éditeur : Istanbul, 1942. L’Allemagne nazie étend la solution finale à l’Europe du Sud-Est. Une femme, un homme décident de joindre leurs forces pour organiser le sauvetage des juifs. Cette femme, c’est Maria Bauer, la grand-mère d’Alexandre Adler. Cet homme, c’est Angelo Roncalli, le délégué apostolique du Saint-Siège.
Rome, 1962. Le concile Vatican II, convoqué par Angelo Roncalli, élu pape sous le nom de Jean XXIII, entame l’aggiornamento de l’Église catholique qui, entre autres, renouvellera totalement les relations avec le judaïsme.
D’une amitié à l’autre, d’une histoire personnelle à l’histoire collective, ce livre dévoile les dimensions secrètes de la Bulgarie du tsar Boris, de la Turquie de Mustafa Kemal, de la France de Charles de Gaulle dans la construction d’un destin, révèle la profondeur de l’antinazisme de Pie XI et même de Pie XII, cerne la dette d’une grande théologie à l’égard de l’école parisienne animée par les Maritain, Congar, de Lubac. S’attachant surtout au portrait intime d’un immense spirituel et examinant son influence intellectuelle sur ses successeurs jusqu’au pape François, Alexandre Adler retrace ici le renversement religieux, philosophique, géopolitique, de deux millénaires de défiance en un dialogue essentiel avec le judaïsme, inséparable du dialogue œcuménique. Et qui invite l’entière humanité à se redécouvrir comme une seule famille.
Le livre indispensable pour comprendre l’universalité d’un pontife qui aura été réellement "saint".
Commentaire de Frédéric Mounier, La Croix, 23 avril 2014 : À quelques jours de la canonisation de Jean XXIII, il faut lire ce livre pour deux raisons. D’abord parce que l’essayiste Alexandre Adler y dévoile l’histoire méconnue de sa grand-mère juive ashkénaze, Maria Bauer. Celle-ci a joint ses forces à Angelo Roncalli, le futur pape, délégué apostolique à Istanbul de 1934 à 1944, pour organiser l’exfiltration des enfants juifs, notamment bulgares, vers la Turquie neutre, durant la Seconde Guerre mondiale. L’occasion pour l’auteur de dépeindre la saga de sa famille, liée à l’Allemagne et à l’Empire ottoman, puis à la Turquie de Mustafa Kemal. Mais aussi celle de Roncalli, « qui fit d’Istanbul le quartier général d’une entreprise de sauvetage sans précédent. »
Ensuite parce qu’Alexandre Adler se fonde sur l’amitié entre ces deux glorieux ancêtres pour analyser, à travers le prisme de son « respect » et de sa « sympathie profonde pour l’Église catholique » , les relations entre juifs et chrétiens qui sont redevenues, selon lui, « comme à l’origine, une affaire de famille » . D’une plume fine et documentée, soulignant que « Pie XI ne mérite pas tant d’éloges et que Pie XII ne mérite pas autant d’opprobre », il rappelle comment Jean XXIII, nourri de ses expériences bulgare, turque et française, instaura un dialogue « familier et familial » avec le judaïsme. Aux yeux de l’auteur, « la reconnaissance de l’autre est la forme la plus élevée de communion avec le divin. » Là réside pour lui « le point extrême où aboutit la théologie de Jean XXIII, qui s’assimile à un hyperréalisme mystique. » Lui-même n’a-t-il pas déclaré être à la fois « très naïf et très rusé » ?
Jean-Paul II et les Juifs
L’action importante de Jean-Paul pour améliorer les relations entre Juifs et Catholiques est bien plus connue car son pontificat a duré près de 27 ans et a été très médiatisé.
Notons la place exceptionnelle accordée à la déclaration conciliaire Nostra Ætate et ses effets.
Les points importants :
- Ses phrases, comme « la religion juive est intrinsèque à notre propre religion » par exemple
- Ses gestes comme sa visite à la synagogue de Rome ou à Jérusalem au Kotel (le Mur Occidental)
- La démarche de repentance de l’église catholique
Mais il y a eu aussi des points négatifs et épisodes difficiles car Nostra Ætate n’a pas effacé tout les problèmes de mémoire entre juifs et catholiques :
- L’affaire du Carmel d’Auschwitz
- La béatification d’Isabelle la Catholique
- La béatification d’Edith Stein
Pour en savoir plus, lisez les pages 77 à 87 du livre de Jean Dujardin : Catholiques et juifs : cinquante ans après Vatican II, où en sommes-nous ?
Un article éclairant écrit par un protestant, le Pasteur Alain Massini, en 2002 : Le Pape et les Juifs
Alain Massini était alors pasteur de l’Église réformée de France, président de la Commission de la Fédération protestante de France « Chrétiens et Juifs ».
"Le pontificat de Jean-Paul II aura été celui d’un approfondissement et d’un élargissement sans précédent du dialogue de l’Église catholique romaine avec le monde juif.
L’histoire retiendra les deux actes symboliques forts que le Pape posa comme balises de ce cheminement inédit. Le premier est la visite qu’il fit à Synagogue de Rome, en 1986, dont les commentateurs ont dit que, parmi les voyages du Saint-Père, le kilomètre qui séparait la basilique vaticane de la synagogue de Rome avait été le plus long. C’était, disait André Chouraqui, “un voyage de deux mille ans à travers une histoire pavée de malentendus, d’humiliations et de persécutions “. Le second est sa prière au “ Mur des Lamentations “ à Jérusalem, lors de son voyage en Terre Sainte pour le Jubilé de l’an 2000 qui suivait de peu la déclaration de repentance.
Au-delà de ces images si symboliques et si médiatiques, la démarche de Jean-Paul II s’inscrit dans le processus engagé par l’Église Catholique Romaine lors du Concile de Vatican II qui, dans la déclaration Nostra Ætate n°4, abolit 2000 ans d’”enseignement du mépris” pour ouvrir l’Église à l’enseignement de l’estime et du respect."
Lire la suite sur le site de la Fédération Protestante de France
Dossier réalisé par Rosine Voisin pour l’AJCF, le 23 avril 2014