Ce combat partagé s’appuie sur la condamnation totale par les catholiques à la fois de l’antisémitisme et de l’antijudaïsme. Les évêques s’inscrivent dans la continuité de la Déclaration de repentance du 30 septembre 1997. Celle-ci invitait l’Église à s’interroger sur les « origines religieuses » de l’antisémitisme, c’est-à-dire « l’influence de l’antijudaïsme séculaire » qui, en désarmant les consciences, a pu permettre la réalisation du projet nazi. Or nous savons qu’entre l’antisémitisme qui est haine sociologique des juifs et l’antijudaïsme qui est mépris religieux, et souvent aussi haine, la frontière est très ténue. Antisémitisme et antijudaïsme peuvent se conjuguer avec l’antisionisme de nature politique. Nous assistons à un retour des préjugés contre les juifs dans tous les milieux, y compris catholiques. Il faut remercier les évêques de rappeler que le danger de l’antijudaïsme est toujours là, tapi parfois dans les cœurs et les esprits, prêt à se réveiller. Ils rappellent comme Jacques Maritain que l’antisémitisme est impossible pour un chrétien, car c’est un rejet de ses propres origines, dit encore François.
L’Amitié Judéo-chrétienne de France se reconnaît évidemment dans cette démarche. Combattre toutes les formes d’antisémitisme est l’un de ses objectifs essentiels, inscrit dans ses statuts. Elle appuie son action sur les travaux de son fondateur Jules Isaac. Celui-ci a réussi à déconstruire des siècles d’enseignement chrétien contre les juifs, grâce à une démarche historique exemplaire de retour aux textes, analysés et confrontés les uns aux autres, et à en démontrer le caractère erroné. Il a ainsi posé les bases d’une nouvelle amitié entre les juifs et les chrétiens. Il a dégagé le terrain théologique pour la Déclaration conciliaire Nostra Aetate, puis les enseignements de Jean-Paul II et de Benoît XVI cités par les évêques. Comme le disaient leurs prédécesseurs en 1997, « le christianisme est lié au judaïsme comme la branche au tronc ».
L’AJCF, forte de son expérience et de ses groupes locaux répartis dans toute la France, partage avec la Conférence des Évêques de France, sa volonté d’agir dans l’unité contre toute forme de haine raciale et religieuse, pour transformer le regard des uns sur les autres.
Jean-Dominique Durand
Président de l’Amitié Judéo-chrétienne de France