Accueil > Documentation > Judaïsme et christianisme > Glossaire > les mots du Glossaire > Yom Kippour

Yom Kippour

Fête la plus respectée des Juifs du monde entier malgré l’ascèse qu’elle implique, ce jour d’expiation et de pardon est un événement à la fois spirituel et psychologique. Porteur de régénérescence et d’apaise­ment, il est l’occasion pour l’homme de s’améliorer, de s’ajuster à ce qu’il devrait être.

Littéralement « Jour d’Absolution ». KiPouR vient d’une racine (KFR) qui signifie « enduire », « couvrir » (KFaR = « village » est au sens propre le lieu qui couvre les habitants). Ses autres sens : « absoudre » ou « pardonner » ne doivent pas faire perdre de vue ce sens premier, qui induit que le pardon n’est pas un effacement, mais un « recouvrement » (ne dit-on pas « recouvrement » de dette ?)

Seul jeûne institué par la Torah (les autres jeûnes étant des prescrip­tions rabbiniques), Kippour est réservé à la « mortification des corps »
pour « l’expiation des péchés » (Lév. XVI, 29-31 ; XXIII, 27-32 ; Nb
XXIX, 7). Expiation spécifique, qui concerne avant tout le pardon des péchés commis envers D. (Lév. XVI, 30) : les fautes envers autrui ne sont expiées qu’après avoir demandé et obtenu le pardon d’autrui (fin de la Michna Yoma).

Après le Chabbat, Kippour est la plus grande fête du calendrier litur­gique, d’où son nom de Chabbat Chabbaton (« Chabbat des chabbat » Lév. XVI et Traité Yoma). Selon le Midrach, Yom Kippour commémore le jour où Moïse, après la faute du veau d’or, est redescendu du Sinaï avec les secondes Tables de pierre, annonçant ainsi au peuple le par­don divin - d’où la fréquente récitation des Treize Attributs de D. durant les offices de ce jour (Ex. XXXIV, 5-7).

Au Temple, c’était le seul jour où le grand prêtre, après sept jours de purification, pénétrait dans le Saint des Saints. Vêtu non des ornements pontificaux, mais de lin blanc, il priait, seul devant la Chekkina, pour l’absolution des fautes d’Israël, de la famille des prêtres et de lui-même, et prononçait le Nom* divin. Les vêtements blancs portés par les officiants le jour de Kippour rappellent cet habit d’humilité et de lumière. Parmi les sacrifices de ce jour, on sacrifiait un bouc, dans le même temps qu’était envoyé le bouc « émissaire » chargé symboliquement d’emporter au loin les péchés d’Israël (Lév. XVI, 8-1O ; XX, 22-26). Le premier bouc étant un des animaux (purs) qu’Israël peut offrir en sacri­fice à D., le bouc « pour Azazel » représente la part impure du peuple, celle qui ne peut être offerte et doit être expulsée.

Peut-être doit-on préciser que si, par abus de langage, on qualifie un homme - victime d’autres hommes - de « bouc-émissaire », la référence biblique concerne un animal (« destiné à Azazel » - traduction lit­térale en hébreu pour le bouc « émissaire »).
Depuis le Hourban, le rôle du grand prêtre est rappelé, l’après-midi de Kippour, par la lecture de la Michna qui décrit ce qu’était le service pontifical de ce jour au Temple. Le rituel de purification et de sacrifices n’existant plus, l’expiation est intériorisée, avec l’insistance mise, tout au long des offices , sur le repentir, la prière et la charité.

La journée de Kippour dure 25 heures, marquées par cinq abstinences (pour ceux qui ont atteint la majorité religieuse), en relation aux cinq ni­veaux de l’âme : c’est un jour de jeûne où, de plus, sont prohibés les relations conjugales, la toilette et les parfums, le port de chaussures de cuir et tout travail.

Cette fête austère débute la veille au soir après le repas, avec le pre­mier des cinq offices correspondant aux cinq fois où le grand prêtre entrait dans le Saint des Saints : l’office solennel de Kol Nidré (« tous les vœux »). Dans les offices suivants, la confession collective des fautes est centrale. Confession à la première personne du pluriel, faite à haute voix, où chacun est engagé par l’énumération des péchés nés de tous les manquements humains.

Le dernier office, qui se termine par une ultime sonnerie de Chofar, est la Néila (« fermeture , verrouillage »), qui rappelle la fermeture des portes du Temple tous les soirs, et évoque celle des portes célestes au soir de Kippour, avant le retour de la Chekhina aux cieux.

« L’Agneau qui porte le péché du monde » n’est pas sans lien avec le transfert des fautes sur le bouc « émissaire ». Le Vendredi Saint serait-il une substitution de Kippour ? Et à Pâques, l’Agneau de D. immolé et le second bouc (objet d’un sacrifice expiatoire) se confondraient-ils dans leur signification rédemptrice ?... Au-delà du pardon, le salut reste sym­bolisé par l’agneau pascal - qu’il s’agisse de celui de la Pâque - ou de Pâques.

A.-M. D.