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Pourim

Cette fête est - dans sa célébration - la plus profane du calendrier* juif. Suivant le Livre d’Esther, elle commémore le sauvetage des Juifs menacés, en Perse, de la première « solution finale » de leur Histoire.

Son nom évoque le « tirage au sort » ( « Pour », pluriel « pourim ») du jour de l’extermination par le premier vizir d’alors.

Elle a lieu le 14 Adar (Février) - et le jour suivant dans les villes forti­fiées (Esther IX, 17-32). Lors des années embolismiques, Pourim tombe le deuxième mois d’Adar. Le 13 Adar est un jour de jeûne, en souvenir de celui qui a été demandé par la reine Esther à tous les Juifs de l’em­pire, avant son intervention auprès du roi Assuérus pour qu’il abolisse le décret de mort.

Le Livre d’Esther est l’un des deux livres de la Bible (l’autre étant le Cantique des Cantiques) où le Nom* de D. ne figure pas ; Pourim est la seule fête juive qui commémore un événement de la vie en Diaspora, et qui a été instituée par les contemporains eux-mêmes ; Mardochée, enfin, est le premier personnage biblique dont il est dit qu’il est « juif » (et non pas « hébreu »).

Le rite essentiel de la fête consiste, à la synagogue, dans la lecture publique du livre d’Esther, la veille au soir et le matin de Pourim. On le lit en hébreu (de préférence) dans une « meguila » - parchemin écrit à la main avec un roseau ou une plume d’oie. La coutume est de faire ré­sonner des crécelles chaque fois que l’on entend le nom de l’instigateur du massacre des Juifs de Perse : Haman. La lecture comprend égale­ment le passage du livre de l’Exode (XVII, 8-16) sur Amalek - dont la tradition fait un ancêtre d’Haman. Le Chabbat qui précède Pourim déjà, la lecture hebdomadaire a rappelé le devoir de « se souvenir d’Amalek » (Dt XXV, 17-19).

Après que les Juifs eurent été sauvés, Mardochée avait ordonné (Est. IX, 22) un festin, l’envoi de cadeaux comestibles et des dons aux pauvres. Ces trois mitzvot sont toujours de règle, et doivent être faites le jour-même de Pourim. Les maîtresses de maison confectionnent des petits gâteaux secs ou fourrés de pavots et dattes (« les oreilles d’Haman » et « les poches d’Haman »).
Pourim est la seule occasion de l’année où il est permis, et même re­commandé de boire sans mesure : jusqu’à ne plus distinguer entre « béni soit Mardochée » et « maudit soit Haman » - sorte d’anticipation du jour où Haman se transformera en Mardochée (les deux noms ayant déjà... la même valeur numérique en hébreu).

Selon les Sages du Talmud (Traité Meguila), D. S’est caché à Pourim, pour que l’homme Le cherche. Dans ce conte oriental qui paraît broder sur une intrigue de cour, c’est d’un fait insignifiant - une insomnie royale - que le salut semble germer.

Le miracle est masqué sous une suite de hasards. Au contraire de Chavouot où l’on fête la Révélation, Pourim semble célébrer l’Occultation. Même le nom d’Esther vient d’une racine qui signifie « ca­cher, dissimuler ». D’où la coutume (tardive) de se déguiser et de faire le carnaval. Du fait qu’elle rappelle la victoire du faible sur le méchant, cette fête est considérée par les Sages comme annonciatrice de l’ère messianique.

A.-M. D.