Si l’heure est celle de l’action de grâce et de la prière, il convient cependant de rappeler très brièvement l’engagement de ce serviteur :
Fadiey Lovsky a été jusqu’à la fin de sa vie, « malgré sa modestie, le plus fidèle et ferme interpellateur de nos Eglises protestantes sur l’urgence du dialogue et de la réconciliation judéo-chrétienne. » (Jacques Maury)[1].
Dès 1947, il fut nommé par la Fédération Protestante de France secrétaire du « Comité pour le témoignage auprès d’Israël », charge qu’il a accomplie jusqu’en 1980. Puis de 1980 à 1986, il fut président de la « Commission Eglise et peuple d’Israël ».
En 1948, il participa aux côtés de Jules Isaac, du pasteur Jacques Martin et de bien d’autres à la création de l’Amitié judéo-chrétienne de France. Il était le dernier survivant de cette équipe de précurseurs.
Il fut enfin le premier protestant à être honoré par le prix de l’AJCF qui lui a été attribué en l’an 2000 pour l’ensemble de son œuvre et de son témoignage.
Je me souviens de cet événement à Marseille, événement empreint d’une humble grandeur. Dans son discours de remerciement[2] Fadiey Lovsky convoqua tous ceux qui avaient pris part avec lui au début de ce dialogue. Il rendit un « filial » hommage au pasteur Charles Westphal qui lui avait confié la rédaction des « Cahiers d’Etudes Juives » de la revue Foi & Vie et lui avait « commandé » d’éclairer l’histoire de l’antisémitisme. Parmi ses nombreux écrits Antisémitisme et Mystère d’Israël et La déchirure de l’absence. Essai sur le rapport de l’Eglise du Christ et du Peuple d’Israël n’ont pas fini de stimuler notre réflexion.
Il rappelait aussi le mot d’ordre de Charles Westphal exprimé dans la méditation - prière Père, Pardonne-nous… qui inaugure le 1er Cahier d’Etudes Juives, paru en avril 1947 et donne l’orientation et l’objectif de ces cahiers.
Ce mot d’ordre semble avoir orienté toute sa vie et inspirait encore, à plus de 100 ans, sa prière quotidienne, comme me l’a confirmé ces jours derniers le professeur René Schaerer.
Il est vrai que presque 70 ans après, les propos de Charles Westphal gardent hélas toute leur actualité. Je ne citerai que ce bref passage :
« La question juive est la question des questions. A la manière dont ils parlent des Juifs, on peut juger sûrement de la valeur spirituelle d’un homme, d’une Eglise, d’un peuple, d’une civilisation. L’antisémitisme est, pour l’Eglise, la plus grave méconnaissance du Christ, le plus secret refus de la foi, la plus insidieuse perversion de l’Evangile de l’Incarnation. Pour le monde, il est le signe de l’idolâtrie essentielle et de la barbarie fondamentale[3]. »
Fadiey Lovsky porta toute sa vie cette douloureuse question, il contribua avec d’autres à ce que les Eglises reconnaissent le mystère d’Israël et le Judaïsme comme voie spécifique de salut.
Que, selon les mots de la tradition juive, son souvenir et son témoignage soient tissés dans le fil du vivant.
YHWH NaTaN, WaYHWH LAKaR : YeHiY CHeM YHWH MeBoRaK
oui
« L’Eternel avait donné, l’Eternel a repris, que le Nom de l’Eternel soit béni ! » Job 1, 21b
1 - Témoignage de Jacques Maury cité par Paul Thibaud in Sens 53ème année, 3-2001, p.99.
2 - Fadiey Lovsky, Remerciements, in Sens op.cit. pp.105-107.
3 - Charles Westphal, Père, pardonne-nous, FOI & VIE, 45° année, n°3, avril 1947, Premier Cahier d’Etudes Juives, p.211.