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Soukkot

Le cycle des têtes de pèlerinage et celui des fêtes d’automne - après Roch Hachana et Yom Kippour - s’achèvent à Soukkot (« tentes, cabanes »), qui se démultiplie elle-même en trois autres fêtes. Soukkot, pour rappeler ce qu’ont été la vie des Hébreux dans le désert et la pro­tection divine, se matérialise par une cabane où il convient de vivre du­rant sept jours (Lév. XXIII, 34-42 ; Dt. XVI, 13-17).

Autres noms de la fête :

  • Fête de la récolte ( Ex. XXI II, 16 ; XXX IV, 22), célébrée à la fin des ré­coltes. Au moment même où l’homme finit d’engranger, il lui est prescrit de quitter ce qui symbolise le bien-être : sa maison. Étymologiquement en hébreu, on peut aussi parler de « fête du rassemblement » : Soukkot est une étape vers l’unification de l’humanité.
  • La Fête (par excellence - Dt. XVI, 15 ; 2 Chr. VII , 8) : au temps du Temple, soixante-dix sacrifices étaient offerts à Soukkot, pour la paix de toutes les nations du monde (Nb. XXIX, 12 ss), et une cérémonie particulière avait lieu : la libation d’eau (Traité Soukka).
  • Temps de notre joie : appellation rabbinique fondée sur le verset :
    « Réjouis -toi en ta fête » (Dt XVI, 14). Joie à la fois des récoltes de l’année, de l’anticipation de la paix universelle, et du renouvellement spirituel permis par Kippour (cinq jours avant Soukkot).

Pratiquement , la soukka est une cabane au toit végétal, érigée par une ou plusieurs familles, où l’on doit prendre les repas (au moins le premier jour) - et si possible vivre pendant les sept jours (huit en Diaspora) de la fête. Certaines communautés ont aussi l’habitude de construire une grande soukka, dans le jardin de l’un des fidèles, ce qui est l’occasion de rassembler la communauté. Il est de coutume de décorer la soukka (guirlandes, dessins d’enfants, fruits d’automne), et aussi de « recevoir » chaque jour comme « invité d’honneur » un des héros bibliques que l’on associe symboliquement à la fête.

Le traité talmudique Soukka précise les mesures et les matériaux à utili­ser - pour le toit en particulier, qui doit être à claire-voie pour laisser voir le ciel. Deux murs pleins et le début d’un troisième sont seuls obligatoires pour soutenir ce toit. Les mystiques de la Kabbale voient dans cette forme l’illustration d’un verset du Cantique des Cantiques : « Sa gauche, sous ma tête, et sa droite m’étreint » (II , 6).

Hébreu dans les tentes du désert, ou Juif dans la fragile cabane de branchages, Israël est à l’intérieur d’une relation de confiance et de tendresse avec le Créateur.
Par ailleurs, Soukkot est ritualisée par le « loulav », bouquet formé des
« quatre espèces » : cédrat, palme (loulav proprement dit), myrte et saule (Lév. XXII I, 40). Cet ensemble évoque la diversité et la solidarité d’Israël - chacune des espèces du loulav ayant une qualité et un défaut symboliques. Durant l’office des jours de Soukkot, les fidèles forment une procession dans la synagogue, les branches dans la main droite, le cédrat dans la main gauche, en chantant les hymnes de la fête.

En outre, le temps de Soukkot est fait de plusieurs solennités : le sep­tième jour, appelé Hochana rabba (le grand Hosanna ), est marqué par sept processions dans la synagogue, rythmées par le Psaume 118. Une prière spéciale pour la pluie - condition première pour les récoltes de l’année suivante - fait également partie de cette liturgie. Le huitième jour, « fête de clôture » de Soukkot (Chemini Atseret), est en Diaspora une fête séparée, et précède d’un jour Simhat Torah (« la joie de la Torah ») qui marque la fin du cycle annuel de lectures du Pentateuque. En Israël, Chemini Atseret se combine avec Simhat Torah.

Dans l’Histoire , c’est au temps de Soukkot que Salomon a inauguré le Temple de Jérusalem (1R, VIII, 2 ; 65-66 ; II Chr. VII, 8-10), qu’Esdras a dédié l’autel* du second Temple (Esd. II 1, 3-4 ; VI, 15-17), et que les Maccabée ont ré-inauguré ce deuxième Temple après sa profanation (1Macc. IV, 54). Mais le Temple a été détruit. Ce sont les frêles cabanes qui continuent à rappeler l’essentiel de la relation à D.

A l’époque talmudique, les Sages ont affirmé que Soukkot serait la der­nière fête célébrée à la fin des temps, en se fondant sur les versets : « En ce jour, je relèverai la cabane effondrée de David » (Amos IX, 11), et « Tous ceux qui resteront de toutes les nations viendront à Jérusalem (...) pour célébrer la fête de Soukkot » (Zacharie XIV, 16).

Notons que cette fête de pèlerinage n’a pas de prolongement dans une fête chrétienne - au contraire de Pessah et Chavouot dans Pâques et Pentecôte. La fête des Rameaux - qui n’est pas sans rappeler le « lou­lav » et le Hochana Rabba - peut évoquer Soukkot. Mais elle est célé­brée au printemps, alors que Soukkot est une fête d’automne.

A.-M. D.