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Editoriaux et communiqués de Jean-Dominique Durand, président


16 juillet : Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français et d’hommage aux Justes de France- 17 Juillet : Manifestation anti pass sanitaire à Paris

L’actualité de cette mi-juillet 2021 nous incite à vous proposer en plus de l’éditorial mensuel de Jean-Dominique Durand, président de l’AJCF, le texte de la tribune à Radio J du 21 juillet de Richard Prasquier, ancien président du CRIF.

Éditorial du 16 juillet de Jean-Dominique Durand.
16 juillet : Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français et d’hommage aux Justes de France
Chaque année, le 16 juillet, nous nous inclinons devant les victimes des crimes racistes commis par le gouvernement dit de Vichy, femmes et hommes, enfants et vieillards emportés par des rafles organisées par les autorités françaises dans l’été 1942 à travers tout le pays, et notamment à Paris les 16 et 17 juillet 1942. 13.152 personnes, de tous âges et de toutes conditions, furent arrêtées par la police française pour la seule raison qu’ils étaient juifs. Nous avons tous en mémoire les images terribles de ces alignements d’autobus de la RATP, réquisitionnés pour conduire ces malheureux au Vélodrome d’Hiver, le célèbre Vel d’Hiv. Ils y furent entassés dans des conditions atroces, avant d’être déportés à Auschwitz.

 Lire le texte de l’éditorial du 16 juillet 2021 de Jean-Dominique Durand

Tribune à Radio J de Richard Prasquier, 21 juillet 2021
Pass sanitaire, pass nazitaire. Bêtise ou problème de civilisation ?
Dans une manifestation contre le pass sanitaire on pouvait lire : « Prochaine étape, la rafle des non-vaccinés ». Le crétin qui arborait cette pancarte savait-il que le lendemain aurait lieu la cérémonie en hommage aux victimes des rafles du Vel d’Hiv ? Connaissait-il le destin de ceux qui furent raflés et imaginait-il que son sort à lui pourrait être analogue ? A-t-il été surpris, ou honteux, ou narquois devant l’indignation de Joseph Swarc, qui, montrant une feuille représentant une étoile jaune marquée de la mention « sans vaccin » a dit, que l’étoile jaune, lui, il savait ce que c’était, car il l’avait dans la chair ?

Il est inutile, ici, de souligner la différence entre étoile jaune et pass sanitaire. Pass sanitaire, pass nazitaire : pour le plaisir de la rime, on invente un mot et on écrit une ignominie.
Est-ce que cela prouve, comme certains le disent, que l’enseignement de la Shoah a été défaillant ? Je ne crois pas.
Est-ce que cela prouve, comme certains le disent, que l’enseignement de la Shoah a été défaillant ? Je ne crois pas.

 Lire le texte de Richard Prasquier ; Tribune à Radio du J-21 juillet 2021
Photo de Richard Prasquier par_Claude_Truong-Ngoc_mars_2016

Pour une information équilibrée

Jean-Dominique Durand, président de l’AJCF
Newsletter du 15 juin 2021

Les sociétés contemporaines sont entrées hélas dans l’ère de la désinformation, des fake news relayées par les réseaux dits sociaux, mais aussi parfois par des responsables politiques jusqu’au plus haut niveau des États, et bien sûr la presse et les télévisions. N’oublions pas les manuels scolaires dont la récente étude par le B’nai B’rith offre un panorama préoccupant. Ce que l’on appelait jadis la propagande a pris des proportions gigantesques et mortifères. Les juifs le savent bien hélas. « Les Protocoles des Sages de Sion », élaborés en Russie au début du XX° siècle par la police tsariste, répandus en Europe et dans le monde entier, ont inventé de toute pièce un plan de domination du monde par les juifs. Ils ont nourri le nazisme et continuent à entretenir un antisémitisme virulent notamment dans le monde arabe.
L’AJCF est une association française, et ses membres juifs et chrétiens sont tous des citoyens français. De ce fait, elle n’entre évidemment pas dans la politique du gouvernement israélien. Celle-ci est analysée et jugée par les citoyens israéliens qui ont la chance de vivre dans un pays démocratique, avec des changements de majorités. Ce n’est hélas pas le cas des habitants placés sous le joug du Hamas. Nous savons combien le débat en Israël est vif. La récente reprise du conflit armé entre l’État d’Israël et le Hamas retranché à Gaza a été l’occasion de nouvelles offensives idéologiques mêlant antisémitisme et antisionisme rassemblés dans une même haine, qui est la haine toujours renouvelée des juifs. Plus que tout autre État dans le monde, Israël est toujours accusé des forfaits les plus sinistres, et les juifs du monde entier accusés d’en être les complices. Tout événement opposant Israël à ses voisins a quasi automatiquement des répercussions en France et sur les Français juifs mis en accusation.

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Déni de justice et déni de bon sens : Ne laissons pas nos compatriotes juifs seuls face à la haine

Tribune du journal La Croix, 21 avril 2021 (avec l’autorisation de l’auteur*).

Jean-Dominique Durand, Président de l’Amitié Judéo-chrétienne de France réagit à la décision de la Cour de cassation qui a confirmé mercredi 14 avril l’irresponsabilité pénale du tueur de la retraitée juive Sarah Halimi, prononcée en 2019 par la cour d’appel.
Le 14 avril 2021, le Garde des Sceaux présente à l’Assemblée Nationale un Projet de loi « Pour la confiance dans l’Institution judiciaire », pensée pour restaurer la confiance des citoyens en la Justice. Signe qu’il y a bien un malaise. Le même jour, la Cour de Cassation confirme l’irresponsabilité pénale du meurtrier de Sarah Halimi, assassinée dans des conditions effroyables chez elle, le 4 avril 2017. Cette décision est d’autant plus incompréhensible pour tout citoyen soucieux de justice, que dans le même arrêt, la Cour reconnaît le caractère antisémite du crime, donc implicitement que l’assassin savait ce qu’il faisait. De plus elle reconnaît savoir que les trois experts psychiatres étaient partagés. Elle a donc fait un choix, celui que le crime ne serait jamais jugé, tout en se retranchant derrière l’appréciation souveraine de la Cour d’Appel.
Oui, Monsieur Dupont-Moretti a beaucoup à faire pour restaurer la confiance en la Justice. Mais peut-on avoir confiance, devant un tel déni non seulement de justice, mais aussi un déni de bon sens. Les spécialistes pourront multiplier les arguties pour justifier la motivation de la Cour de Cassation. La vérité est simple : une femme a été assassinée par un islamiste radical parce qu’elle était juive, et ce crime ne sera pas puni, ni même présenté devant une Cour d’Assises. La raison avancée est que le meurtrier, ayant volontairement absorbé du cannabis, a été pris d’une « bouffée délirante aiguë ».
* Journal Le progrès, 22 avril 2021
 Appel à manifester de l’AJCF-Lettre aux présidents des groupes locaux

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Le pape François entre Mémoire et Espérance

Éditorial de Jean-Dominique Durand, président de l’AJCF - 22 mars 2021

Ce mois d’avril 2021 est le temps des rapprochements forts, entre les fêtes de Pessah (du 28 mars au 4 avril) et de Pâques (le 4 avril) qui invitent à l’espérance, et les cérémonies de Yom Hashoah qui invitent au recueillement et à la mémoire. C’est précisément un double message de mémoire et d’espérance que le pape François a transmis à l’humanité en quelques jours à la veille de nos grandes fêtes, en rendant visite à une dame juive âgée de 88 ans et à un pays martyrisé par le terrorisme.
Il faut mesurer l’importance de la visite de François à Édith Bruck, rescapée d’Auschwitz, le 20 février. C’est lui qui a voulu la connaître à la suite d’un article de L’Osservatore Romano, le quotidien du Vatican. Il avait demandé à ses collaborateurs d’organiser une rencontre. Ceux-ci pensaient faire venir Madame Bruck auprès du pape. Mais François refusa, il estimait qu’il lui revenait à lui, dans une démarche d’humilité, de se déplacer pour lui rendre hommage. Un déplacement du pape dans Rome, est toujours compliqué, car s’il en est l’évêque, il est aussi le chef de l’État de la Cité du Vatican, et se rendre à Rome, c’est se rendre dans la capitale de l’Italie, qui doit assurer sa sécurité ; de plus c’était la première fois qu’il quittait le Vatican depuis le 15 mars 2020. C’est dire le caractère exceptionnel de cette visite. Il tenait à saluer en Édith Bruck, le courage face à la barbarie, et la volonté de porter inlassablement témoignage. Elle a connu l’horreur parce qu’elle est née juive. Elle s’est reconstruite, en fondant une famille à Rome, et à travers l’écriture et le témoignage. François le dit expressément : « Je suis venu ici, chez elle, afin de la remercier pour son témoignage et pour rendre hommage au peuple martyr de la folie du populisme nazi ». Il lui offrit deux objets d’une importance majeure pour le peuple juif : une menorah et un exemplaire du Talmud de Babylone, dans une édition bilingue en hébreu et en italien. Le pape se plaçait ainsi dans le sillage de Jules Isaac en rétablissant pour celle qui avait survécu à la tentative d’anéantissement du judaïsme, le caractère sacré de ce livre majeur du judaïsme que l’Église a voulu trop souvent détruire dans le passé, parfois à travers des autodafés comme celui de Paris en 1242.

Quelques jours plus tard, en Irak, François a fait mémoire des victimes du terrorisme islamique, dans un pays d’où le judaïsme a été chassé dans les années qui ont suivi la Deuxième Guerre mondiale et la fondation de l’État d’Israël. A Ur, sur la terre d’Abraham, « Au bord des fleuves de Babylone » (Psaume 137), il a invité à la mobilisation religieuse contre la haine et le terrorisme : « Nous croyants, nous ne pouvons pas nous taire lorsque le terrorisme abuse de la religion ». On peut s’imprégner de sa Prière des enfants d’Abraham lue le 6 mars :

« Dieu Tout-Puissant, notre Créateur qui aime la famille humaine et tout ce que tes mains ont accompli, nous, fils et filles d’Abraham appartenant au judaïsme, au christianisme et à l’islam, avec les autres croyants et toutes les personnes de bonne volonté, nous te remercions de nous avoir donné comme père commun dans la foi Abraham, fils éminent de cette noble et bien-aimée terre.

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La disparition des grands témoins

Notre temps est confronté à la disparition peu à peu, des témoins de l’inimaginable, de l’indicible, de la mise en œuvre de la Shoah, ceux qui ont connu les camps d’Auschwitz et de Haute-Silésie, ceux qui ont survécu à la faim, au froid, aux tortures, aux marches de la mort. Ceux qui ont perdu une partie ou toute leur famille. Ceux qui ont été arrêtés et déportés, enfants, adolescents ou jeunes adultes pour la seule raison d’être juifs. Ils atteignent aujourd’hui le grand âge. Ils nous quittent peu à peu.

Parmi eux, Benjamin Orenstein, était né en 1926 à Annopol en Pologne, dans la région de Lublin. Une petite ville typique de l’Europe centrale, où en 1921, 73% de la population était juive. Il y avait deux synagogues. La vie était rythmée par les fêtes du calendrier juif, par la musique Klezmer, on y parle le yiddish, une langue riche d’une littérature vivante, d’une presse active. Le 1° septembre 1939, les troupes hitlériennes envahirent la Pologne. En mai 1945, plus rien n’existait cette culture juive : synagogues pillées et brûlées, livres détruits, femmes, hommes, enfants assassinés. A l’issue de la guerre, l’Europe s’est trouvée amputée d’une part considérable de sa culture, cette culture juive de l’Europe centrale et orientale. Comme le dit Élie Wiesel lors du procès de Klaus Barbie, le juif fut condamné à mort parce qu’il était né juif, parce qu’il portait en lui une mémoire juive.
Lire l’éditorial de Jean-Dominique Durand, président de l’AJCF

Réflexions du Président de l’AJCF au sujet de la Déclaration de la Conférence des Evêques de France sur la lutte contre l’antisémistisme et l’antijudaisme

La Déclaration des évêques de France Lutter ensemble contre l’antisémitisme et l’antijudaïsme sera la pierre de touche de toute fraternité réelle s’inscrit dans le contexte inquiétant d’une montée qui semble irrépressible de la violence et de la haine, notamment à l’encontre des juifs. Ce phénomène n’est pas uniquement français, il touche toute l’Europe, au point qu’en janvier 2018, s’est tenue à Rome une Conférence internationale sur « La responsabilité des États, des institutions et des individus dans la lutte contre l’antisémitisme dans l’espace de l’OSCE ». Recevant cette Conférence au Vatican, le pape François a fustigé « le virus de l’indifférence ». Celui-ci se montre inquiet de la « recrudescence barbare » de l’antisémitisme comme il l’a dit en recevant le Centre Simon Wiesenthal le 20 janvier 2020. Les mises en garde du Souverain Pontife contre l’antisémitisme sont récurrentes, signe que le mal est profond. Celui-ci se traduit par des événements dramatiques qui alimentent régulièrement l’actualité.
La Déclaration des évêques français, remise solennellement au Grand Rabbin de France Haïm Korsia, au Président du CRIF Francis Kalifat, et au Président du Consistoire central Joël Mergui, témoigne de cette préoccupation. En l’absence de vaccin contre le virus très dangereux de la haine et de la violence qui se répand à travers les réseaux sociaux et envahit les esprits, les évêques appellent à « lutter ensemble », catholiques et juifs, mais aussi tous les croyants et les citoyens, car lutter contre l’antisémitisme est l’affaire de tous. Seule une prise de conscience collective peut permettre d’endiguer le fléau. Il s’agit de construire contre les divisions et les fractures, le mur d’une fraternité « réelle » entre tous « les êtres humains de toute origine, toute langue, toute culture ». L’unité fondamentale du genre humain est ainsi rappelée avec force.
 Lire le discours de Mr Éric de Moulins-Beaufort
 Lire la déclaration "Lutter ensemble contre l’antisémitisme et l’antijudaïsme sera la pierre de touche de toute fraternité réelle"
 Suivre la cérémonie diffusée par la chaine KTO
 Lire le discours de Francis Kalifat, président du CRIF

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Déclaration du président de l’AJCF suite à l’agression de Yaël Braun Pivet.

Madame la Députée Yael Braun Pivet vient d’être la victime, le 21 février dernier, d’actes particulièrement abjects. Jean-Dominique Durand, président de l’AJCF l’a assurée du soutien de l’AJCF qui travaille au niveau national comme au plan local, avec ses 40 groupes répartis sur le territoire français, à poursuivre par le dialogue, le travail de rapprochement entre juifs et chrétiens et la lutte contre la progression de l’antisémitisme qui s’exprime sans retenue et qui tue, comme nous le rappelle le martyre subi par Ilan Halimi dont nous venons de faire mémoire.

Entre Histoire et engagement : une Amitié

Éditorial de la revue SENS, n°434 (Janvier-Février 2021) par Jean-Dominique DURAND, président de l’AJCF

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L’Amitié Judéo-Chrétienne, voulue par un historien qui était juif, Jules Isaac, et par un grand poète, Edmond Fleg, est née d’une histoire effroyable, celle de l’antisémitisme, de la haine séculaire des juifs, qui a trouvé son paroxysme en terre chrétienne, en Europe, entre 1933 et 1945.

Voyant dans l’enseignement traditionnel chrétien la racine principale du mal, surmontant sa propre douleur face au tribut payé personnellement à cette haine avec la disparition de sa famille dans l’enfer nazi, Jules Isaac s’est acharné à démontrer tout ce que cet enseignement portait en lui d’erroné et la nécessité de le réviser afin de nouer une nouvelle amitié spirituelle entre juifs et chrétiens, sans perdre de temps, alors que l’Europe se réveillait à peine d’un effroyable cauchemar. Il y voyait le fondement de la lutte contre les préjugés antisémites.

Je voudrais ici, dans ce premier éditorial en tant que nouveau président de l’association, souligner l’importance de ces deux termes : Histoire et Amitié.

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Jean-Dominique Durand, président de l’AJCF

Le message du 27 Janvier

27 janvier 1945, vers onze heures, il y a 76 ans. Une première patrouille de l’Armée Rouge pénétra dans le camp d’Auschwitz III, puis dans l’après-midi dans Birkenau et dans Auschwitz I. Il y avait encore environ 7.000 détenus survivants. Les soldats soviétiques furent saisis d’horreur. Il fallut encore de nombreux mois de combat pour que l’ensemble du système concentrationnaire nazi fût démantelé, jusqu’au 8 mai inclus, avec la libération du camp de Terezin près de Prague. Pour tous les soldats soviétiques, américains, britanniques, français qui eurent à pénétrer dans les camps, ce fut la sidération. Ces soldats se battaient sur tous les fronts depuis des années, ils étaient immergés dans la guerre avec son cortège de souffrances et d’horreurs, certains avaient même connu déjà les combats des tranchées de 1914-1918. Mais ils découvrirent là l’inimaginable, l’ignominie absolue, le système concentrationnaire nazi.

Pourtant les nazis avaient cherché à camoufler leur crime, en contraignant les malheureux déportés déjà exténués à d’invraisemblables marches dans le froid glacial de l’hiver, les « Marches de la mort », et en faisant sauter les chambres à gaz.

Et encore, ces soldats ignoraient-ils ce que l’on découvrit peu à peu, à mesure que des témoignages purent s’exprimer, et que des études historiques purent être réalisées : l’organisation d’un véritable système concentrationnaire, allant jusqu’aux détails les plus infimes pour humilier et faire souffrir toujours plus ; l’arrachement à leur vie quotidienne, à leurs foyers, de millions d’hommes et de femmes, de vieillards, d’enfants de tous âges, avec des rafles brutales organisées dans toute l’Europe ; leur transport dans des conditions immondes vers les camps ; les chambres à gaz pour les plus faibles dès l’arrivée après une sélection rapide, la survie en enfer pour les autres qui se retrouvaient dans ce « royaume de la malédiction » dont parla Élie Wiesel. Tous les camps avaient en commun une organisation minutieuse et sadique pour non seulement tuer, mais surtout pour dépouiller les prisonniers de leur dignité de personne humaine. Ils avaient drainé des millions d’hommes et de femmes, de vieillards et d’enfants arrachés brutalement à leurs maisons, à leurs familles, dans tous les pays d’Europe, parce qu’ils étaient juifs. Élie Wiesel le rappela dans son témoignage au procès de Klaus Barbie : « Le juif fut condamné à la mort parce qu’il était né juif, parce qu’il portait en lui une mémoire juive »

Comme chaque année, nous faisons mémoire de cette libération dans toute l’Europe et ailleurs dans le monde, avec la Journée internationale de la Mémoire des Victimes de la Shoah et de Prévention des crimes contre l’Humanité instituée en octobre 2002 par les ministres de l’Éducation des États membres du Conseil de l’Europe, et adoptée en 2005 par les Nations Unies. Pourquoi faire Mémoire ?

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Jean-Dominique Durand, président de l’AJCF s’adresse aux amis Juifs et Chrétiens

Dans l’espérance de la Lumière, entre Hanouka et Noël

L’Amitié Judéo-chrétienne de France vient de connaître un renouvellement important : un nouveau président, un nouveau Bureau, un Comité directeur renouvelé et rajeuni. Je veux d’abord remercier toute l’équipe sortante, en premier lieu Jacqueline Cuche qui a présidé l’AJCF au cours de ces six dernières années et la secrétaire générale Maddy Verdon, ainsi que le pasteur Alain Massini, et les membres du Comité directeur qui se sont tant dévoués pour notre association, mais qui ont souhaité passer la main. Les contraintes liées à la crise sanitaire nous ont obligés à tenir l’Assemblée Générale en visioconférence, et empêchés de leur rendre hommage comme il se doit. De même, nous avons dû renoncer à la belle cérémonie de remise du Prix de l’AJCF au rabbin Philippe Haddad. Nous réparerons tout cela dès que possible.
La nouvelle équipe prend en charge l’AJCF dans un contexte tout à la fois inquiétant et plein d’espoir.Inquiétant à cause d’une crise sanitaire, économique, sociale et psychologique dont nous ne mesurons pas encore les conséquences ; inquiétant parce que le procès du massacre commis dans l’Hyper Cacher en janvier 2015, nous rappelle que cet attentat était « viscéralement lié à la haine antisémite » comme l’a rappelé Maître Élie Korchia. Nous savons qu’elle est toujours là, tapie, prête à frapper à nouveau. Tandis que cet attentat est en cours de jugement, revient d’actualité celui de la rue des Rosiers commis en 1982, avec l’extradition vers la France de l’un de ses auteurs. Un procès pourra avoir enfin lieu. Les attentats récents, contre un enseignant porteur de l’éducation de la jeunesse, contre des catholiques dans une église, montrent que la haine portée par l’islamisme radical, n’a pas de limites. Nous vivons au rythme de ces meurtres effroyables à dominante antisémite. En même temps, nous sommes en ce mois de décembre, dans le contexte exaltant des fêtes de Hanouka et de Noël, des fêtes familiales, des fêtes qui apportent la lumière, des fêtes qui unissent les juifs et les chrétiens dans la même espérance.
-Ecouter l’interview du président sur Radio JudaIca Lyon

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2022, entre Mémoire et Espérance

Éditorial de Jean-Dominique Durand
Président de l’Amitié Judéo-chrétienne de France

L’année 2022 sera marquée par de bien tristes anniversaires. Nous entrons dans la quatre-vingtième année du souvenir de la Conférence de Wannsee, des grandes rafles des juifs dans l’été qui a suivi, mais aussi dans la dixième année de la tuerie de Toulouse, sinistre réplique des événements de 1942.

A Wannsee, merveilleux lieu de villégiature à quelques kilomètres du centre de Berlin, un groupe de responsables nazis de haut rang décidèrent le 20 janvier 1942 d’étendre le massacre des juifs commencé en Pologne dès le début de la guerre, puis dans les zones conquises sur l’Union soviétique, d’une manière massive et systématique. Il s’agissait de l’élargir aux pays occupés à l’Ouest et de le mettre en œuvre d’une manière rationnelle, systématique, en y introduisant les principes de l’organisation industrielle. Les grandes rafles de juifs qui avaient déjà commencé en 1941 se développèrent partout. En France, en zone dite libre comme en zone occupée elles se firent avec le soutien actif du gouvernement du maréchal Pétain. Les points d’orgue en furent la rafle du Vel’ d’Hiv à Paris les 16 et 17 juillet avec l’arrestation de près de 13.000 personnes, et celles des 26-28 août dans toute la zone Sud avec 7 à 10.000 arrestations. L’année 1942 vit de ce fait se multiplier les convois de déportés de toute l’Europe vers les camps d’extermination organisés, structuré notamment en Pologne.

Janvier 2022

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Pogrom du 7 octobre 2023 : un an déjà...

A l’approche de l’horrible pogrom du 7 octobre 2023, voici le message de Jean-Dominique Durand, président de l’Amitié Judéo Chrétienne.

Il y a un an déjà, le 7 octobre 2023. Pour toujours une date effroyable, une rupture, un ébranlement. On s’en souviendra à jamais avec effroi, tout comme on se souvient du pogrom de Kishinev des 6 et 7 avril 1903, et de la Shoah.

Le 7 octobre 2023, il y a un an, en ce jour saint de Shabbat et de Simhat Torah, les islamistes du mouvement Hamas se sont livrés à un massacre génocidaire d’une barbarie inouïe, en terre d’Israël, transformant ce jour de fête en jour de deuil.

Depuis un an, nous portons en nous le deuil des près de 1400 personnes de tous âges massacrées dans des conditions atroces, avec une cruauté voluptueuse. Depuis un an, nous exigeons la libération des 250 otages razziés, qui ont subi les pires avanies de la part de leurs geôliers. Quelques-uns ont été libérés, beaucoup sont morts, parfois froidement assassinés, 101 sont encore prisonniers.

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La vocation irrévocable de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France

En recevant l’Amitié Judéo-Chrétienne de France en décembre 2022, le pape François lui exprima sa reconnaissance pour le travail effectué depuis sa fondation en 1948 par Jules Isaac, et pour son engagement au service du dialogue entre juifs et chrétiens. Il l’encouragea aussi à poursuivre son œuvre : la tâche n’est pas achevée, dit-il.
Le pape, qui avait noué des relations d’amitié avec Madame Edith Bruck, vieille dame juive d’origine hongroise, rescapée d’Auschwitz, qui vivait à Rome, était conscient et préoccupé de la montée de l’antisémitisme en Italie et partout en Europe. A plusieurs reprises, il avait mis en garde contre ce poison, et il rappelait sans cesse, comme ses prédécesseurs depuis Pie XI, que l’antisémitisme est impossible pour les chrétiens, qu’un chrétien ne peut pas être antisémite.

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On s’est attaqué au symbole même de l’amitié entre juifs et non juifs

La haine antisémite semble ne plus avoir de limites. Cette fois, dans la nuit du 13 au 14 mai 2024, c’est le Mur des Justes, au Mémorial de la Shoah, qui a été attaqué, souillé par des mains rougies de sang.

Ces mains brandies par des étudiants de Sciences Po se veulent être un encouragement aux antisémites à plonger leurs mains dans le sang des juifs et à s’en repaitre.

C’est l’ignominie absolue.

C’est une véritable profanation.

S’attaquer aux Justes parmi les Nations. Quel symbole ! On s’attaque à ces femmes et à ces hommes non juifs, qui, souvent au risque de leur propre vie, ont accueilli des juifs, les ont cachés, protégés, sauvés. Parce que sauver un juif, c’est pour les antisémites, tout simplement insupportable. Ils appellent au contraire à plonger les mains dans le sang des juifs.

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Il y a 80 ans : les enfants d’Izieu-Éditorial de Jean-Dominique Durand, Président de l’AJCF

J’écris cet éditorial le 6 avril, jour des 80 ans de la rafle de 44 enfants et de leurs éducateurs à Izieu, le 6 avril 1944.

Izieu, département de l’Ain. Ce lieu ne peut laisser personne indifférent. L’émotion étreint dès que l’on y parvient. Le choc est violent entre la beauté des paysages, la vue panoramique sur la Chartreuse et le Vercors, la sérénité qui émerge des Monts du Bugey, le calme et le bon air qui invitent à la villégiature, et le drame atroce qui s’y est noué en ce printemps 1944, au moment où les fleurs émergent dans les prés, où les oiseaux reprennent leurs chants, où la nature revit au sortir de l’hiver.

Des enfants juifs avaient trouvé là un refuge, grâce à Sabine et Miron Zlatin. Le 6 avril 1944, ils étaient au nombre de 44. C’était le premier jour des vacances de Pâques. Le plus jeune était âgé de 4 ans. Le plus âgé avait 17 ans. Par leurs origines, ils représentaient toute l’Europe, l’Europe juive, l’Europe des persécutions antisémites. Ils étaient en fuite avec leurs parents depuis des années.

Izieu fut leur dernier refuge. Depuis plus d’un an, la Maison d’Izieu accueillait des enfants juifs pour les soustraire à la déportation, puis ils étaient envoyés dans d’autres cachettes. Tous connaissaient la traque, la peur, certains ne savaient plus ce qu’étaient devenus leurs parents. Mais ces enfants pouvaient penser avoir trouvé enfin une maison. Ils étaient entourés, encadrés par des adultes qui les rassuraient, qui les aimaient, qui espéraient les protéger du monde de brutes que les nazis avaient inventé et imposé à l’Europe.

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Pourim, du combat à la fête

Jean-Dominique Durand
Président de l’AJCF

La fête de Pourim, ordinairement si joyeuse, est célébrée cette année, près de six mois après le pogrom du 7 octobre, dans un contexte sinistre de deuil, d’angoisse pour les otages retenus à Gaza par les terroristes, d’inquiétude face à la montée phénoménale de la haine à l’encontre des juifs.

Le rouleau d’Esther qui sera lu dans toutes les synagogues samedi et dimanche, rappelle que le projet de génocide des juifs est présent dans l’histoire depuis près de 2.500 ans. Cette profondeur historique de la haine antisémite absolue est tout simplement effrayante. Les nazis se situaient dans la suite d’Aman. Ils rêvaient de réaliser son projet d’extermination de tous les juifs. Mais celui-ci fut empêché par le sursaut de courage d’Esther. Après avoir caché son identité juive, elle l’a finalement revendiquée, et par cet acte héroïque, elle a pu démasquer le projet de mort d’Aman.

Il faut relire le récit d’Esther, car il est d’actualité.

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Les jeunes contre l’antisémitisme : une responsabilité nouvelle

Notre pensée va encore et toujours aux otages capturés par le Hamas le 7 octobre dernier au cours d’une razzia qui fut accompagnée d’un massacre atroce, « le plus grand massacre antisémite de notre siècle » a dit le Président de la République en rendant hommage aux victimes françaises. Deux otages ont pu être libérés par l’armée israélienne. Nous nous en réjouissons, mas il en reste beaucoup d’autres – parmi lesquels de nombreux jeunes et des enfants - qu’il est impossible d’oublier. Les paroles du Président, en tant que représentant de la Nation nous vont au cœur, et nous les saluons. Mais sont-elles suffisantes ? Commémorer, rendre hommage, c’est bien. Œuvrer pour la Mémoire de la Shoah, c’est nécessaire. Peut-on oublier que la Shoah n’est pas seulement un événement historique, mais qu’elle est d’aujourd’hui, que la volonté de faire disparaître les juifs est vivante dans de nombreux esprits, comme en témoignent les cris « Mort aux Juifs », le slogan « Du Jourdain à la Méditerranée » ou d’autres slogans qui appellent à un nouveau génocide, entendus jusque dans les universités américaines ? Peut-on oublier qu’il y a 12 ans, en France, à Toulouse, des enfants juifs étaient assassinés dans une école pour avoir commis le crime d’être nés ? Commémorer les morts, oui, mais ne pas oublier les vivants.

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Bring them home now-Remenez-les à la maison tout de suite

Le cap des 100 jours vient d’être franchi. Près de 140 otages sont prisonniers des terroristes du Hamas depuis plus de trois mois. Le pogrom du 7 octobre 2023 commis en Israël nous a renvoyés 79 ans en arrière, lorsque le monde découvrit à quoi conduit la haine absolue des juifs : la Shoah, la volonté de détruire, de tuer systématiquement les juifs, après les avoir privés de leur humanité. Aujourd’hui le Hamas a repris à son compte la politique antijuive nazie en l’habillant des oripeaux de l’antisionisme : même volonté de tuer, de torturer, de terroriser, de mutiler les personnes, et d’éradiquer le judaïsme dans sa propre terre. Israël conduit aujourd’hui à Gaza une guerre vitale, existentielle, sur un territoire urbain très difficile. Nous ne pouvons qu’éprouver la plus grande compassion pour les victimes civiles de la guerre, elles-mêmes prises en otage, comme boucliers humains, par le Hamas qui terrorise sa propre population. La propagande habile de celui-ci a pour conséquence d’importer le conflit dans notre pays et d’exacerber l’expression d’un antisémitisme insupportable, odieux, dangereux pour les personnes comme pour la Nation.

L’AJCF apporte son amitié et son soutien aux juifs qui vivent dans la souffrance, dans l’angoisse, dans la peur. Pour l’AJCF, la vie de l’État d’Israël, fondé en 1948 à la suite d’un vote de l’ONU, est fondamentale. Il s’agit d’une position de principe, non d’un choix politique en faveur de tel ou tel parti ou gouvernement israélien. Dans sa volonté d’annihiler toute solution de paix, le Hamas a dirigé précisément son attaque contre des kibboutz fondés dès les 1920-1930, connus pour leur engagement pour le dialogue, pour la paix et pour l’amitié avec leurs voisins palestiniens.

L’AJCF s’associera à l’hommage de la Nation aux 41 victimes françaises du Hamas, trois Français étant encore otages, prévu par le Président de la République le 7 février, au Monument pour les victimes du terrorisme, aux Invalides.

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Les lumières contre la barbarie

En ce mois de décembre 2023 les lumières de Hanoukka pour les juifs, les bougies de l’Avent, et la douceur de la Nativité de Jésus pour les chrétiens peuvent-elles atténuer le choc des horreurs commises en Israël par les terroristes islamistes du Hamas, la peur devant la multiplication délirante des actes antisémites, l’incompréhension pour les attaques contre les enseignants depuis la nouvelle de la tragédie du lycée d’Arras ?

Ce n’est pas l’hystérisation du débat publique sur quasiment tous les sujets qui peut nous rassurer quant à l’avenir de notre démocratie.

Alors tournons-nous vers l’espérance à laquelle nous invitent ces fêtes qui nous réunissent, juifs et chrétiens, autour de la Lumière pour dissiper les inquiétudes.
Tournons-nous vers les messages que nous laisse Jules Isaac que nous avons commémoré tout au long de cette année. Malgré la douleur qui lui fut infligée, il s’est battu pour la connaissance, pour la réconciliation, pour l’amitié. Il a ouvert une voie. Il nous accompagne. Comme le pape François nous le disait en inaugurant notre année Jules Isaac, son œuvre n’est pas achevée.

Poursuivons-la.

Jean-Dominique Durand, Président de l’AJCF

Shabbat mondial : nous n’oublions pas les otages

Les 3 et 4 novembre 2023, les juifs du monde entier se rassemblent dans un Shabbat mondial, par-delà leurs différences de culture, d’affiliation à tel ou tel courant du judaïsme, ou de niveau de pratique.
C’est un moment de joie, de rassemblement familial, d’unité.

Cette année, un mois à peine après le pogrom qui, le 7 octobre, a meurtri Israël d’une manière indicible, le Shabbat mondial prend une dimension particulière. 240 personnes de tous âges, otages du Hamas, ne pourront pas le célébrer.
Nous pensons à chacune d’entre elle, dans l’espoir de leur libération.

Nous pensons aux victimes de l’antisémitisme, aux juifs qui vivent dans la crainte et dans l’angoisse pour leurs proches.

L’Amitié Judéo-Chrétienne de France se tient à leurs côtés, consciente qu’un combat majeur est engagé contre la barbarie et le fanatisme qui, aujourd’hui, après le nazisme, est l’islamisme radical.
Chrétiens et juifs, quels que soient nos degrés de croyance et de pratique, prions pour que les familles se retrouvent, pour que les otages soient libérés, et tenons-nous debout, ensemble, pour résister au déferlement de la haine.

Jean-Dominique Durand
Président de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France

Appel à participer aux rassemblements pour la République et contre l’antisémitisme

L’Amitié Judéo-Chrétienne de France appelle ses membres et ses amis à participer massivement aux rassemblements organisés à Paris et dans les régions, pour la République et contre l’antisémitisme, le dimanche 12 novembre.
Plus que jamais, l’AJCF se doit de se tenir auprès des juifs menacés et violemment attaqués, leur manifester l’amitié sincère et profonde par laquelle Jules Isaac et Edmond Fleg entendaient lutter contre le poison de l’antisémitisme.

Ces rassemblements sont prévus dans plusieurs villes de France, dont :

Paris, à 15 heures, esplanade des Invalides-angle de l’avenue du Maréchal Galliéni et de la rue de l’Université

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Germaine Bocquet-Juste parmi les Nations-Amie de Jules Isaac

Éditorial de Jean-Dominique Durand
Président de l’AJCF

Le 16 juillet est chaque année l’occasion de faire mémoire des souffrances indicibles vécues par les juifs en rappelant les conditions de la rafle du Vel’ d’Hiv les 16 et 17 juillet 1942, et de souligner comme l’avait voulu le Président Jacques Chirac, l’action des Justes parmi les Nations. Il y a un an mon éditorial leur rendait hommage comme précurseurs de l’Amitié entre les juifs et les chrétiens, que Jules Isaac voulut concrétiser et faire vivre au lendemain de la guerre. Il est temps de rendre hommage à une de ces femmes anonymes, reconnue comme Juste par l’Institut de Yad Vashem en 1988, Germaine Bocquet, car elle joua un rôle majeur dans l’histoire de l’Amitié Judéo-Chrétienne, en ayant caché et donc sauvé Jules Isaac.

Jules Isaac commença sa vie de réprouvé en décembre 1940, lorsque, inspecteur général d’Histoire, il fut destitué par le gouvernement de Vichy en application du Statut des Juifs du 3 octobre 1940. Il se retira alors à Aix-en-Provence où il avait des amis. L’invasion de la zone dite libre par les Allemands, l’amène à une première itinérance, notamment à Saint-Agrève (Ardèche), puis au Chambon-sur-Lignon, où son fils Daniel enseignait au Collège Cévenol fondé par les pasteurs André Trocmé et Édouard Theis. Il rejoignit Riom en 1943, pour être plus près de sa fille Juliette et aussi de Clermont-Ferrand, centre universitaire où l’université de Strasbourg avait été repliée, où il pensait trouver les ouvrages indispensables à son travail.

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Lutter contre l’antisémitisme : une responsabilité politique, Jean-Dominique Durand

Retour sur la Journée nationale de lutte contre l’antisémitisme- Dimanche 19 mars 2023

Le 19 mars, s’est tenue au Mémorial de la Shoah à Paris, la deuxième Journée nationale de lutte contre l’antisémitisme organisée par l’AJCF le jour anniversaire de l’assassinat par un terroriste islamiste dans une école juive à Toulouse, l’école Ozar Hatorah, de trois enfants, Myriam Monsonego, 8 ans, Arié Sandler 5 ans, Gabriel Sandler 3 ans, et leur père enseignant, Jonathan Sandler 30 ans.

Primo Levi nous avait avertis :
« L’idée d’un nouvel Auschwitz n’est certainement pas morte, comme rien ne meurt jamais. Tout resurgit sous un jour nouveau, mais rien ne meurt jamais. »

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Le pape Benoît XVI et le judaïsme, par Jean Dominique Durand

Dès son élection comme pape le 19 avril 2005, le cardinal Josef Ratzinger a voulu s’inscrire dans les pas de son prédécesseur Jean-Paul II qui avait transformé le rapport de l’Église catholique au judaïsme. Il affirma clairement dans une lettre adressée deux jours plus tard au Grand Rabbin de Rome, Riccardo Di Segni, sa volonté de « poursuivre le dialogue et renforcer la collaboration avec les fils et les filles du peuple juif. »

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Un beau nom pour un groupe scolaire de l’école républicaine

Editorial de Jean-Dominique Durand
Président de l’AJCF

Ainsi s’est exprimé le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, Monsieur Pap Ndiaye, en inaugurant le groupe scolaire « Jules-Géraud Saliège » à Toulouse, le 1° septembre 2022. En effet, en donnant ce nom illustre à une école communale, la Ville de Toulouse, dans une démarche républicaine et humaniste, s’est inscrite dans la ligne de Mgr Saliège, qui sut dénoncer le traitement infligé aux juifs par la police Vichy. Cette lettre « sur la personne humaine », du 23 août 1942, qu’il faut lire et relire pour s’en imprégner est d’une singulière actualité.
Cette actualité a été soulignée par les différents intervenants, notamment l’archevêque de Toulouse, Mgr Guy de Kérimel, successeur de Mgr Saliège, M. Élie Korchia président du Consistoire de France, M. Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, le ministre M. Pap Ndiaye. Tous ont dénoncé la montée de l’antisémitisme dans une ville marquée par le massacre de l’école Ozar Hatorah le 19 mars 2012, où des enfants juifs, Myriam Monsonego, Arié et Gabriel Sandler, ont été assassinés avec le père de ces derniers, Jonathan Sandler, pour la seule raison d’être juifs. La dénonciation de l’antisémitisme d’extrême droite comme celui d’extrême gauche lié à l’islamisme, a été vigoureuse. Pour le Maire, « donner le nom de Mgr Saliège à un lieu d’éducation, de partage et de connaissances comme une école relève aujourd’hui de notre devoir citoyen de mémoire ». Un arbre, symbole de vie, a été planté dans la cour de l’école.

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COMMUNIQUÉ de l’AMITIÉ JUDÉO-CHRÉTIENNE DE FRANCE

En ces jours où la Nation se rassemble dans le souvenir des grandes rafles de l’été 1942, qui conduisirent des dizaines de milliers de juifs à Drancy puis vers les camps d’extermination en Pologne, l’antisémitisme refait surface, porté cette fois par des députés à l’Assemblée Nationale, ce qui est d’une gravité nouvelle. Nous avons lu des propos infâmes de certains d’entre eux au moment même de la commémoration de la rafle du Vel d’Hiv des 16 et 17 juillet 1942. Dans un esprit semblable, 38 élus du même groupe parlementaire NUPES ont déposé une Résolution « condamnant l’institutionnalisation par Israël d’un régime d’apartheid à l’encontre du peuple palestinien. »

L’Amitié Judéo-Chrétienne de France dénonce cet antisémitisme déguisé en antisionisme ou plutôt en israélo-phobie, fondée sur une désinformation systématique concernant l’État d’Israël, seule vraie démocratie au Moyen-Orient, tout en méprisant les vraies et seules victimes de l’apartheid, les Noirs en Afrique du Sud entre 1948 et 1991.

L’Amitié Judéo-Chrétienne de France dénonce cette volonté d’importer le conflit israélo-palestinien qui risque d’alimenter de nouvelles haines à l’encontre des juifs français.

L’Amitié Judéo-Chrétienne de France appelle tous les partis démocrates représentés à l’Assemblée Nationale à rejeter le poison de l’antisémitisme qui s’y est infiltré.

L’Amitié Judéo-Chrétienne de France dit aux organisations juives, dont le Crif et le B’nai B’rith qui ont exprimé leur douleur et leur indignation, et à tous les juifs de France, sa solidarité, et entend ne pas laisser les juifs seuls face à l’abjection.

Les Justes, précurseurs de l’Amitié entre juifs et chrétiens

Éditorial de Jean-Dominique DURAND
Président de l’AJCF
Juillet 2022

Dans l’été 1942, La chasse aux juifs a été ouverte dans toute la France, en zone occupée, comme dans la zone dite libre placée sous l’autorité de Vichy. La persécution contre les juifs prit un caractère massif. Il ne s’agissait plus de mesures individuelles, de tracasseries administratives, de mesures discriminatoires, d’exclusions comme le prévoyaient les statuts des Juifs de 1940 et 1941. Des rafles avaient eu lieu dès 1941 dans le Nord, et dans le Sud, on avait enfermé des juifs étrangers dans des camps, à Gurs et Noé près de Toulouse, à Rivesaltes, près de Perpignan, aux Milles près d’Aix-en-Provence, à Pithiviers, Beaune-la-Rolande, Jargeau dans le Loiret. En 1942, on passa à la persécution de masse, avec les grandes rafles. Les 16 et 17 juillet, une rafle systématique fut organisée à Paris et dans les environs : 13 152 personnes, de tous âges et de toutes conditions, du nouveau-né au grand vieillard, furent arrêtées par la police française pour la seule raison qu’ils étaient juifs. Nous avons tous en mémoire les images terribles de ces alignements d’autobus de la RATP, réquisitionnés pour conduire ces malheureux au Vélodrome d’Hiver, le célèbre Vel d’Hiv. Ils y furent entassés dans des conditions atroces, avant d’être déportés à Auschwitz. Comme à Paris, et dans tous les camps en France, des policiers français agissaient. C’est dire l’immense responsabilité du régime installé à Vichy et de son chef, le maréchal Pétain. A Lyon, l’Intendant de police exigea du Gouverneur militaire, Commandant de la XIV° Région militaire, le général Robert de Saint-Vincent, qu’il mît la gendarmerie à sa disposition pour convoyer les juifs du camp de Vénissieux vers la zone Nord, c’est-à-dire en fait vers Drancy et Auschwitz. Proche de l’Amitié chrétienne, il refusa, sauvant ainsi l’honneur des troupes placées sous ses ordres. Il fut aussitôt démis de ses fonctions, ce qui lui permit d’entrer dans la Résistance active. Son refus de collaborer à un acte indigne désorganisa un temps le convoi et permit à quelques personnes de s’enfuir. Il montre que si les hauts-fonctionnaires avaient agi de la sorte, le mécanisme du Crime aurait moins bien fonctionné, il aurait même pu être enrayé. Le général a été reconnu Juste parmi les Nations par l’Institut Yad Vashem de Jérusalem.

Le 16 juillet 1995, Jacques Chirac, reconnaissait que « la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’État français », et ajoutait-il, « la France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable ». Il rappela aussi que la rafle fut « le point de départ d’un vaste mouvement de résistance de nombreuses familles françaises, des Justes qui sauvèrent de nombreux juifs ». Le Président montrait ainsi que l’abjection, la lâcheté, la haine, pouvaient être compensées par la générosité, le courage, l’amour des autres et notamment des persécutés.

 Lire l’article de Jean-Dominique Durand dans le Journal Ouest-France du 9 juillet 2022

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La Conférence de Seelisberg (30 juillet-5 août 1947)

Éditorial de Jean-Dominique Durand
25 mai 2022

Les anniversaires ont le mérite de susciter de nouvelles études et surtout de mesurer le chemin parcouru depuis l’événement commémoré. C’est le cas de la Conférence de Seelisberg qui rassembla, dans ce petit village suisse (canton d’Uri) soixante-dix personnalités juives, protestantes, catholiques, venues de dix-neuf pays, du 30 juillet au 5 août 1947, il y 75 ans à l’invitation de l’International Council of Christians and Jews (ICCJ) ; ce sera le cas en 2023 pour les 75 ans de l’AJCF fondée en 1948 et les 60 ans du décès de son fondateur Jules Isaac. Depuis plusieurs semaines, l’ICCJ publie régulièrement des commentaires de personnalités actuelles liées au dialogue judéo-chrétien. Ils sont consultables sur son site web. Ces documents constituent un ensemble documentaire remarquable en raison de son caractère résolument international. Ils invitent à poursuivre sur le chemin ouvert à Seelisberg, dans un contexte radicalement différent.

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Mobilisation contre l’antisémitisme. La Journée du 20 mars 2022

Le 20 mars dernier, l’Amitié Judéo-Chrétienne de France a organisé une Journée nationale de lutte contre l’antisémitisme. L’on trouvera ci-après le livret de présentation remis à tous les participants, ainsi que l’introduction et la conclusion de la Journée par le président de l’AJCF. La revue Sens publiera les différentes interventions.

En ce jour des dix ans des attentats de Montauban et Toulouse, du massacre à l’école Ozar Hatorah de trois enfants juifs, Myriam Monsonego, 8 ans, Arié Sandler 5 ans, Gabriel Sandler 3 ans, et de leur père enseignant, Jonathan Sandler 30 ans, alors que la haine antisémite n’a cessé de progresser et de s’affirmer sans complexe, nous avons voulu insister sur la question de la responsabilité. Quelle est la responsabilité des institutions, des religions, des médias, des intellectuels, en fait de tous les citoyens, de chacun d’entre nous, pour contrer la diffusion de ce virus aux innombrables variants, qu’est l’antisémitisme ?

La notion de responsabilité a été déclinée tout au long de la journée.

 Livret de présentation des interventions en lien avec la journée du 20 mars
 Enregistrement des interventions, textes de l’introduction et de la conclusion du président de l’AJCF, photos
 Echo de la manifestation dans la newsletter du CRIF, 28 mars 2022

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Courrier de Jean-Dominique Durand au journal La Croix

Dans l’édition du 8 mars 2022, le journal La Croix publie le courrier suivant adressé par Jean-Dominique Durand, président de l’AJCF
“ Je remercie La Croix pour les articles très intéressants et justes sur les enjeux religieux de la guerre qui se déroule en Ukraine, aspect important pour comprendre combien le poids du passé pèse et en même temps éclaire les événements actuels. Cependant dans ce contexte, le poids du judaïsme me paraît sous-estimé. L’Ukraine est une terre de sang pour les juifs victimes de pogroms nombreux, répétitifs et cruels, parachevés par la Shoah par balles bien étudiée par le père Patrick Desbois.

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Ukraine : oser une Paix européenne

Jean-Dominique Durand
Président AJCF

Dans la nuit du 23 au 24 février 2022 une nouvelle page de l’histoire de l’Europe s’est ouverte dans le sang et dans la fureur des bombardements. Vladimir Poutine entend effacer par la force l’histoire des trente dernières années, les années de la fin de l’Union soviétique, et de l’affirmation de nations indépendantes, tournées vers la démocratie et l’Union Européenne. Il rêve d’un retour à la domination de la Russie sur les nations voisines, dans un esprit impérialiste d’inspiration tout à la fois tsariste et stalinien. Sa méthode, c’est l’intimidation, puis la guerre qui doit conduire à la soumission totale.

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La manipulation de l’Histoire : un danger pour la Paix

Jean-Dominique DURAND, président de l’AJCF
Tribune publiée dans La Croix du 13 décembre 2021

Cinq ans après deux résolutions votées par l’UNESCO (15 avril et 18 octobre 2016) occultant le lien historique et religieux entre le peuple juif et le Mont du Temple de Jérusalem avec son Mur occidental, c’est l’ONU cette fois qui reprend à son compte cette forme de négationnisme. Le 1er décembre 2021, l’Assemblée générale des Nations Unies a voté un texte intitulé La résolution de Jérusalem à l’initiative de l’Autorité palestinienne et de divers États arabes. Ce texte porte une attaque contre la politique de l’État d’Israël en s’appuyant sur une réécriture de l’histoire religieuse. Ce qui est particulièrement choquant, c’est la volonté de faire de ce lieu, comme en 2016, un site islamique, un site uniquement islamique. Le Mont du Temple est aussi le lieu le plus sacré du judaïsme, là où se trouvait le Temple construit par Hérode et détruit en 70.

Le texte de l’ONU appelle en effet à « maintenir inchangé le statu quo historique de l’esplanade des Mosquées, verbalement et en pratique » ; le texte en anglais est encore plus explicite puisqu’il utilise le nom arabe Haram al-Sharif, « le Noble Sanctuaire », qui donne une connotation clairement religieuse, ne retenant que le nom musulman du lieu. Celui-ci est de fait le troisième lieu saint de l’islam après La Mecque et Médine. Et l’on insiste, en précisant in Word, c’est-à-dire dans l’usage du nom. Le nom donné à ce lieu par les juifs et les chrétiens, à savoir le Mont du Temple, est exclu. Bizarrement, le texte en français retient le terme plus édulcoré « esplanade des Mosquées », expression très répandue en France. Cette variation dans la désignation peut faire penser à une certaine hésitation du rédacteur, mais la version anglaise est la plus importante, parce que la plus répandue.

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Vichy, par Jean-Dominique Durand - Président de l’AJCF

L’Assemblée Générale de l’AJCF s’est tenue à Vichy les 24 et 25 octobre. Nous avons vécu dans cette ville si marquée, pour ne pas dire stigmatisée, par l’installation du gouvernement du maréchal Pétain entre 1940 et 1944, des moments forts et inoubliables grâce à la qualité de l’organisation par nos amis du groupe de l’Amitié Judéo-Chrétienne, qui porte le beau nom de Jacob Kaplan. Je remercie vivement au nom de toute la fédération de l’AJCF, son Président, le père Jean-Paul Chantelot, son Bureau en particulier Odette Galeski et leur équipe. Je remercie aussi pour son soutien, la Ville de Vichy et son maire Monsieur Frédéric Aguilera. Non loin de Vichy, à Riom, notre fondateur, Jules Isaac a vu sa famille arrêtée, et envoyée vers le néant. C’est à Vichy que la République a abdiqué ; les décisions les plus abjectes de collaboration avec les autorités nazies y ont été prises, engageant la France dans le déshonneur. Les Statuts excluant les juifs de la communauté nationale ont été signés à Vichy, et c’est dans cette ville qu’ont été prises les décisions concernant les rafles. Mais à Vichy, des résistants se sont dressés pour sauver le pays, certains, fonctionnaires, avec habileté et courage pour contrer des décisions perverses, d’autres parmi lesquels le gendre et le fils de Jules Isaac, avec les armes spirituelles ou les armes classiques, dans un combat inégal. Les grands leaders religieux, le Pasteur Marc Boegner, le Cardinal Pierre-Marie Gerlier, archevêque de Lyon, le Grand Rabbin Jacob Kaplan sont venus à Vichy, dans l’espoir de ralentir la machine infernale. Porter à leur suite les paroles du courage, de l’amitié et de la paix c’est pour l’AJCF rester fidèle à Jules Isaac et à tous ceux qui se sont battus, ici-même à Vichy, pour la paix et pour l’honneur de la République.

Curieusement, l’État dit de Vichy revient dans le débat public à l’approche d’une élection cruciale pour l’avenir de notre pays et de l’Europe, mais avec la volonté délibérée de certains de déformer la réalité historique. L’instrumentalisation de l’Histoire est un exercice politique dont les dictatures sont expertes. Hélas, réécrire l’Histoire est une tentation auxquelles nos démocraties cèdent de plus en plus. On en voit les effets délétères en Pologne et en Hongrie, États membres de l’Union Européenne, mais où se perpétuent des méthodes de gouvernement héritées du communisme. La France n’y échappe pas dans le contexte d’une société française profondément divisée. De la construction de l’identité nationale au régime dit de Vichy, en passant par l’Affaire Dreyfus, tout semble devoir être réécrit toujours dans l’intention de susciter des polémiques sans fin. On pourrait regarder cela avec mépris si un poison n’était insidieusement répandu, celui du doute universel, et surtout si les médias ne leur donnaient pas une diffusion des plus ambiguës.

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Communiqué de presse : Assez de la haine antisémite !

Jean-Dominique Durand, Président de l’AJCF-20 Août 2021

L’Amitié Judéo-chrétienne de France exprime son indignation face à la vague de haine antisémite qui submerge notre pays, qui s’exprime au grand jour et sans honte dans les manifestations contre le vaccin anticovid et le passe sanitaire. Dans un premier temps les manifestants ont fait référence d’une manière obsessionnelle au nazisme, aux rafles, à la Shoah, à Auschwitz, aux chambres à gaz, ils détournent de l’étoile jaune imposée aux juifs sous l’Occupation pour faire croire à une persécution généralisée des Français en 2021.On était déjà dans l’ignominie, dans la volonté de banaliser les horreurs subies par les juifs entre 1933 et 1945. On est passé aux slogans antisémites, à la dénonciation nominative de personnalités juives ou supposées juives accusées d’être responsables de la crise sanitaire, aux attaques contre Simone Veil grande figure de la République.

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Causabilité diabolique

Éditorial de Jean-Dominique Durand, président de l’AJCF

Notre pays va mal. Les manifestations qui se sont multipliées au début de l’été contre les soi-disant menaces contre la Liberté et la Démocratie, perdurent de semaine en semaine. Les images que nous avons pu voir, relayées par les médias, les slogans que nous avons pu lire, les propos que nous avons pu entendre – et ce n’est pas fini – nous laissent en état de sidération. La référence obsessionnelle au nazisme, aux rafles, à la Shoah, à Auschwitz, aux chambres à gaz, le détournement de l’étoile jaune imposée aux juifs sous l’Occupation – pour faire croire à une persécution généralisée des Français en 2021, tout cela interroge sur les motivations profondes de ces gens que nous voyons et entendons éructer, injurier, et tout mélanger. Les étoiles jaunes portant l’inscription « sans vaccin » écrite avec les mêmes lettres gothiques que « Juif » autrefois, relève de la honte pure, tant c’est une injure pour ceux qui l’ont réellement portée comme Monsieur Joseph Szwarc aujourd’hui âgé de 94 ans, que pour leurs descendants comme l’a exprimé avec douleur Marc Knobel. On est là dans l’ignominie. L’étoile jaune - portée par les enfants dès l’âge de six ans - a succédé à toute une série de mesures imposées aux juifs français par le gouvernement de Vichy pour les recenser, les identifier, les marginaliser, les persécuter en leur interdisant toutes sortes de professions, les empêcher d’étudier, les ruiner en « aryanisant » leurs biens, pour mieux préparer grâce à l’identification publique par l’étoile jaune, leur déportation et leur élimination dans des conditions effroyables.

Comment interpréter cette obsession pour Vichy et le nazisme (« passe sanitaire = passe nazitaire » lit-on sur des pancartes !) ? Pourquoi grimer le Président de la République en Hitler, et non en Staline, ou en Mao ? Les dictateurs effroyables ne manquent pas dans l’histoire du XX° siècle, bien plus sanguinaires qu’Emmanuel Macron ! S’agit-il d’ignorance, de sottise, de crétinerie, d’inculture ? De nombreux commentateurs l’ont écrit pour s’en indigner. C’est sans doute vrai pour certains individus en mal d’imagination. Mais pour la plupart de ces manifestants, qui avaient déjà sévi avec les gilets jaunes, qui se retrouvent dans les rangs d’une droite extrême ou d’une gauche radicale, les mots ont un sens, et ils le connaissent. Ce n’est pas de l’ignorance : tous ont suivi des cours d’histoire, certains ont dû participer à des commémorations, peut-être même visiter des camps. C’est plutôt de la perfidie, une volonté délibérée de banaliser le crime contre l’humanité, de ridiculiser la signification réelle de l’étoile jaune. On peut faire la même remarque à propos de la Résistance, tournée en dérision dès lors que l’on met sur le même plan les combats héroïques des résistants, de « l’Armée des ombres » comme Joseph Kessel les nomme avec admiration, et les manifestations du samedi. Ce n’est pas un hasard si les mêmes personnages utilisent le même type de sémantique à propos d’Israël : « génocide des Palestiniens », État fondé sur « l’apartheid », mensonges délibérés, détournement des mots, relativisation des réalités du génocide des juifs et de l’apartheid des Noirs en Afrique du Sud.

Que faire ? Si ce n’est dénoncer encore et toujours ces ignominies, rappeler la vérité historique, appeler à la responsabilité citoyenne et politique, en un mot, se battre encore et toujours. Il faut relire le livre de Léon Poliakov, La Causalité diabolique. Essai sur l’origine des persécutions publié en 1980 chez Calmann-Lévy dans la très belle Collection Liberté de l’esprit dirigée par Raymond Aron. Nous sommes à nouveau aujourd’hui au cœur des théories du complot, de la conspiration, de la domination du monde par des forces occultes. Le bouc émissaire et le diable que le grand spécialiste de l’antisémitisme identifiait dans la période historique sont toujours de notre temps. Et même malgré les progrès de la science, de la connaissance notamment historique et de l’éducation, ils paraissent plus foisonnants que jamais. La crise de notre société ne serait-elle pas avant tout une crise de l’intelligence et de la raison, à la recherche toujours renouvelée du bouc émissaire, comme le rappelle le philosophe René Girard, qui concentre sur lui les forces maléfiques et doit être mené au désert : « et le bouc emportera sur lui toutes leurs fautes en un lieu aride » (Lv 16, 22) ?

Ces faits qui nous indignent ne doivent pas nous empêcher de vivre dans l’espérance d’un monde apaisé, comme nous y invitent les fêtes de Roch Hachana et de Yom Kippour. De la même manière que nous avons partagé à Nantes le Shabbat et les repas casher lors de la Session Découvrir le Judaïsme, les chrétiens à l’écoute, souhaitons-nous tous ensemble, juifs et chrétiens, une belle année 5782. Puisse-t-elle apporter à notre monde paix et sérénité !

Septembre 2021