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Pourim, du combat à la fête

Jean-Dominique Durand
Président de l’AJCF

La fête de Pourim, ordinairement si joyeuse, est célébrée cette année, près de six mois après le pogrom du 7 octobre, dans un contexte sinistre de deuil, d’angoisse pour les otages retenus à Gaza par les terroristes, d’inquiétude face à la montée phénoménale de la haine à l’encontre des juifs.

Le rouleau d’Esther qui sera lu dans toutes les synagogues samedi et dimanche, rappelle que le projet de génocide des juifs est présent dans l’histoire depuis près de 2.500 ans. Cette profondeur historique de la haine antisémite absolue est tout simplement effrayante. Les nazis se situaient dans la suite d’Aman. Ils rêvaient de réaliser son projet d’extermination de tous les juifs. Mais celui-ci fut empêché par le sursaut de courage d’Esther. Après avoir caché son identité juive, elle l’a finalement revendiquée, et par cet acte héroïque, elle a pu démasquer le projet de mort d’Aman.

Il faut relire le récit d’Esther, car il est d’actualité.

Les juifs sont encore et toujours les cibles des antisémites de toutes obédiences qui se cachent derrière l’antisionisme. L’antisémitisme, c’est l’israélophobie, dont l’objectif est de détruire à nouveau, comme au temps du roi Assuérus, le peuple juif. Cette volonté de destruction du judaïsme qui doit passer par la destruction physique des juifs, se perpétue et se répand. Il n’est pas nécessaire d’aller dans des pays rongés par la propagande du Hamas au nom de la solidarité arabe, pour entendre résonner les hurlements de la bête immonde. Il suffit d’aller aux États-Unis que l’on aurait pu croire, jusqu’à l’invasion de l’idéologie Woke, un modèle de démocratie, ou dans nos universités françaises que l’on croyait être des temples du savoir et des débats savants et respectueux.

Lors de la Journée annuelle de lutte contre l’antisémitisme de l’AJCF, qui s’est tenue le 10 mars, j’ai tenu à rappeler ce que nous disait Samuel Sandler dans son livre Souviens-toi de nos enfants, écrit sous le coup de l’assassinat à Toulouse le 19 mars 2012, de son fils et de ses petits-enfants :

« Quittant ce lieu, où mes enfants ont été, ce matin, assassinés, je frissonne en songeant que jamais nous ne connaîtrons la paix. Nos martyrs relèvent de la tradition, spasmes irrépressibles d’une haine millénaire. Comment avons-nous été assez fous pour penser qu’il serait possible d’animer ici et ailleurs des écoles confessionnelles, de porter non kippas et nos chapeaux hauts dans la rue, de marcher jusqu’à nos synagogues les soirs de shabbat ? Avions-nous oublié que dès qu’il faudrait expier un mal ou se venger d’un sort, c’était toujours à nous les juifs qu’on s’en prendrait, toujours nous les juifs qu’on giflerait dans les églises ou nous les juifs qu’on éliminerait d’une balle dans la tête ? »

Ce cri de douleur est celui, plus que jamais aujourd’hui, de tous les juifs, en Israël, dans toute l’Europe, dans le monde entier, même 436 actes antisémites en France en 2022 ; 1676 en 2023. Il y a quelques jours, un Français juif a été violemment agressé en sortant d’une synagogue. Agressé uniquement parce juif.

Esther invite au courage, à se dresser résolument contre le mal. La lutte contre l’antisémitisme nous engage au quotidien, et sur le long terme. C’est une tâche qui paraît sans fin. Est-ce le rocher de Sisyphe ou le tonneau des Danaïdes ? Non car alors, nous serions désespérés. Or nous sommes déterminés, tout comme Esther qui inspire les juifs, et doit inspirer aussi les chrétiens. Ensemble fêtons la vie contre les doctrines de mort, ne laissons pas Aman l’emporter !

Pourim Sameah !