Il a reçu la Parole, il l’a comprise et transmise, son message est maintenant entre nos mains pour qu’à notre tour nous donnions vie à la Parole.

Le Père Jean Dujardin nous a quittés dans la nuit du 2 au 3 mars 2018.

Je me souviens l’avoir entendu rapporter ce qui l’a amené à se lancer dans la réflexion sur les racines juives de la foi chrétienne.
En tant qu’historien il fut affronté aux théories négationnistes aberrantes de Faurisson et de ses semblables, qui niaient la Shoa.

Cela l’a conduit à affronter ce vertigineux « mystère d’iniquité » et à chercher le sens de ce non sens.

Personnellement, je lui suis profondément reconnaissant de m’avoir aidé à approcher cette réalité que les mots sont insuffisants à décrire. En cela, il a été mon maître.

Pendant de longue années, il fut secrétaire du Comité Épiscopal pour les relations avec le judaïsme. Son souci constant était d’ouvrir les chrétiens de l’Église catholique à la réalité juive vivante.

Une réalité qui, disait-il, nous conduit à « revisiter » tous nos dogmes chrétiens. Son souci pastoral le tournait prioritairement vers les responsables de la formation, catéchistes, curés, évêques.

La nature des sessions qu’il organisait s’en ressentait. Au sein du Comité Épiscopal, il nous incitait à chercher et produire des réflexions et des textes au service de cette mission ; c’est ainsi que nous avons été amenés à réfléchir sur des thèmes comme l’accomplissement, la Terre d’Israël, la Shoah.

Il a lui-même suivi de très près les questions qui animèrent les relations judéo-chrétiennes : entre autres, le Carmel d’Auschwitz, le projet de canonisation d’Isabelle la Catholique, Pie XII et la Shoa…

Le magnifique texte de repentance de Drancy trahit son écriture.

Il avait compris et faisait comprendre le sens de la présence du peuple juif sur sa Terre. Il en connaissait les immenses difficultés mais gardait l’espérance. « Ce sont les visionnaires qui ont raison », m’avait-il confié.

Visionnaire, il en était un. Merci, Jean Dujardin.
 
Jean Massonnet