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Avoir

Le verbe avoir n’existe pas en hébreu. Il est traduit par une périphrase :
« il y a à » (moi, toi, lui, etc.). L’accent est mis sur ce qui existe, non sur le possesseur : le rapport au monde ne se tonde pas ici sur la possession, mais sur la relation, sur ce que je fais de ce qui m’échoit.

L’histoire d’Abraham, prototype de celle d’Israël, illustre l’apprentissage de cette « dépossession » : le Patriarche quitte sa terre natale, se sépare de ses proches (non seulement ses parents, mais Sarah à deux re­prises, et Ismaël), d’une partie de ses biens (au profit de son neveu), et last but not least, est prêt à sacrifier Isaac, le fils tant attendu. Quant au peuple d’Israël, il fait l’expérience de l’exil, de la perte de son territoire (voire la perte de ses tribus).

Les bénédictions qui précèdent toute jouissance sont aussi un signe de non-accaparement, de distance entre « être » et « avoir ». Comme le ri­tuel de rachat du premier-né (cf. Exode XIII, 1), qui rappelle que l’enfant n’est pas la propriété de ses parents.

Avoir, c’est en effet risquer d’être possédé par ce qu’on possède. A contrario, ne pas se fonder sur l’« avoir », c’est être constamment ca­pable de tout remettre en question, de savoir perdre (ou abandonner), de faire le deuil de... Non pas dans la mélancolie ou l’amertume, mais dans la découverte d’un amour différent pour ce qui nous est donné.