Il n’existe pas non plus de divinité de la lumière et de la vie opposée à une divinité de la nuit et de la mort, comme dans d’autres pensées religieuses.
Le jour comprend - dans l’ordre - le temps des ténèbres, puis le temps de la lumière : « il fut soir, il fut matin, jour un ». Le jour, unité astronomique, devient le symbole du déclin et de l’ascension, ou du passage du négatif au positif - dans la vie individuelle certes, mais aussi, pour Israël, dans son histoire collective. La pensée mystique juive perçoit le jour comme une étape de l’ascension spirituelle, chacun des jours de la Création représentant des expériences progressives.
C’est en fonction de cet ordonnancement que les fêtes juives commencent la veille au soir du jour indiqué dans le calendrier (ainsi, le chabbat commence le vendredi soir ; le repas pascal a lieu la veille au soir de Pessah/Pâque). Commencer la fête religieuse le soir, c’est affirmer la foi en D., et non dans les forces physiques... fussent-elles de lumière. La veillée chrétienne de Noël découle sans doute de la même affirmation.
Le chabbat, ce septième jour où D. cesse d’intervenir volontairement dans le processus de la Création, l’homme est convié lui aussi à cesser toute conduite de domination ; en ce jour qui, de plus, commémore la sortie d’Égypte, il est appelé à passer de la servitude du quotidien au Service divin.
Quant au huitième jour, il symbolise traditionnellement le renouveau et l’ère messianique (est-ce un hasard si le Christianisme fête le dimanche, jour de l’au-delà du chabbat ?). La circoncision du garçon juif, le huitième jour après sa naissance, comporte aussi cette dimension messianique.
A.-M. D.