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Florence Taubmann : Premier Yom hashoa en Israël !

Temps d’été à Bat Yam, près de Tel-Aviv ! La minute d’avant les clients se prélassent au café Aroma, à la station de bus il y a foule, une camionnette opère son déchargement de marchandises. Les étals d’olives et de fruits secs offrent leur odeur parfumée, le marchand de pastèques du coin fait remarquer la taille et la qualité de ses fruits.

Dans une boutique j’achète une housse pour mon téléphone portable, voulant faire un peu comme si je n’attendais pas le son de cette sirène dont je suis avertie qu’elle sonnera à 10h. Un peu inquiète je me demande : les gens vont-ils vraiment arrêter le train de leur course, de leur vie ? Un instant de déconcentration, et la sirène a commencé à retentir avant que je ne le réalise !

Ville morte, bus et voitures stoppés en pleine rue, personnes debout, tête baissée … immobiles, silence, rien que la sirène ! Une minute ! Ce n’est rien une minute ; et c’est beaucoup ! L’émotion, intense, est palpable, les gorges nouées. En concentré, en 60 secondes, remontent des témoignages entendus de la bouche des rescapés ou lus dans des livres et des journaux, le sentiment de la douleur extrême qui fut celle de ces temps-là, les visions de films ou de documentaires, le souvenir de Yad Vashem … tout un peuple voué à l’anéantissement…

Mais ce peuple est ici, à ce carrefour de Bat Yam, vivant ! Car entre tous ces gens si différents qui habitent aujourd’hui la ville – des natifs aux ukrainiens de la dernière aliah en passant par les russes, les éthiopiens ,les ladinos, les sépharades marocains, les français et les anglo-saxons dont on aurait pu se demander un instant auparavant comment ils pouvaient vraiment former un peuple – quelque chose passe, un souffle, un fil.
Et ce n’est pas uniquement une mémoire de souffrance et ce n’est certainement pas un désir de vengeance, mais un respect mûri et partagé de la vie si précieuse. Et ce respect s’accompagne de l’infinie tendresse qui s’exprime dans les regards, subrepticement échangés entre passants, alors que, la sirène ayant cessé, la vie quotidienne reprend ses droits.

Florence Taubmann , le 28 avril 2014, 28 Nissan 5774

NDLR : Yom Hashoa est commémoré le 27 Nissan mais pour que les commémorations ne commencent pas le soir du Shabbat, la date a été décalée d’un jour cette année.