La vision d’Ézéchiel - l’une des plus grandioses de la Bible - est un feu tourbillonnant où quatre bêtes tétramorphes, attelées à quatre roues faites d’yeux, vont et viennent sous un firmament lumineux qui supporte un trône. Sur le trône, « une ressemblance d’homme » rayonne, enveloppée de feu.

Le char, symbole à la fois de l’ubiquité de D. et de Son départ du Temple (Ézéchiel prophétise à Babylone), véhicule la gloire divine sur les rouages de l’univers. Mais pour décrire ce qu’il a vu, faute de trouver les mots adaptés à une perception qui est au-delà de l’expérience sensible, le prophète * ne peut que suggérer. Le « MaASsE HaMeRKaBaH » sera donc l’ensemble de la recherche ésotérique suscitée par ce texte.

La Michna (Haguiga II, 1) recommande cependant de ne pas interpréter la Merkaba en public. Les Sages, discrets sur ce qui est caché par essence (l’Être de D.), ne l’exposaient donc qu’à un cercle très restreint de disciples.

Dans le Judaïsme babylonien jusqu’au VIII^e s., le terme désignera moins la vision d’Ézéchiel que l’enseignement qui s’y réfère, la littérature mystique et apocalyptique qu’elle inspire (appelée « littérature des Palais » en référence aux demeures célestes qui supportent le Trône de gloire), voire les exercices ascétiques et les étapes de l’ascension spirituelle.

Au Moyen-Age, cette littérature sera rejetée par le courant rationaliste, de Saadia Gaon à Maïmonide. Elle nourrira par contre la quête de la Kabbale.

Un passage de la liturgie synagogale (la Kédoucha) exalte la sainteté et la gloire divines en évoquant les termes des visions d’Ézéchiel et d’Isaïe (VI,3).

A.-M. D.