
Mgr Saliège fut reconnu par le général de Gaulle comme Compagnon de la Libération et par l’Institut Yad Vashem à Jérusalem comme Juste parmi les Nations. Ces deux reconnaissances permettent de faire le lien entre son patriotisme et son action en faveur de la Résistance, son refus de l’antisémitisme et son engagement sans faille pour ne pas laisser les juifs seuls face à la persécution, au point que sa lettre fut dénoncée comme « philosémite » par un agent de Vichy. En réalité il s’agissait pour lui, de dire son soutien aux juifs, comme il l’avait déjà fait en avril 1933 en compagnie d’un rabbin et d’un pasteur, lors d’une manifestation contre l’antisémitisme nazi.
J’espère que les enseignants de cette école sauront faire comprendre à leurs élèves le sens profond de son message, lorsqu’à l’aide d’une phrase simple, composée d’un sujet, d’un verbe, d’un complément, il affirme l’évidence : « les juifs sont des hommes, les juives sont des femmes. Les étrangers sont des hommes, les étrangères sont des femmes ». Ces phrases qui claquent comme un drapeau au vent, pourraient faire l’objet de belles leçons tout à la fois de grammaire pour montrer la puissance et la clarté de la langue française lorsqu’elle est bien écrite, et de civisme pour mettre en évidence l’unité intrinsèque du genre humain, la dignité de toute personne, et la vertu du courage. Par la simplicité de sa structure et par l’efficacité de ses phrases courtes, la lettre de Mgr Saliège peut être comprise de tous. La lettre est reproduite dans le hall d’entrée de l’école.

La cérémonie d’inauguration, en présence plusieurs centaines de personnes, de nombreuses autorités religieuses, politiques, militaires, et des représentants des Anciens combattants, a été aussi une manifestation d’amitié judéo-chrétienne au sein d’une école publique, avec la présence de nombreux représentants des communautés juives et chrétiennes.

L’AJCF était représentée par son président et son secrétaire général, le rabbin Éric Aziza.