Elle n’a que seize ans quand elle retrouve le monde des vivants. Elle commence une existence aventureuse, traversée d’espoirs, de désillusions, d’éclairs sentimentaux, de débuts artistiques dans des cabarets à travers l’Europe et l’Orient, et enfin, à vingt-trois ans, trouve refuge en Italie, se sentant chargée du devoir de mémoire, à l’image de son ami Primo Levi. "Pitié, oui, envers n’importe qui, haine jamais, c’est pour ça que je suis saine et sauve, orpheline, libre."
Edith Bruck, Mémoire vivante par Gabrielle Napoli
De nombreux détails pourraient être donnés sur la vie d’Edith Bruck, qui relève de l’épique, du tragique et de la comédie heureuse tout à la fois. Née en Hongrie en 1932, c’est une femme hors du commun, qui traverse le siècle sans jamais cesser de témoigner, dans les écoles, dans les universités et par ses écrits. Edith Bruck a fait de l’existence un « devoir ». Elle l’écrit dans le poème qu’elle adresse à son grand ami Primo Levi peu après son suicide, en 1987 : « Ta figure tutélaire nous manque, / nécessaire comme l’eau à l’assoiffé, / la prière au croyant, / la lumière au non-voyant. / Notre devoir est / de vivre et jamais de mourir ! / Pourquoi Primo ? » Elle le montre aussi dans un livre dont la traduction la fait mieux connaître en français : Le pain perdu.