Tant de souvenirs de rencontres avec lui me reviennent, notamment dans le cadre de la Communauté de Sant’Egidio où je l’ai connu, et lorsque je l’avais invité à Rome pour parler au Centre culturel français en 2000, dépendant de l’Ambassade de France près le Saint-Siège, du Jubilé de l’An 2000 vu par le judaïsme. Il avait prononcé une conférence mémorable, avec humour et bienveillance. Ce jour-là, dans mon bureau, il avait béni la fille qui venait de naître de l’un de mes collaborateurs, de confession juive. Celui-ci est devenu un véritable ami, et lorsque nous nous retrouvons, nous évoquons toujours ce moment inoubliable, où le Grand Rabbin de France bénit une enfant juive dans le bureau du représentant de la culture française à Rome.
Tous ceux qui l’ont approché gardent un souvenir toujours merveilleux de René-Samuel Sirat.
C’est une forte émotion qui étreint tous ceux qui, juifs et chrétiens, combattent à son image, pour l’amitié, pour l’estime mutuelle.
En ce jour de recueillement et d’espérance, je préfère m’effacer devant mon prédécesseur Pierre Pierrard de vénérée mémoire, qui disait en lui remettant le Prix de l’Amitié Judéo-Chrétienne en 1997 :
« C’est la connaissance constamment approfondie de votre propre foi qui va vous amener à découvrir « l’autre » et d’abord le Chrétien, cet « autre » si difficile à appréhender pour un Juif qui sait, d’une science qui fait corps avec sa propre histoire et sa propre chair, qu’il l’a longtemps ignoré, méprisé, persécuté. »
Oui, René-Samuel Sirat avec sa science et sa culture immenses, était un grand du dialogue et de l’amitié vraie.
La revue Sens lui consacrera prochainement un numéro.
Que la mémoire du Grand Rabbin René-Samuel Sirat soit source de bénédiction.