Les premières conversions forcées de masse datent de 1391 en Espagne. Soupçonnés de « judaïser » en secret, les convertis ont été pourchassés par l’Inquisition dès sa création en 1481. Clandestine voire simplement supposée - la pratique du [Judaïsme->3086 provoquait la dénonciation, le rituel de l’auto-da-fé, la spoliation des biens et finalement, le bûcher. C’est en partie pour éviter que les « conversos » ne continuent à fréquenter les Juifs qu’ont été décrétées les expulsions de 1492 en Espagne et de 1497 au Portugal.
Devant choisir entre l’apostasie, l’exil et la mort, les Juifs qui n’avaient pu fuir vers des pays plus tolérants ont été contraints d’accepter le baptême. Dans l’empire ottoman, dans le Nouveau Monde avant que l’Inquisition n’y sévisse, ou dans les pays protestants, des communautés ont été fondées par les fugitifs, qui seront autant de refuges pour les marranes persécutés. Leur retour au Judaïsme, après plusieurs générations, a été à la fois un enrichissement et un affrontement pour la communauté juive.
B. Spinoza, philosophe rationaliste qui préfigure le Judaïsme laïc moderne, est un exemple de cette ambiguïté. Renouant au contraire avec la tradition mystique, des « Anoussim » comptent parmi les fondateurs de la communauté de Safed au XVIe s.
Une communauté marrane a été découverte au Portugal en 1917. A la création de l’État d’Israël, quelques groupes affirmant descendre de Marranes ont demandé à réintégrer le peuple d’Israël.
A.-M. D.