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"La Famille Karnovski" d’Israël Joshua Singer

Recommandé et recensé par une adhérente de l’AJCF.

L’auteur de cette grande saga familiale est le frère aîné d’Isaac Bashevis Singer, prix Nobel de littérature. Il est peu connu en France, mais jouissait d’un succès considérable auprès de lecteurs yiddishophones appartenant à un univers pratiquement disparu.

Sans doute appréciaient-ils ce que nous découvrons aujourd’hui : une connaissance profonde de l’âme humaine et un conteur d’une grande sensibilité. La famille Karnovski, traduit du Yiddish par Monique Charbonnel et publié aux éditions Denoël trace l’histoire de trois générations d’une même famille confrontée d’abord à la vie des petites bourgades en Pologne, ensuite à l’émancipation dans la foulée des idées de Mendelssohn au sein de la société juive assimilée à Berlin. Avec la montée inexorable du Nazisme, la peur et les humiliations deviennent le lot quotidien des protagonistes. Si ce livre nous bouleverse tant, c’est aussi parce qu’il est publié en 1943 alors que le massacre des communautés juives se déroule partout en Europe. Nous le lisons aujourd’hui en saisissant tout ce que sa contemporanéité avec les événements qu’il décrit, suscite d’incompréhension devant un monde qui a pu laisser faire et ne pouvait pas prétendre ignorer. Nous voulons forcément en savoir plus et ce livre permet de combler un peu par le biais du récit, nos grandes lacunes et d’en percevoir autre chose que ce que nos parents ont pu nous en dire.

Un autre livre du même auteur, publié lui aussi chez Denoël constitue un témoignage poignant : "D’un monde qui n’est plus". I.J. Singer y décrit l’univers de son enfance à Lentshin, une bourgade proche de Varsovie au début du XXe siècle. C’est par le regard d’un enfant qu’on apprend plus du quotidien de ces communautés juives polonaises pieuses et souvent regroupées autour d’un rabbin responsable de tout ce qui affairait à leur vie. La tonalité est intime et démontre cette aptitude particulière qu’a le Judaïsme à parler de lui-même mêlant à la fois tendresse et regard critique.

Éditions Denoël, paru en français en octobre 2008, 688 pages, 29 €