2) Dans le Judaïsme médiéval allemand, le hassidisme a été un courant mystique (à tendance ascétique) autant que social ; il se réfère à la pratique - religieuse et éthique à la fois (la racine HSD donne l’idée de bonté et de piété). Ce mouvement , illustre grâce à la famille des Kalonymides, a influé sur tout le devenir intellectuel et spirituel du Judaïsme achkénase. L’amour de D., la prière comme outil mystique, la théologie de la gloire* immanente, et la nature ou la société comme moyens d’épreuve pour l’homme pieux, ont structuré la mentalité juive d’Allemagne et du Nord de la France, voire influé sur les Kabbalistes d’Espagne.
3) Le hassidisme moderne, né en Europe de l’Est au milieu du XVIIIe s., dans un contexte de pogroms, et aussi de désillusion après la faillite des faux messies Sabataï Zvi et Jacob Frank - a eu pour initiateur le Baal Shem Tov (Maître du bon Nom - abrégé en Besht).
L’enseignement du Besht portait moins sur l’étude (traditionnellement essentielle au Judaïsme) que sur la valorisation de la piété spontanée et de la joie. La danse, le chant, et tout acte étant un moyen de prière, la ferveur de l’ignorant a autant de valeur que celle de l’érudit. A la suite du Besht, ses disciples ont vu accourir à leur résidence des milliers de visiteurs, en quête de chaleur fraternelle autant que d’un enseignement.
L’extériorisation de la prière jugée frivole par les rabbins traditionnels), et la réputation de thaumaturges des maîtres du hassidisme ont provoqué un violent rejet dans le milieu rabbinique. Pour autant, les Hassidim étaient des Juifs respectueux de la Loi et pratiquant les Mitsvot.
La transmission, de maîtres à disciples, de pouvoirs spirituels et charismatiques a donné naissance à des dynasties dont certaines subsistent aujourd’hui - telles celles de Loubavitch, fondée au début du XIXe s., de Belz, ou de Satmar (d’après les noms de la résidence du premier fondateur). Le hassidisme d’Europe orientale et centrale, qui avait émigré aux U.S.A. dès la fin du XIXe s. en raison de la misère économique, a totalement disparu d’Europe avec la Shoah. Les œuvres de M. Buber, G. Scholem, E. Wiesel et M.-A. Ouaknin sont un hommage au hassidisme.
A.-M. D.