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Deuil (dans le judaïsme)

Si les rites mortuaires y sont évoqués et décrits, il n’existe pas dans la Torah de prescription d’honorer les disparus. Il y est interdit, par contre, d’invoquer les morts ou de leur donner un viatique.

Dans le Judaïsme, les règles funéraires s’appliquent aux sept parents les plus proches. Quatre phases correspondent au travail psychologique du deuil :
 de l’instant du décès à l’inhumation, l’endeuillé est dispensé de l’ob­servance des mitsvot et se consacre aux préparatifs funèbres ;
 durant sept jours de deuil complet à compter de l’enterrement, l’en­deuillé, entouré par sa famille et les amis qui veillent à ce qu’il ne manque de rien, ne quitte pas la maison. La prière publique a donc lieu à son domicile ;
 suivent trois semaines de deuil moins strict ;
 dans le cas du deuil des père et mère, l’abstention de réjouissances dure les onze mois qui suivent le décès.

Chaque communauté juive comporte parmi ses institutions une Hevrah Kaddishah (confrérie sainte) ou Hevrat Guemilout Hassadim (confrérie des derniers devoirs), dont les membres assistent l’agonisant, re­cueillent sa confession, récitent le Chema Israel à son dernier soupir. Dans les vingt-quatre heures qui suivent, ils lavent le corps, le placent à terre, recouvert d’un drap et, s’il s’agit d’un homme majeur, du talit. Une bougie allumée à proximité symbolise la vie de l’âme. Il est d’usage de recouvrir les miroirs : la maison, enveloppe de la vie familiale, prend aussi le deuil. Jusqu’à l’ensevelissement, le corps n’est jamais laissé seul, et le livre des Psaumes est lu en continu par les membres de la Hevrah Kaddishah.

L’inhumation a lieu dans le « carré juif » du cimetière (appelé « Champ du repos » ou « Maison de la vie ») - non parce que la terre ne serait pas la même pour tous, mais pour des raisons de commodité commu­nautaire et de « confort » psychologique. Les prières sont dites de préfé­rence à l’entrée du Champ du repos, l’adresse au D. vivant paraissant incompatible avec la mort. Aucun cohen ne peut avoir de contact avec un cadavre : ceux qui portent ce patronyme n’entrent pas dans le cimetière. Le Kaddich de l’endeuillé, récité par le plus proche parent au bord de la tombe ouverte (et durant toute la période du deuil), n’est en aucun cas une prière pour les morts. Cette sanctification publique du Nom de D., apportée comme témoignage à la mémoire du défunt et comme plai­doyer, est un moyen pour l’endeuillé de surmonter son affliction person­nelle en exhortant ses frères à proclamer avec lui la grandeur divine.

Il est de coutume pour le plus proche parent de faire une entaille à son vêtement (symbolisant le déchirement affectif) et, de retour à la maison, de manger un plat de deuil (pain et sel, œuf dur, lentilles). Durant toute la durée du deuil, il est d’usage de garder une lumière qui brûle constamment, symbole de la survie spirituelle de l’âme du défunt.

Les deuils communautaires font l’objet de journées commémoratives :
Tishea beAv rappelle la destruction des deux Temples, Yom haShoah commémore la Shoah et, en Israël, Yom haZikaron rappelle le souvenir des soldats tués pendant les guerres de l’État.

A.-M. D.