Au temple, les CheLaMiM (sacrifices de pacification - ou rémunératoires) étaient destinés à restaurer pleinement la relation entre l’homme et sa conscience, l’individu et son prochain, la communauté et D. On les trouve à la fin de la liste des sacrifices (Lév VII, 37 ; Nb XXIX,39), comme s’ils signifiaient le terme final des contradictions et des antagonismes.
Le ChaLoM est aussi le dernier souhait de la bénédiction sacerdotale ( « ... que l’Éternel tourne Sa face vers toi et te donne la paix », Nb VI,24-26) . La création étant une suite de séparations, l’homme est chargé, face à D., de construire des ponts entre elles (cf l’étymologie de « pontife ») pour parvenir à la complétude du réel.
« Le monde repose sur trois choses : la vérité, la justice et la paix » (Pirké Avot 1, 18). Objet de l’espérance messianique, la paix est un idéal inséparable de la justice sociale et de la cohérence spirituelle. Sinon, elle n’est qu’un vœu pieux ; les prophètes ont mis en garde Israël contre cette paix illusoire, parce qu’incomplète (« Ils disent : paix, paix ! et il n’y a pas de paix » Jér VI,14 & VIII,11).
Comme Jésus dans les Béatitudes (Mt V,9), les Sages du Talmud ont fait de la paix un modèle de comportement : « Soyez des disciples d’Aaron, aimant la paix et la poursuivant » (Pirké Avot 1 ,12). Les
« DarKhél ChaLoM » (comportements de ChaLoM et Prov 111, 17) consistent à entretenir la bonne entente, œuvrer à rétablir la paix entre deux personnes, nourrir les pauvres, visiter les malades et enterrer les morts.
YiRouChaLaïM (Jérusalem) est, littéralement, la « Ville du double
ChaLoM ». Elle est le lieu où l’homme est appelé à coopérer avec D. à la sanctification à la fois de l’espace, du temps et de l’existence. La réunification historique de Jérusalem est le symbole non seulement d’une réunion des peuples, mais de la complétude du visible et de l’invisible.
A.-M. D.