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Réflexion sur la transmission à partir d’une dracha de Roch Hashana

Le second jour de Roch Hashana on lit la paracha Vayera, la ligature d’Isaac ( עֲקֵדַת יִצְחַק Akedát Yitzhák). C’est un texte très commenté, par les juifs comme par les chrétiens. Le rabbin de la synagogue Massorti d’une petite ville de la côte Est des USA a choisi de baser sa dracha (commentaire) sur l’histoire détaillée de la vie de Jean-Marie Lustiger !

Pourquoi le cardinal Lustiger dans un commentaire de Roch Hashana ? Le rabbin avait vu dans la semaine au cinéma « The jewish cardinal », le téléfilm d’Arte « Le métis de Dieu » sur la vie de Jean-Marie Lustiger.

Pourtant, pas question de dialogue judéo-chrétien, c’est de transmission qu’il s’agissait.

Pas de Talmud, Midrash ou Kabbale, du concret.

Toute l’histoire du cardinal y passa : ses parents, sa mère Gisèle qui ne revint pas d’Auschwitz, son père Charles qui survécut, le petit Aaron caché à 13 ans à Orléans, converti au catholicisme à 14 ans mais qui ne devint pas un simple catholique, mais un catholique froum (très religieux) dit le rabbin : Prêtre puis évêque, archevêque, cardinal !
Évidemment cela brisa le lien avec son père et sa famille juive. Le cardinal Lustiger refusa de dire la Kaddish sur la tombe de son père, malgré la demande de ce dernier.
 
Mais quelques années plus tard, à sa demande, lors de ses obsèques, avant l’entrée dans la cathédrale Notre-Dame de Paris et la liturgie catholique, de la terre recueillie en Israël fut déposée sur son cercueil ; son cousin Arno Lustiger et son arrière-petit cousin Jonas Moses-Lustiger, de confession juive, récitèrent le Psaume 113 en hébreu, et le Kaddish.

Cette histoire est extraordinaire, unique. Oui... mais... pas tant que cela, commenta le rabbin. Combien de personnes éduquent très bien leurs enfants, leur transmettent leurs valeurs, leur tradition religieuse, et ensuite, les enfants suivent leur chemin, ils sont libres comme l’était Isaac après l’épisode de la ligature. Comme les parents d’Aaron Lustiger, beaucoup de parents de la synagogue élèvent leur enfants dans la tradition juive, les envoient au Talmud Tora, les emmènent tous les samedis à la synagogue, leur transmettent leur amour d’Israël, mais combien d’enfants devenus grands abandonnent voire rejettent tout cela ? On peut transposer à la transmission chez les chrétiens.

Mais pourtant il faut continuer et toujours transmettre, sans oublier que celui à qui on transmet s’appropriera ce qu’on lui a transmis pour le faire vivre à sa façon, souvent différente de celle de ses parents ou maîtres, quand il ne prendra pas un chemin très différent comme le petit Aaron.

Tel était le message du rabbin en cette fête de Roch Hashana.
Ce qui est vrai pour la transmission de la tradition juive s’applique à bien d’autres choses, pour que la vie continue en se renouvelant, nous nous devons de transmettre nos valeurs, entreprises, associations, revues... même si les récipiendaires en font quelque chose de différent.

RV , octobre 2014