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Messie

De l’hébreu « MaSHlaH » (oint), traduit en grec par « kristos ». Dans le TaNaKh, est « MaSHlaH » celui sur qui D. prescrit de verser l’huile d’onction : le roi et le prêtre, investis d’une fonction de représentants de la volonté divine (c’est ainsi que Cyrus est également appelé le MaSHiaH de D., (Isaïe 45,1). Celui qui devient messie est donc au service de D., il ne s’identifie pas à Lui.

C’est dans la littérature prophétique que le Messie commence à apparaître comme un descendant de la dynastie de David qui restaurera la royauté et incarnera les vertus d’Israël.

Et c’est à l’époque du second Temple que le mot prend un sens eschatologique ; sous l’occupation romaine, il se cristallisera en attente messianique. Jésus est ainsi apparu comme « messie » pour certains de ses contemporains au Ier siècle, et Bar Kokhba pour certains de ceux qui combattaient dans la deuxième guerre contre Rome au IIe siècle. Plus tard, au Moyen Age et jusqu’au XVIe siècle, les souffrances d’Israël sont apparues comme « les douleurs d’enfantement du messie », suscitant du même coup des spéculations messianiques et l’espoir de trouver un sauveur dans toute personnalité charismatique qui se présentait.

A l’époque rabbinique se cristallise l’idée que la rédemption sera assurée par deux messies :
 le Messie fils de Joseph livrera d’abord les batailles de D. et d’Israël, il rassemblera les dispersés, et assurera la stabilité politique et économique d’Israël libéré du joug des nations ;
 et, « à la fin des temps », le Messie fils de David déclenchera la rédemption finale, et signera la transfiguration de la Création.

Pourquoi Joseph et pourquoi David ? Joseph, fils de Jacob et vice-roi d’Égypte, incarne l’idéal de la fraternité au sein des nations, tandis que David, de la descendance de Juda (autre fils de Jacob), l’incarne au sein d’Israël. La réalisation de ce double aspect de la fraternité universelle témoignera donc du parachèvement de l’humanité.

Pour le Judaïsme, le Messie n’est pas une entité divine, mais envoyé par D., il sera le signe de la régénération parfaite de la Création et de la reconnaissance du Créateur par toute l’humanité. Les discussions du Talmud témoignent de ce que la personnalité, la description du messie restent secondaires ; c’est l’exigence de la rédemption qui est primordiale, non le rédempteur. Qu’il soit un héros glorieux, un serviteur souffrant, un laïc ou un prêtre, la réincarnation du prophète Élie ou un descendant de David, le messie est un humain, et sa venue est considérée comme faisant partie du plan de la Création. Les noms qui sont proposés pour l’identifier ne font qu’exprimer sa vocation de consolation, de salut, ou de pacification.

A.-M. D.