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Hanoukka, fête de la dédicace

(Article paru dans SENS n°173, décembre 1992)

Demi-Fête (ou « petite » Fête), car elle n’est pas chômée. Fête historique qui ne figure pas dans la Torah.
Fête de l’inauguration de l’autel du Temple (après sa profanation). Fête des Lumières.
Elle a lieu du 25 Kislev au 3 Teveth. Elle dure donc 8 jours, au mois de décembre. Elle commémore la victoire de quelques Juifs résistants sur la puissante armée syrienne (séleucide) d’Antiochus Épiphane.

Historique

En 165 avant notre ère, d’après les 1er et 2e livres des Maccabées, Lysias, général syrien, lève une armée de 600.000 hommes pour exterminer les Juifs. Juda Maccabée (fils du prêtre Mathatias, dont la famille s’était soulevée contre la persécution qui prétendait interdire l’étude et la pratique de la Torah et leur substituer un culte idolâtrique) s’avance vers elle avec 10.000 hommes et engage le combat après avoir invoqué le Dieu d’Israël.

Les Judéens vainqueurs reprennent Jérusalem, et après avoir purifié le Temple, veulent restaurer le culte - et rallumer les lumières de la Ménorah (chandelier à 7 branches). Mais ils ne trouvent qu’une petite fiole d’huile « casher » portant le sceau intact du grand prêtre (les autres ayant été profanées). Il y avait de l’huile à peine pour un jour. Or, 8 jours étaient indispensables pour la préparation d’une huile pure. Par mi­racle, l’huile de la petite fiole dura 8 jours. D’où les 8 jours de la durée de la fête de Hanoukka - et le rite de l’allumage des bougies sur un chan­delier à 8 branches : la Hanoukkia.
C’est le symbole de la « victoire de l’esprit sur la force brutale, du Ju­daïsme sur le paganisme, image de l’âme d’Israël et de la pérennité » (Rabbin E. Gugenheim). Car, selon la prophétie de Zacharie, 4, 6 : « ce n’est ni par la force ni par la violence, mais par Mon esprit » que cela s’est produit. C’est du fond même de l’obscurité que la lumière brillera et vaincra.

D’après le Midrash, pour donner le signal de la résistance à l’oppresseur, Mathatias et ses fils ont allumé des· feux sur un sommet. Les Hassidim qui guettaient le signal, à leur tour, allumèrent des feux sur les hauteurs et tout le Pays devint une immense Ménorah.

« La lumière de la Ménorah, dit A. Abécassis, c’était pour les Hassidim, l’éclat de l’amour qu’ils avaient pour l’Éternel, pour le Pays et pour le peuple. Le miracle de la Lumière qui a duré plus de 24 heures, c’était la pérennité de l’amour que l’Éternel portait à travers eux au Temple d ’Israël, le signe de l’Alliance perpétuelle entre un peuple qui vient de se libérer physiquement et qui, avec le peu d’huile qu’il possède, essaye, malgré tout, d’allumer une lumière, tout en sachant qu’il lui sera impossible de l’entretenir ».

Rite

Durant ces 8 jours, tout deuil, tout jeûne sont interdits. Tous les soirs, à la maison comme à la synagogue, la famille réunie - y compris les enfants - va procéder à l’allumage des bougies : une le premier jour, deux le suivant, et ainsi de suite jusqu’à ce que toutes les bougies soient allumées.
On ne travaille pas pendant que les bougies brûlent, mais après les bénédictions d’usage, on chante des Psaumes et des airs populaires en contemplant la flamme et en se rappelant le miracle de l’huile. Les enfants reçoivent des cadeaux et jouent avec une toupie à quatre faces où sont gravées les premières hébraïques des mots : Ness Gadol Haya Sham, « Ce fut là un grand miracle ».

Jadis la hanoukkia était placée dans la rue devant les maisons, comme un témoignage. Aujourd’hui, on la place près d’une fenêtre pour qu’elle soit visible par tous au dehors.

Fête de la lumière

Au cœur de l’hiver et de l’obscurité, au moment du solstice, Hanoukka, (comme Noël), fête la lumière. Les rabbins font remarquer, pour justifier la fixation de Hanoukka au 25 Kislev, que le 25· mot de la Torah dans la Genèse est or : lumière, que la 25· étape des Hébreux dans le désert s’appelle Hashmona et que ce mot est le nom de la famille des Maccabées et que le 25 kislev est le jour où fut terminé le sanctuaire dans le désert - et le second Temple.

Thème messianique de la délivrance, du combat entre la Lumière et les Ténèbres (cf. les écrits des Esséniens - et l’évangile de St-Jean), il s’agi t de faire éclater la Lumière. En ajoutant une lumière au chandelier du Temple qui en avait 7 et en fixant la durée de la Fête à 8 jours, les rabbins proclamaient la nature messianique de cette fête, le chiffre 8 ayant une coloration messianique (que l’on trouve dans le dimanche chrétien, lendemain du Shabbat).

De même l’huile qui sert pour l’onction des rois et du Messie. Le mot hébreu SHeMeN : huile, est proche de celui du chiffre 8 : SHeMoNé. La circoncision, fixée au 8e jour, signifie le passage de l’enfant du stade naturel au stade surnaturel, celui de la Lumière intérieure. La Hanoukkia est allumée après le coucher du soleil (lumière extérieure).

Soyons donc des Hommes, de Lumière ! Lumière « qui ne doit pas être mise sous le boisseau » dit l’Évangile de Matthieu 7, 15 ; mais sur le chandelier pour éclairer ceux qui sont dans la maison » - et le monde. Le propre de la flamme est de se diriger toujours vers le haut et de se trans­ mettre sans s’amoindrir ou disparaître. Au contraire, la flamme multi­ plie les lumières autour d’elle, disent les rabbins, sans rien perdre d’elle­ même.

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Proverbes 20, 27 : « l’âme de l’homme est une lampe divine ».

Zohar : « Viens contempler : lorsque la lumière monte, toutes les forces de l’impur e té sont vaincues et disparaissent. C’est alors que l’Assemblée d’Israël dialogue avec le Saint-Béni-soit-il ».