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David Meyer, Tareq Oubrou, Michel Remaud : "La vocation de la Terre sainte"

Un juif, un chrétien et un musulman s’interrogent.

Notre ami Michel Remaud nous fait part de la parution le 18 septembre 2014 de son dernier ouvrage en collaboration avec le rabbin David Meyer et l’imam Tareq Oubrou.

Avant une recension : présentation et avant-propos

La vocation de la Terre sainte

Un juif, un chrétien et un musulman s’interrogent

David Meyer, Tareq Oubrou, Michel Remaud


Editions Lessius, Coll. L’Autre et les autres , n° 15
Parution : 18/09/2014
24,50 €

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Avant-propos

Le présent ouvrage, qui regroupe les essais et réflexions de trois théologiens sur deux questions religieuses liées à la réalité politique de l’Etat d’Israël – la question de la relation à la terre et celle de la relation au pouvoir – se veut avant tout être un travail théologique audacieux et novateur. Alors que nombreux sont les livres traitant du conflit politique entre Israéliens et Palestiniens et du dialogue judéo-musulman dans le cadre global du conflit moyen-oriental, aucun ouvrage n’avait jusqu’à présent tenté de présenter en parallèle les perspectives théologiques du judaïsme, du christianisme et de l’islam. Perspectives religieuses des trois monothéismes, osant une approche tangente à la question politique de l’existence de l’Etat d’Israël, tout en s’ancrant fermement dans une réflexion fondamentalement théologique, consciente de ses responsabilités et de ses limites mais également de sa liberté et de sa possible audace face à l’ébullition passionnelle permanente du conflit moyen-oriental.

Le pari de cet ouvrage était donc d’engager trois penseurs religieux sur le chemin d’une réflexion capable d’éclairer sous un jour nouveau les enjeux religieux (puis politiques, car dans cette région du monde la pensée religieuse peut enflammer ou apaiser les passions politiques) créés par la réalité de l’existence de l’Etat d’Israël. Car l’Etat d’Israël est avant tout une réalité politique incontournable de notre époque. Celle-ci, au-delà de toutes polémiques et conflits, constitue donc le point de départ de ce travail. Réalité politique qui interroge les traditions religieuses des acteurs principaux du conflits : judaïsme, christianisme et islam. Une interrogation théologique qui ne se limite pas aux problématiques éthiques appréhendées comme conséquences d’un conflit douloureux qui s’éternise entre deux peuples et de trois traditions religieuses se réclamant d’une même terre, mais qui ose envisager que les ébauches de solutions politiques peuvent également se trouver au cœur des discours théologiques.

Cet ouvrage a voulu aller plus loin, en proposant un travail plus en profondeur, qui s’attèle à interroger en même temps la complexité mais aussi le potentiel des traditions religieuses sur les deux questions épineuses de la relation à la terre et de la relation à la pratique du pouvoir. L’originalité et la force de ce livre tiennent donc au refus de trouver un refuge apaisant dans un débat théologique qui aurait fait abstraction de la réalité politique de la situation présente entre Israéliens et Palestiniens, entre juifs, musulmans et chrétiens en Terre sainte. Car si vaste est la littérature religieuse analysant en détail les notions de sainteté de la terre dans le cadre théorique des récits bibliques (Ancien et Nouveau Testaments) et coraniques, rares sont ceux qui se sont aventurés dans une réflexion théologique traitant au plus près d’une situation politique bien réelle. Plus rares encore sont ceux qui ont osé faire référence au savoir de leurs propres traditions pour y puiser la sagesse mais surtout l’audace d’une pensée « hors des sentiers battus », capable de proposer une véritable alternative théologique à la situation politique d’aujourd’hui, totalement bloquée entre les acteurs du conflit.

Afin de rendre possible cet échange créatif entre les trois auteurs, une grande liberté a été laissée à chacun afin qu’il puisse traiter à sa guise, et en adéquation avec sa propre sensibilité religieuse, les deux thématiques théologiques au cœur de cet ouvrage. Pour l’un - le contributeur juif, - la question de la relation à la terre précède celle de la relation au pouvoir. Pour l’autre -le contributeur musulman, - c’est au contraire la question de la pratique politique du pouvoir qui, au niveau théologique, précède celle de la relation à la terre. Chacun se basant sur ses propres textes fondateurs puis sur la réalité de l’expérience historique de sa tradition et de son peuple pour proposer des pistes de réflexions audacieuses et novatrices. Enfin, pour le troisième - le contributeur chrétien, - les deux thématiques sont tellement imbriquées l’une dans l’autre qu’elles sont finalement analysées de manière simultanée, à la lumière non seulement des enseignements des Evangiles mais également d’une analyse pointue des déclarations et documents récents de l’Eglise. Finesse de l’analyse qui elle aussi permet un regard théologique novateur et pertinent sur la réalité politique d’aujourd’hui.

De manière parfois surprenante, la lecture des pages qui suivent permet de découvrir la force d’un dialogue théologique capable de créativité et d’apaisement, sans pour autant sombrer dans une analyse naïve et piétiste à l’extrême qui ne pourrait être que déconnectée de la réalité politique complexe du Moyen-Orient d’aujourd’hui. Entre fidélité à des traditions anciennes et volonté de proposer des pistes théologiques de résolution du conflit moyen-oriental, les trois contributions composant cet ouvrage sont une invitation à penser différemment les enjeux religieux du conflit en Terre sainte et à trouver dans l’érudition théologique les sources d’un apaisement possible, portant en lui des pistes politiques porteuses de paix et d’harmonie.