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Rabbin Daniel Farhi vient d’être rappelé par le Créateur : Hommage de Philippe Haddad

Daniel Farhi : un bâtisseur dans l’écoute

Rabbi Daniel Farhi (que le souvenir du juste soit bénédiction) vient d’être rappelé par notre Créateur. "Dieu a donné, Dieu a repris, que le nom de Dieu soit béni". La douleur est grande. Condoléances à sa famille. Sans amour entre les êtres nous ne connaitrions pas la douleur de la séparation, mais que serait une vie sans amour ?
Daniel Farhi fut un bâtisseur, bâtisseur d’une communauté d’abord le MJLF, Mouvement Juif Libéral de France, mais aussi d’un certain judaïsme.

Photo Daniel Farhi, Crédits : CC BY-SA 2.0

Car le judaïsme a toujours été pluriel, depuis les temps antiques des tribus israélites jusqu’au judaïsme contemporain, en passant par les mouvances du second Temple (judéo-chrétienne comprise) ou les expressions lituaniennes et hassidiques. "Le judaïsme" a toujours été et restera (grâce au Ciel) « des judaïsmes ».

Quelle pierre à l’édifice judaïque apporta Daniel Farhi ? Le visage de l’accueil de l’autre, du tout autre ; d’où son engagement incessant pour les dialogues intra-communautaires (je me souviens des débats au Centre Communautaire de Paris) et intercommunautaires (AJCF et autres).

Daniel Farhi avait totalement intégré l’harmonie entre amour de Dieu et amour du prochain. D’une certaine manière il fut mon maître qui me permit de cheminer vers cette sortie du religieux par trop excessif qui place les mitsvoth (commandements) au dessus des midoth (vertus).

Il a été l’âme du MJLF, comme on dit que le Chabbat constitue l’âme des 6 jours de la semaine. Si, comme l’enseigne Jésus on reconnaît l’arbre à ses fruits, incontestablement le dynamisme de la sympathique communauté de Beaugrenelle doit beaucoup à Rabbi Daniel, dont une génération de rabbins, tous talentueux et vertueux.

« On ne bâtit pas sa maison sur du sable, mais une terre solide », aussi Daniel Farhi lutta toute sa vie pour la mémoire juive. Pour les 6 millions de victimes que la barbarie nazie avait réduites à des numéros, il rendit des noms. Or le nom est la dignité de l’humain, car Dieu possède un nom. Et toute négation du nom, tout "anti-sémisme" vaut déicide.

"Judaïsme en mouvement" - la part de judaïsme dans laquelle je me reconnais et pour laquelle je milite - produit deux revues l’une s’appelle Ténoua "Mouvement" et l’autre Chéma "Ecoute" ; ne sont-ce pas là les deux rejetons de l’inspiration de Daniel Farhi ? Aller de l’avant pour faire vivre "un judaïsme dans son siècle" en restant à l’écoute des voix des siècles passés, pour que la vie triomphe.

Daniel Farhi restera un bâtisseur de paix, il mérite d’être appelé enfant de Dieu.

25 Août 2021

Philippe Haddad
Un orphelin dans l’espérance
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