A partir du moment où les Hébreux demanderont à avoir un roi (1 S. VIII), il faudra que celui-ci soit issu du peuple hébreu - non par chauvinisme, mais parce que, porteur de la même histoire et de la même vocation, il n’usera pas de tyrannie envers ses frères ; de plus, il saura préserver le particularisme d’Israël. Désigné par D., le roi n’a de légitimité que celle que D. lui donne ; oint par le prophète, il est soumis aux principes de l’éthique (le prêtre étant, pour sa part, soumis aux règles de la sanctification et représentant un autre pouvoir au sein de la société hébraïque - cf. Cohen). Ce sont malheureusement les transgressions de ces principes par Salomon, et ses excès, qui marqueront le début de la décadence de la royauté, provoquant le schisme et, à long terme, l’exil de Babylone.
Le roi est souvent appelé « fils de l’Éternel » dans le TaNaKh ; cela signifie qu’il est comme adopté le jour de son intronisation, roi sur son peuple comme D. est roi sur l’humanité. Mais cette « adoption » n’a jamais donné naissance à un culte du souverain en Israël ; même « fils de D. », le roi n’est pas élevé au rang divin, comme c’était le cas dans les religions égyptienne ou mésopotamienne (et, plus tard, romaine).
Premier sujet du Roi du monde, le roi est choisi pour accomplir sa mission dans la fidélité à la volonté divine. Détenteur de pouvoir, il n’a pourtant pas le pouvoir absolu : il est soumis à la Torah dont il doit toujours porter un exemplaire avec lui et dont il est le garant : l’obéissance aux mitzvot est l’antidote à l’abus de pouvoir. Si le terme n’était anachronique, on pourrait comparer le roi d’Israël à un monarque constitutionnel (la Torah représentant la référence légale).
Oint, messie, consacré, le roi est responsable à la fois du culte (mais ne peut se substituer au prêtre), de la paix et la prospérité dans le pays. Les rois d’Israël trahiront souvent cet idéal, qui survivra dans l’espérance messianique.
Le contenu et les limites des prérogatives royales feront l’objet des débats des Sages, consignés dans le traité Sanhédrin.
Sur un autre plan, les Sages, en fixant la formule des bénédictions quotidiennes, les ont placées sous l’invocation de D. comme Roi : lorsque les Juifs prononcent une bénédiction (« Bénis es-Tu Éternel, notre D., Roi du monde, qui... » etc.), ils expriment l’idée que la Toute-puissance divine est à la fois immanente (« notre D. ») et transcendante (« Roi du monde »). D. est non seulement maître souverain du surnaturel et du naturel, mais de l’histoire. « Roi des rois des rois » (autre appellation utilisée dans la liturgie juive), D. en tant que souverain absolu, charge Israël de Le faire réellement régner sur le monde, par une conduite de justice et de sainteté. D. est Roi du monde lorsque les hommes Le reconnaissent comme tel et se comportent en conséquence.
A.-M. D.