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Roi

La nomination d’un roi qui gouverne Israël est prévue par la loi mo­saïque (Dt XVII, 14-15). Cette éventualité, consécutive à la conquête du pays, est déterminée par le consensus du peuple. L’histoire d’Israël ne commence donc pas avec l’instauration d’une dynastie, la royauté n’est pas prescrite à Israël pour se défendre ou conquérir, et le roi n’est pas le personnage prépondérant de l’histoire biblique.

A partir du moment où les Hébreux demanderont à avoir un roi (1 S. VIII), il faudra que celui-ci soit issu du peuple hébreu - non par chauvinisme, mais parce que, porteur de la même histoire et de la même vocation, il n’usera pas de tyrannie envers ses frères ; de plus, il saura préserver le particularisme d’Israël. Désigné par D., le roi n’a de légitimité que celle que D. lui donne ; oint par le prophète, il est soumis aux principes de l’éthique (le prêtre étant, pour sa part, soumis aux règles de la sanctification et représentant un autre pouvoir au sein de la société hébraïque - cf. Cohen). Ce sont malheureusement les trans­gressions de ces principes par Salomon, et ses excès, qui marqueront le début de la décadence de la royauté, provoquant le schisme et, à long terme, l’exil de Babylone.

Le roi est souvent appelé « fils de l’Éternel » dans le TaNaKh ; cela si­gnifie qu’il est comme adopté le jour de son intronisation, roi sur son peuple comme D. est roi sur l’humanité. Mais cette « adoption » n’a ja­mais donné naissance à un culte du souverain en Israël ; même « fils de D. », le roi n’est pas élevé au rang divin, comme c’était le cas dans les religions égyptienne ou mésopotamienne (et, plus tard, romaine).

Premier sujet du Roi du monde, le roi est choisi pour accomplir sa mission dans la fidélité à la volonté divine. Détenteur de pouvoir, il n’a pourtant pas le pouvoir absolu : il est soumis à la Torah dont il doit toujours porter un exemplaire avec lui et dont il est le garant : l’obéissance aux mitzvot est l’antidote à l’abus de pouvoir. Si le terme n’était anachro­nique, on pourrait comparer le roi d’Israël à un monarque constitutionnel (la Torah représentant la référence légale).

Oint, messie, consacré, le roi est responsable à la fois du culte (mais ne peut se substituer au prêtre), de la paix et la prospérité dans le pays. Les rois d’Israël trahiront souvent cet idéal, qui survivra dans l’espérance messianique.

Le contenu et les limites des prérogatives royales feront l’objet des dé­bats des Sages, consignés dans le traité Sanhédrin.

Sur un autre plan, les Sages, en fixant la formule des bénédictions quo­tidiennes, les ont placées sous l’invocation de D. comme Roi : lorsque les Juifs prononcent une bénédiction (« Bénis es-Tu Éternel, notre D., Roi du monde, qui... » etc.), ils expriment l’idée que la Toute-puissance divine est à la fois immanente (« notre D. ») et transcendante (« Roi du monde »). D. est non seulement maître souverain du surnaturel et du naturel, mais de l’histoire. « Roi des rois des rois » (autre appellation uti­lisée dans la liturgie juive), D. en tant que souverain absolu, charge Is­raël de Le faire réellement régner sur le monde, par une conduite de justice et de sainteté. D. est Roi du monde lorsque les hommes Le re­connaissent comme tel et se comportent en conséquence.

A.-M. D.