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Hommage à Robert Badinter par père Christophe Le Sourt

Monsieur Robert Badinter, ancien Ministre de la Justice et Garde des Sceaux, ancien Président du Conseil Constitutionnel, est décédé à Paris le 9 février 2024, date anniversaire de la Rafle de la rue Sainte-Catherine à Lyon où son père fut pris et emmené vers Sobibor où il sera assassiné.
Le père Christophe Le Sourt, directeur du Service National des Relations avec le Judaïsme à la Conférence des évêques de France lui rend hommage.

Non à la "haine vertueuse"

 La justice au service de la fraternité, interview de Robert Badinter ,SNRJ

« Il fut un moment de la conscience humaine. ». Ces mots sont d’Anatole France lors des funérailles d’Émile Zola. Ils conviennent parfaitement à Robert Badinter. Du reste, dès l’annonce de son décès, la Conférence des Évêques de France lui rendait un vibrant hommage sur les réseaux sociaux « rendant grâce pour l’inlassable combat de Robert Badinter en faveur de la dignité humaine. »
L’ancien ministre de la Justice, Garde des Sceaux, avait accepté, très volontiers, d’apporter sa contribution à un Colloque, organisé par le SNRJ en janvier 2021, consacré à la fraternité humaine. Il nous avait paru judicieux de le solliciter afin qu’il puisse apporter son éclairage sur le rapport entre Fraternité et Justice. Robert Badinter nous avait reçu chez lui pour l’enregistrement d’une vidéo que nous avons remise en ligne sur notre site et que nous vous proposons, à nouveau, dans cette Newsletter. Après avoir, dans un bref échange, restitué les objectifs de notre rencontre et préparé dans un long silence méditatif son intervention, il a débuté sa réflexion, dans un magnifique sourire, par une chaleureuse adresse à son auditoire virtuel, puis déploya sa pensée avec précision. Il nous a livré ces mots comme un point de repère essentiel : « Le droit a besoin d’un supplément d’âme pour servir la fraternité ».
Nombreux furent les combats de Robert Badinter. C’est ainsi que le 6 décembre 2016, à l’Unesco, il fit part de son inquiétude devant la résurgence de l’antisémitisme. L’antisémitisme s’est à nouveau largement déployé sous la dénomination d’antisionisme. Il faut avoir la lucidité de reconnaître que sous cette dénomination qui renvoie au sionisme, ce sont bien les Juifs, et les Juifs partout, qui sont visés. Et je dirais que l’antisionisme n’est en profondeur rien d’autre que l’expression contemporaine de l’antisémitisme, c’est-à-dire de la haine des Juifs ».
Récemment, à l’occasion de la publication de son dernier ouvrage, Alain Finkielkraut a expliqué « Je suis très attaché à Israël mais je n’ai jamais eu le projet de m’y établir. Pour le meilleur et pour le pire, ma vie est en France. Je ne suis donc pas sioniste à proprement parler. Mais avec la nazification du sionisme, l’antisémitisme est devenu antiraciste. (…) Je prends acte de cette réalité : la haine vertueuse ».
Que cette formule percutante nous éveille tous à la plus grande vigilance face à ce nouveau visage de l’antisémitisme.
Père Christophe Le Sourt
Directeur du SNRJ
Membre du Comité Directeur de l’AJCF