Carême, le temps d’une nouvelle simplicité pour la terre Par Jane Stranz
La semaine prochaine voit le commencement du carême, un temps de 40 jours qui prépare Pâques. Un temps d’écoute, de prière et d’engagement renouvelé au cours duquel chacun essaie de mieux suivre la voie et la voix du Christ, de prier, d’entrer dans son enseignement.
Traditionnellement la période du carême est un temps de jeûne. Ce jeûne est très suivi dans les Églises orthodoxes et catholiques et dans certaines Églises issues de la Réforme, comme les Anglicans et les luthériens. Théologiquement les protestants sont plutôt réticents concernant le jeûne, mettant en avant que la grâce est librement donnée par un Dieu généreux et qu’on ne l’achète pas par ses actes. Toutefois la sobriété, la modération et la simplicité ont toujours tenu des places importantes dans la spiritualité protestante.
Pendant ce temps du Carême il y a plusieurs actions œcuméniques et confessionnelles qui invitent à développer une nouvelle relation avec la création et à se rencontrer et travailler avec d’autres chrétiens pour plus de justice et de paix. Pour la deuxième année de suite, le mouvement « Chrétiens unis pour la terre » propose un carême pour la terre, un temps sans viande et sans poisson, un temps où on s’engage à mieux respecter ses propres limites et celles de la terre. Cette année un site web accompagne l’initiative et offre, entre autres, quelques perspectives théologiques de différentes confessions.
En même temps, une initiative de jeûne pour la « justice climatique » est soutenue par la Fédération luthérienne mondiale. Le pasteur Robin Sauter, du réseau Bible et création, a écrit une réflexion sur sa propre expérience de jeûne pour le climat. Martin Kopp qui vient de Strasbourg est très actif dans ce mouvement et a écrit un article expliquant la notion de « justice climatique ».
« Sept semaines pour l’eau » est une campagne annuelle du Réseau œcuménique de l’eau du Conseil œcuménique des Eglises. A travers des méditations et actions proposées chaque semaine, les chrétiens sont encouragés à mieux comprendre les enjeux autour des questions de l’eau, au niveau géopolitique, humain et spirituel. La journée internationale de l’eau, le 22 Mars, sera au milieu du carême cette année.
Ces quarante jours qui précèdent la fête de la résurrection sont aussi souvent l’occasion de prendre le temps pour des études bibliques, ou pour prier dans la simplicité avec des chrétiens d’autres traditions dans des rencontres œcuméniques du style « Prière, pain pomme », qui ont lieu à Lyon et Valence.
Enfin, Le Défi Michée nous encourage cette année à prier pour les plus démunis avec une prière pour les affamés. pendant le carême.
A ne pas manquer : les Conférences de Carême 2014 sur France Culture
6 émissions diffusées sur France Culture du Dimanche 17 février au dimanche 24 mars à 16h
Avec les pasteurs Corinne Akli et Marianne Guéroult : « Quel Esprit vous anime ? »
Source : site de la Fédération Protestante de France, 27 février 2014 :
Le protestantisme est pluriel : réformés, luthériens (ces deux derniers sont maintenant réunis en France et forment l’Eglise Protestante Unie) , évangéliques ... etc. Il est donc difficile de donner des informations précises pour l’ensemble des protestants. Nous souhaitons néanmoins éclairer quelques points souvent éludés ailleurs en parlant des chrétiens en général alors que la tradition citée est uniquement catholique.
Voici ce que dit le site Carême Protestant (Église Réformée) :
Qu’est-ce que le Carême pour les Protestants ?
Le Carême ne fait pas partie de la tradition protestante.
Essentiellement pour des raisons historiques. Au tout début du protestantisme, les Réformateurs ne se sont pas prononcés à son sujet. Le carême était trop associé à un contexte de bonnes œuvres, à un esprit de contrition contradictoire avec l’idée de Grâce. Par la suite, tout ce qui ne relevait pas de la Grâce seule a été rapidement abandonné. De ce fait, le carême est tombé en désuétude chez les protestants, qui sont, de surcroît, relativement étrangers au fait de se fixer des règles de conduite pour une période particulière.
Aujourd’hui, quelle place peut-on donner au Carême au sein de notre Église Réformée ?
Cela fait maintenant plusieurs années que l’Église Réformée retrouve l’utilité de ce temps précédant Pâques. Il n’existe, bien entendu, aucune règle institutionnelle en la matière. Mais le Carême peut, dans notre vie chrétienne, correspondre à un temps de réflexion. Une période pendant laquelle on peut se demander, ou se redemander, ce que signifie être disciple du Christ dans notre quotidien. Autrement dit, ce temps devient l’occasion de prendre du recul, de faire un bilan des orientations que l’on donne à sa vie. En mesurant l’écart entre la réalité et ce que Dieu pourrait attendre de nous. Cela procède plus de la réflexion que d’actes concrets, et plus de la pédagogie chrétienne que du fondement de la foi protestante.
Un autre éclairage : « Le Carême est inconcevable pour nous protestants »
Une interview de l’aumônière protestante à la prison des femmes de Rennes en février 2010 dans le journal La Croix
Extrait : « Le Carême ne se vit pas en général chez les protestants pour la bonne raison que, la grâce de Dieu étant gratuite, une préparation à Pâques qui passe par des privations ou autres pratiques méritoires ne se justifie pas. C’est même inconcevable pour nous. [...]
Si nous organisons, à la Fédération protestante de France, des conférences de Carême depuis 1928, c’est d’une certaine manière pour faire écho au Carême catholique et faire entendre une prédication autour de l’Évangile. »
Et pourtant il existe un carême protestant alsacien. Le livret des lectures dominicales de l’UEPAL 2012 annonce mercredi 22 février, le mercredi des cendres, début du carême. A Paris, l’Église luthérienne célèbre un Office régional des cendres le Mercredi 22 février 2012 pour marquer l’entrée en Carême. Depuis quelques années l’inspection ecclésiastique de Paris propose le geste de l’imposition des cendres au cours d’un culte régional. « Au début, nous avons hésité, mais il nous a semblé que ce geste avait un sens très fort, explique Marie-France Robert, ancienne inspectrice ecclésiastique. Nous le vivons comme un geste de pénitence, au cours d’un service qui invite à se placer en vérité devant Dieu. » Les textes bibliques du mercredi des Cendres sont les mêmes que ceux de la liturgie catholique, mais les luthériens n’y célèbrent pas la Sainte Cène, « car nous sommes ce jour-là dans une démarche de pénitence et d’attente », indique Marie-France Robert.
Et nous ne parlons pas de toutes les églises protestantes : la fédération protestante de France est constituée de 26 unions d’Églises.
Il est donc difficile de dire ce que le Carême représente pour elles.
Nous pouvons retenir que :
– Le Carême ne fait pas partie de la tradition protestante.
– cependant pour certains d’entre eux, le Carême est devenu un temps de réflexion avant Pâques, avec des conférences ou des rites proches de ceux des catholiques.