Comment se fait-il que si peu de rencontres aient eu lieu entre les maîtres chrétiens et les maîtres juifs des tout premiers siècles ? Est-ce la différence de langues - hébraïques pour les uns, grecques pour les autres -, et donc de culture, qui expliquerait cette méconnaissance mutuelle qui persiste à travers les millénaires ?
Le regard croisé des Rabbins et des Pères de l’Église sur la rencontre du serviteur d’Abraham avec Rébecca au puits présenté dans cette étude, à la lumière des différentes versions (hébreux, grec, targum) et des commentaires élaborés durant les cinq premiers siècles, nous révèle que "chantent, à leur insu peut-être, des mélodies qui s’harmonisent". Sandrine Caneri dévoile ici un champ quasi-vierge d’investigations par la mise en vis-à-vis des perspectives juives et chrétiennes d’Orient, d’où jaillit une richesse insoupçonnée.
Sandrine Caneri, bibliste orthodoxe (patriarcat d’Antioche), est vice-présidente de l’Amitié judéo-chrétienne de France. Elle est doctorante et continue ses recherches sur l’herméneutique des Pères de l’Église et des diverses sources de la tradition juive.