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Nom

L’aptitude à nommer fonde l’homme comme sujet (cf. Gn. II, 19). Mais nommer, dans la pensée sémite, n’est pas seulement identifier et objectiver. C’est dire la réalité-même de la chose ou de l’être nommé, d’où le caractère si concret de la langue biblique.

Un nom y est donc toujours un message - ce qui permet le lien entre le nom d’une personne et la destinée (cf. ITSHaK : « il rira » ; CheLoMo : sa paix) ou le changement de nom qui accompagne une vocation (cf AVRaM et YAaKoV devenus AVRaHaM et ISRaEL). L’hébreu ne connaît pas les noms propres, et il n’y a pas de majuscules dans l’écriture hébraïque.

Dans la pratique familiale juive, la nomination publique d’un enfant revient au père. La mère connaît l’enfant de par l’intimité de sa gestation, mais c’est au père de le reconnaître, et de le faire connaître. Au-delà de la fi­liation biologique, l’autonomie ontologique de l’enfant est ainsi affirmée.

Selon une coutume post-biblique, le nom (hébraïque) d’un garçon n’est révélé qu’au moment de la circoncision, et celui d’une fille est annoncé lors d’un office public à la synagogue. Les noms les plus courants sont empruntés à la Bible ou au Talmud, et l’enfant reçoit en général celui d’un grand-parent (décédé chez les Achkénazes, en vie chez les Séfarades). Quant aux patronymes, hormis Cohen et Lévi qui renvoient à une ascendance antique, ils évoquent le plus souvent une origine géographique (Alfassi = de Fez ; Warchavski = de Varsovie), un métier (Schuster = savetier ; Dayan = juge) ou un trait physique.

A.-M. D.

En Israël, la tendance est à l’hébraïsation des noms étrangers pour marquer la rupture avec la vie en Diaspora (David Grün = David Ben Gourion).

La maxime talmudique « Celui qui cite un propos au nom de son auteur apporte la délivrance au monde » invite non seulement à l’honnêteté intellectuelle, mais encore à se préserver de l’orgueil né de la fascination pour son propre discours.