Accueil > Qui sommes-nous ? > ARCHIVES : Anciens présidents > Textes de Jacqueline Cuche, ancienne présidente de l’AJCF (2014-2020) > Jacqueline Cuche 2014 > La présidente de l’AJCF : Jacqueline Cuche

La présidente de l’AJCF : Jacqueline Cuche

Jacqueline Cuche a été élue Présidente de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France, lors de l’Assemblée Générale réunie à Paris le 8 juin 2014.

L’Assemblée a tout d’abord voté pour renouveler le Comité Directeur puis ce dernier s’est réuni et a élu sa nouvelle présidente.

Elle succède au Pasteur Florence Taubmann qui fut Présidente de l’AJCF de 2008 à 2014. Florence Taubmann a été chaleureusement remerciée pour tout ce qu’elle a fait pour l’AJCF pendant ces 6 années de présidence : elle devient présidente d’honneur.

Présentation de la candidature de Jacqueline Cuche
AG de l’AJCF - 8 mai 2014

Chers amis,

Pour que vous sachiez un peu pour qui vous allez voter, je vais tâcher de me présenter en quelques mots :

Je suis mariée, mère de 5 enfants, grand-mère de 6 petits-enfants.

Je suis catholique, et j’ai fréquenté durant mes années d’études de lettres à la Sorbonne le Centre Richelieu, l’aumônerie que dirigeait le P. Lustiger et où j’ai bien connu aussi le P. Francis Deniau.

Après un séjour en Côte d’Ivoire où mon mari et moi étions enseignants en coopération (lui à l’Université et moi au lycée) et où sont nées nos deux filles aînées, nous nous sommes installés à Strasbourg, où, profitant de la présence des deux facultés de théologie, j’ai fait des études de théologie. Sur le plan professionnel, j’ai enseigné la culture religieuse dans des classes de primaire et secondaire (en Alsace, les cours de religions sont intégrés dans les emplois du temps de tous les établissements scolaires) et plus tard dans la faculté de théologie la connaissance du judaïsme et du dialogue judéo-chrétien au sein d’un diplôme universitaire d’initiation au christianisme qui comprenait aussi la rencontre des autres religions.

Qu’est-ce qui m’a amenée à m’intéresser au judaïsme ? C’est un ensemble de circonstances diverses : mon séjour en Afrique Noire, qui m’a pour toujours vaccinée contre le racisme et m’a permis de comprendre ce que c’est que de vivre en minorité au milieu d’un vaste monde différent, le fait de vivre à Strasbourg, une ville où la présence juive compte, de même d’ailleurs que la présence protestante, la rencontre d’amis juifs, d’amis chrétiens déjà engagés dans la voie du dialogue, la découverte de la Shoah, de l’antisémitisme.

Comment je me suis formée ? Sur le tas, en tout cas pas lors de mes études de théologie, hélas, car on n’enseignait à Strasbourg, et on n’enseigne toujours – et c’est ainsi dans beaucoup de lieux de formation des chrétiens – que le judaïsme biblique, pas le judaïsme vivant d’aujourd’hui. Donc j’ai appris à le connaître un peu grâce à des lectures, des sessions (celles du SIDIC, du Comité Épiscopal, de Davar, Aleph…), des cours, en particulier ceux d’A. Abécassis qui m’ont tant apporté, etc.

Mes engagements : à Strasbourg, où existait depuis très longtemps un groupe d’AJCF, mais plus très actif, avec quelques amis chrétiens dont les sœurs de Sion, nous avons fondé l’Association œcuménique Charles-Péguy, dont j’ai pris la présidence pendant 24 ans, une association chrétienne, donc amie mais non affiliée à l’AJCF, qui se donne pour but d’œuvrer auprès des chrétiens pour qu’ils s’ouvrent à la connaissance et à l’amour du peuple juif.

Mes relations actuelles avec le monde juif et chrétien :
Comme la plupart des autres groupes de dialogue, cette association organise des conférences, des journées d’étude, des cours d’hébreu, des visites de lieux juifs, ce qui nous a permis d’entrer en relation avec de nombreux membres de la communauté juive (à chaque Nouvel An juif, c’est près d’une centaine de cartes de vœux qu’il me faut envoyer aux amis juifs). Et je crois pouvoir dire que ce sont des liens de vraie confiance et d’amitié qui se sont établis entre la communauté juive de Strasbourg et l’Association Charles-Péguy. J’en citerai juste deux preuves : les paroles que j’ai plusieurs fois entendues de tel représentant ou rabbin de la communauté : « vous êtes ici chez vous », et la médaille de l’amitié qu’elle m’a décernée en janvier 2012, une médaille qui était donnée à Jacqueline Cuche mais que j’ai voulu recevoir au nom de l’association Charles-Péguy.

Enfin depuis des années les différents groupes de dialogue judéo-chrétien d’Alsace sont en étroite relation et forment un réseau rendu plus solide encore par l’amitié qui unit les différents responsables de ces groupes, et ces relations me tiennent à cœur. Je fais partie de la commission diocésaine pour les relations avec le judaïsme (commission où est d’ailleurs toujours invité un représentant de la commission sœur protestante). Au moment du Nouvel An juif dont je parlais tout à l’heure, grâce aux efforts de l’association Charles-Péguy, les Églises d’Alsace diffusent maintenant auprès des paroisses plusieurs centaines de cartes de vœux, ainsi que des dossiers. Je ne dis pas que le résultat en est brillant. Savoir ce que font de ces envois les curés et les pasteurs, c’est une autre paire de manches ! Enfin depuis une dizaine d’années je suis déléguée du diocèse de Strasbourg au Service National de l’Église catholique pour les relations avec le Judaïsme, et d’ailleurs le diocèse a, par un amusant hasard, voulu aussi la même semaine que la communauté juive me décerner une distinction en remerciement des services rendus à l’Église d’Alsace (une distinction qui me permettrait d’entrer à cheval dans la cathédrale de Strasbourg si un jour l’envie m’en venait). Mais à part cet aspect plus comique qu’autre chose, ce qui m’a réjouie, c’est qu’à travers moi – et c’est cela seul qui compte – l’Église catholique reconnaissait qu’étaient importantes pour elle les relations entre juifs et chrétiens, que ce dialogue judéo-chrétien avait du prix à ses yeux et que cela valait la peine d’être manifesté.

Jacqueline Cuche