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Au seuil de l’Avent

Une réflexion de Jean-Pierre Lémonon, prêtre du diocèse de Valence, professeur émérite de la faculté de théologie catholique de Lyon.

Au cours des quatre semaines qui précèdent Noël, nous nous préparons à célébrer l’événement qui a bouleversé notre histoire : Dieu nous donne son Fils, Jésus de Nazareth. Il prend ainsi visage d’homme et vient partager notre humanité. L’Avent est un temps d’attente joyeuse. Nous rejoignons l’espérance du peuple juif attendant le Messie, l’envoyé de Dieu par excellence. En fait, le don de Dieu dépassera toute représentation humaine.

Au 1er siècle de notre ère, l’espérance du peuple juif n’est pas un simple souhait ou l’expression d’un désir ; elle s’appuie sur une longue histoire, celle de l’Alliance entre Dieu et les hommes. Au cours de l’Avent une promesse est faite à un monde qui, par beaucoup de côtés, semble désenchanté : Dieu se fait proche de notre humanité. Quand Jésus prend corps et naît à Bethléem en Judée, il apparaît au sein d’un peuple qui ne compte pas aux yeux des hommes. Au cours de son histoire ce peuple a souvent été humilié et meurtri. Il est pourtant investi d’un rôle spécifique : il est le témoin d’une longue histoire, celle de l’Alliance entre Dieu et l’humanité. Notre Dieu n’est pas un Dieu lointain, mais un Dieu attentif à l’histoire des hommes.

Pour nous faire vivre cette histoire de l’Alliance indéfectible entre Dieu et les hommes, un rite nous est proposé pour les dimanches de l’Avent. Au seuil de chaque semaine une bougie est allumée. Les quatre bougies symbolisent l’histoire du salut ; nous sommes invités à revisiter celle-ci dans l’attente de la célébration de Noël. Chaque lumière revêt un sens particulier. La première, allumée cette année le 27 novembre, symbolise le pardon de Dieu. Le Dieu qui se manifeste dans l’histoire est le Dieu qui, par le Christ, nous offre son pardon et place le pardon au cœur des relations humaines. Dieu, le père de Jésus Christ, pardonne à l’homme pécheur comme le rappellent les premières pages de la Bible ; il ne laisse pas dans le désespoir Adam et Ève, figures de notre humanité toujours prête à rompre l’Alliance. La bougie allumée le dimanche suivant rappelle la foi des patriarches ; ceux-ci répondent à l’appel de Dieu et se mettent en route sans savoir où ils seront conduits. Ils acceptent de ne pas tout maîtriser et font place à l’imprévu. Le troisième dimanche est célébrée la foi de David ; celui-ci découvre la pérennité de l’Alliance.

L’homme peut refuser l’Alliance, mais Dieu n’est jamais infidèle à ses promesses. Enfin, le dernier dimanche de l’Avent, nous découvrons les prophètes ; ils annoncent et réclament un règne de paix et de justice. Ce parcours spirituel de l’Avent est dépourvu de sens s’il ne conduit pas chacun d’entre nous à se mettre au service de l’édification d’un monde de justice et de paix : « martelant leurs épées, ils en feront des socs, de leurs lances, ils en feront des serpes. On ne brandira plus l’épée nation contre nation » (Isaïe).

Chacun, à sa mesure, dans la force de l’Esprit, est appelé à apporter sa pierre à la construction d’un monde juste où, pour tous les hommes, il fait bon vivre.

Père Jean-Pierre Lémonon, 27 Novembre 2011
Texte paru sur la feuille paroissiale et le site Internet de la paroisse, repris sur le site AJCF avec l’accord de l’auteur.