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Pénitence (TeChouVa)

A la fois conscience de la faute et regret de l’avoir commise, volonté d’en réparer les conséquences et ferme résolution de ne plus la répéter, la TeCHouVa est, littéralement, le fait de « s’engager en retour ».

Par rapport à l’instinct du mal qui nous habite et à la conscience du bien que nous avons, elle est un « retournement » - un retour sur nous­ mêmes - qui va changer notre regard sur le monde, notre conduite, notre projet intime. « Faire techouva », ce n’est pas seulement « se re­pentir » : c’est revenir à ce qui est le plus élevé en soi, se réorienter dans sa relation aux choses et aux événements, donner sa réponse personnelle à l’appel divin. On voit ici que la TeCHouVa est, davantage que pénitence ou même résipiscence, changement radical. Les adeptes de la Kabbale considèrent même que la TeCHouVa est un premier pas vers la remise en ordre de l’univers (ou TiKKouN) : elle « est réparation en ce qu’elle est recommencement » (A. Steinsaltz).

Pour les rabbins du Talmud, la TeCHouVa a été créée avant que le monde fût, afin que l’humanité puisse guérir de ses défaillances. Prin­cipe spirituel fondamental dans l’existence, elle est la plus haute expres­sion de la liberté humaine : elle rompt le déterminisme du « cause-à­-effet » et des incidences du passé sur le présent et le futur, elle transforme réellement les fautes commises en tremplin, en stimulation pour le bien. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre l’adage rabbi­nique : « là où se tient l’homme qui a fait TeCHouVa, même un juste par­fait ne peut se tenir » (T.B. Berakhot 34b).

« Repens-toi un jour avant ta mort », enseignait rabbi Eliézer (Pirke Avot->3145]). Si chaque jour peut être celui de notre conversion, du retour au divin qui est en nous, le calendrier juif prévoit dix jours particuliers, des­tinés à l’examen de conscience, à la pénitence et à l’expiation : c’est le temps qui sépare Roch Hachana de Yom KiPPour. Temps qui permet non seulement de comptabiliser les fautes, mais de savoir où l’on en est. De répondre à la question qui nous reste posée depuis qu’elle a été adressée à Adam : « où es-tu ».

Chacune de ces journées est inaugurée, à l’aube, par une série de 32 prières de supplications récitées à la synagogue. Le Chabbat entre Roch Hachana et Kippour est appelé Chabbat Chouva (Chabbat du repentir), jour où les rabbins insistent particulièrement sur le travail que doivent accomplir les fidèles sur eux-mêmes, pour s’améliorer dans tous les domaines :
Selon la tradition en effet, le repentir, la prière et la charité influent sur le verdict divin du jour de Kippour. Notons à ce sujet que les abstinences qui constituent la mortification pénitentielle de Kippour ne sont pas un but en elles-mêmes. Elles sont un moyen de sanctification, une étape vers la joie de servir D.

Selon l’idéologie messianique du sionisme religieux, le « retour » au pays d’Israël des Juifs de Diaspora constitue une démarche de TeCHouVa collective.

A.-M. D.