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La miséricorde à la lumière de la Tradition juive

Du 12 au 17 juillet 2016 eut lieu la session : « Découvrir le judaïsme, les chrétiens à l’écoute », quatrième des rencontres initiées depuis 2010 pour vivre chaque fois un pas de plus sur le chemin « irrévocable » du dialogue, de l’amitié et de la fraternité avec nos frères juifs (voir Sens n° 370, 382 et 399 pour les trois premières sessions). La particularité de celle-ci, à l’initiative de Thierry Colombié et de Danielle Guerrier, a été d’associer de nombreux jeunes de 25 à 35 ans dans le cadre des rassemblements d’été de Paray-le-Monial (diocèse d’Autun, en Saône et Loire) animés par la communauté de l’Emmanuel. Cette communauté catholique est une branche des mouvements issus du Renouveau charismatique où viennent se ressourcer des jeunes et des familles avec pour axes principaux, « le souci de l’évangélisation et des temps de réflexion rythmés par de nouveaux temps de louange ».

La session 2016, a donc été accueillie dans le diocèse d’Autun, à l’invitation de son évêque Mgr Benoît Rivière qui, avec Laurent Landette, modérateur général de la communauté de l’Emmanuel, ont apporté avec « une intense émotion et une joie immense » leur soutien à la réalisation d’un tel projet à Paray-le-Monial, tous deux conscients des enjeux spirituels qu’une telle rencontre représentait pour l’Église (cf. l’édito. du livret d’accueil de la session).

Les équipes d’organisation (nationale et locales) ont été constituées, dès l’origine de la démarche, de jeunes ayant participé aux premières sessions, de personnalités représentatives du monde juif, ainsi que de membres désignés de la communauté de l’Emmanuel, de représentants des Sanctuaires de Paray-le-Monial mais aussi de prêtres et laïcs en responsabilité du diocèse d’Autun.

Le Service National pour les Relations avec le Judaïsme, de la Conférence des Évêques de France, a encouragé et apporté tout son appui à une telle initiative qui a également bénéficié du concours de l’AJCF, et du Groupe local de l’AJC de Chalon-sur-Saône.

Durant la session « Découvrir le Judaïsme », des contacts permanents ont été établis avec les centaines de jeunes présents sur le site ; contacts croisés et facilités au moment des repas pris en commun (seules les files cacher au self nous différenciaient), mais également lors des ateliers d’après-midi où des dizaines de jeunes nous rejoignaient tous les jours.

La tranche d’âge différait quelque peu de celle que nous trouvons dans nos paroisses ! Notre session a réuni en moyenne 500 participants par jour, jeunes et moins jeunes, et autour de 600 à chabbat !

Cette quatrième session, sous le signe de : « La miséricorde à la lumière de la tradition juive » (thème en résonance avec l’année jubilaire), avait pour objectif :

 De faire découvrir aux chrétiens, et aux nouvelles générations en particulier, la richesse spirituelle inépuisable du judaïsme ;

 De rencontrer et écouter un judaïsme vivant et jeune ;

 De prendre conscience, à la fois, des sources juives de la foi chrétienne par la judéité de Jésus, de l’unité de la Révélation (Ancien et Nouveau Testament) et de la permanence de la vocation d’Israël (fondements théologiques de la démarche depuis Nostra Aetate).

Ces cinq jours furent un moment fort de vie fraternelle, de découverte et d’échanges entre jeunes et moins jeunes, dont beaucoup, qui n’étaient pas de l’Emmanuel, étaient venus prêter main forte aux organisateurs (dont le groupe local de l’AJC de Chalon-sur Saône), pour se mettre au service de ces « 25-35 ans » venus au rassemblement d’été de Paray et à qui était offerte la possibilité d’approfondir les sources juives de la foi chrétienne et de rencontrer des Juifs.

Si l’on aurait pu s’attendre à davantage d’engouement de la part des jeunes qui n’ont manifestement pas osé s’inscrire à la session complète, beaucoup d’entre eux cependant ont suivi les parcours d’après-midi, et sont venus nous rejoindre à différents moments forts, notamment ceux particulièrement festifs que furent les repas du chabbat : « Ce qui s’est passé ici avec la communauté de l’Emmanuel ne restera pas sans suite » a affirmé le Père Jean-Baptiste Nadler (prêtre de l’Emmanuel et auteur du livre : Les racines juives de la messe, éd. de l’Emmanuel, 2015) faisant écho aux réactions recueillies auprès de Michel-Bernard de Vregile, responsable national des Session de l’Emmanuel venu s’immerger dans cette ambiance de fête, visiblement touché par ce qui s’y est vécu. « Pendant ces cinq jours, une étape fondamentale a été franchie dans l’amitié et la fraternité avec nos frères juifs et dans la découverte des origines de notre foi chrétienne. Pour la communauté de l’Emmanuel, il s’est passé quelque chose de très important ici », insistait-il en bilan de session.

Était-ce une étape supplémentaire en termes de lisibilité par rapport aux trois premières sessions de l’Ouest ? Thierry Colombié, l’initiateur de ces rencontres, résume ainsi : « Les trois premières sessions ont fondé une fidélité dans la confiance acquise entre amis juifs et chrétiens. Avec cette session prometteuse et plus visible, nous allons pouvoir toucher de nouvelles générations… »

Certes, le nombre de juifs présents était loin d’être à part égale avec les jeunes catholiques de Paray, mais les quelques jeunes juifs interviewés ont été extrêmement touchés de la bienveillance des chrétiens et se sont sentis « chouchoutés » comme au Chabbat. Sarah Ouanhnon témoignait de ce que cette session lui a apporté : « J’ai rarement vécu quelque chose d’aussi intense… et dans cette possibilité de parler de Dieu. Oui, un pas nouveau vers le dialogue est possible ». Et elle affirmait que les chrétiens pouvaient aussi leur apporter et nourrir leur réflexion, par la façon dont ils vivent leur foi et dont ils la renouvellent, et la façon dont l’Église en tant qu’institution évolue face aux défis du monde aujourd’hui. « Ce n’est pas habituel chez les Juifs de parler d’expériences spirituelles intenses comme celles que vous pouvez vivre (les longs temps de louange par exemple chez les jeunes cathos). Chez nous, on parle de la Torah, des commandements, des commentaires de textes... Mais ce qu’on ressent de notre foi, on ne l’exprime pas. On peut l’apprendre de vous et partager les questions qui vont avec la foi et qui m’ont touchée. Merci à vous tous ». Gabriel Benchetrit, comme Sarah, nous disait sa joie d’être dans cet environnement accueillant, tellement différent de cette difficulté qu’ils ont dans le monde aujourd’hui de pouvoir décliner leur identité juive. Quelle libération !

« Mais aussi quel scandale de ne pouvoir dire qu’on est juif ! » reprenait le Frère Louis-Marie Coudray, moine bénédictin du monastère d’Abou Gosh en Israël, appelant les chrétiens à l’urgence de créer un climat permettant aux Juifs de ne plus avoir peur de dire qu’ils sont juifs... Pour cela, un immense travail de connaissance mutuelle doit être entrepris, et certains préjugés doivent être levés. Notons à cet effet qu’une petite cellule d’écoute individuelle et d’accompagnement spirituel était tenu toutes les après-midis par le Père François Fraizy, délégué du diocèse d’Autun pour les relations avec le judaïsme, et Elisabeth Martin, membre du Comité Directeur de l’AJCF.

Le Rabbin Nissim Sultan (rabbin de la communauté juive de Grenoble) nous confia même que, quand il déposait ses enfants à l’école, il connaissait chaque fois « l’angoisse du matin » : « Si j’embrasse mes enfants le matin, est-ce la dernière fois ? ». « D’où l’urgence, disait-il, de mettre la fraternité en musique... ». Invité pour la première fois dans une telle session, il nous disait avec grande émotion : « Ici, j’ai compris quelque chose : Nostra Aetate est un texte qui frappera les consciences ». Ce qu’il a ressenti ? « De la bienveillance… », et après un petit temps de silence, il ajoutait : « Je me suis senti aimé... ». Tonnerre d’applaudissements… Quoi de plus magnifique que cette confidence, fruit de tout un climat d’amitié et de respect mutuel, éloignant pour un temps peurs et ressentiments dans l’âme d’un juif orthodoxe ayant fait l’expérience d’une authentique fraternité vécue avec des chrétiens, et repartant riche d’une vraie joie à transmettre à sa communauté de Grenoble...

Que s’est-il donc passé dans cette session pour que de tels témoignages émergent de ces cinq jours ?

La première soirée, le mardi 12 juillet, fut déterminante pour poser les enjeux et préciser où en était l’Église depuis Nostra Aetate. Les organisateurs, Danielle Guerrier (membre du Conseil National pour les relations avec le judaïsme et déléguée du diocèse de Saint-Denis) et Thierry Colombié (initiateur de ces sessions démarrées dans l’Ouest et membre du comité directeur de l’AJCF) insistèrent sur la nécessité d’approfondir une culture de la rencontre et du dialogue, s’appuyant sur les trois nouveaux textes, juifs et catholique, relatifs au « rapprochement théologique » entre juifs et chrétiens, parus fin 2015 à l’occasion du 50ème anniversaire de Nostra Aetate (cf Sens n° 405). Un chemin où désormais, chrétiens et juifs avancent résolument, mais, précisait Thierry Colombié, en n’oubliant pas l’urgente nécessité de s’ouvrir aux jeunes générations selon l’appel du Cardinal Jean-Marie Lustiger lors de sa visite à l’AJC de Nantes en 2005 : « C’est auprès des jeunes qu’il vous faut mettre toute votre énergie ». D’où cette quatrième session de découverte du judaïsme et des sources juives de la foi, tournée vers les jeunes 25-35 ans de la communauté de l’Emmanuel réunis à Paray-le-Monial lors de leur rassemblement d’été, et dont les responsables ont favorisé des temps communs entre les deux sessions, à l’image des parcours et ateliers proposés tous les après-midi. Occasion inespérée de bénéficier dans le même temps de l’importante logistique du lieu (grande tente, salle de spectacle, réfectoires, hôtellerie…) et de la présence massive de jeunes réunis pour la circonstance. Opportunité et immense défi en perspective !

Le mercredi matin 13 juillet, la session démarrait sous le grand chapiteau du Moulin Liron par une messe présidée par le Cardinal Philippe Barbarin, Archevêque de Lyon, et concélébrée par Mgr Benoît Rivière, évêque d’Autun. Impressionnante assistance (3000 personnes), vibrante de jeunesse et de ferveur, dans un climat de joie soutenu par la haute technologie du lieu et la beauté des chants de l’Emmanuel. Un moment fut très émouvant : le Notre Père en chaldéen récité par le Cardinal en pensant à tous les chrétiens d’Orient qui subissent les persécutions.

Cette célébration fut suivie sur le même lieu d’une conférence inaugurale sur « les enjeux de la miséricorde dans le monde d’aujourd’hui ». Invités de cette table-ronde : deux personnalités illustres, le Grand Rabbin Haïm Korsia, Grand Rabbin de France, et le Cardinal Philippe Barbarin dont la complicité n’échappa à personne. Tous deux ont été accueillis sur l’estrade par un jeune juif et une jeune chrétienne. Humour et atmosphère bon enfant marquèrent beaucoup l’assistance (immense chapiteau décoré avec goût et ambiance de fête), en même temps que la profondeur des propos tenus. Chacun était invité à parler de la miséricorde à la lumière de sa propre foi. (Dès la fin de leur témoignage donné, leur

enseignement a été posté sur le site de l’Emmanuel, puis de l’AJCF). Après cette entrée en matière éblouissante et au moment de la répartition des ateliers proposés par les organisateurs, beaucoup de doigts se sont levés parmi les jeunes de l’Emmanuel pour choisir le parcours « Découvrir le judaïsme » (quatrième des sept parcours-ateliers proposés à la session des 25-35 ans) !

D’autres enseignements allaient suivre en cette première journée de session, dans l’espace plus privatif mais tout proche qui nous était dédié (tente Piet Derksen - 600 places et salle Marguerite-Marie - 700 places) :

– Intervention magistrale du Rabbin Alain Michel, venu d’Israël, traitant de « La miséricorde, matrice de la création dans la tradition juive » à partir du verset du psaume 116, 5 relatif au thème de la session.

 Apprentissage de danses d’Israël animées par Benny Assouline et son assistante, danseurs professionnels, en parallèle à des ateliers sur des thèmes variés pouvant accueillir un grand nombre de personnes, et à des groupes plus limités du Beth Halimoud (maison d’étude) pour un travail plus personnalisé.

Une profusion de sujets qui permettait de diversifier les approches, avec quelquefois des intitulés-choc comme : « Mort aux juifs ! Un racisme comme les autres ? » avec le Rabbin Alain Michel, « Le Nouveau Testament plus grand que l’Ancien ? » avec le Père Philippe Loiseau, « Le judaïsme pour les Nuls, les mots clefs » plus orienté vers les 25-35 débutants, avec la participation du Rabbin Moché Lewin, de Gabriel Benchetrit jeune juif, et d’Aude-Marie Colombié, jeune chrétienne ayant coanimé les premières sessions de l’Ouest. C’est à elle qu’est revenu l’immense mérite de décider les jeunes juifs parisiens à venir dans ce haut-lieu des apparitions du Cœur sacré de Jésus. Il aura fallu tous ses talents en communication pour réussir à leur faire dire « on reviendra à Paray ! » Les sujets d’étude du Beth Halimoud, pris en charge par des juifs ou des chrétiens, n’en étaient pas moins attirants comme : « Questions à Monsieur le Rabbin », « Place de la femme dans le judaïsme », « Actualité du rapport à Israël », « Racines juives de la messe », « Fêtes juives et fêtes chrétiennes », « Découvrir l’hébreu »…

En fin de journée, le témoignage du Père Jean-Baptiste Nadler, jeune prêtre de l’Emmanuel évoquant son chemin vers les sources juives de la foi, permit d’écouter en vérité une expérience de vie et de foi qui n’a pas laissé indifférents les jeunes de l’Emmanuel.

La touche finale fut donnée par une soirée-théâtre sous le grand chapiteau Moulin Liron : « Le souffle d’Etty » d’après les écrits d’Etty Hillesum, spectacle interprété par la Compagnie du Puits, et qui fut chaudement applaudi. Soirée mémorable pour beaucoup où un metteur en scène et deux comédiennes (une grand-mère, Masha, et sa petite fille Lucy qui se racontent la vie d’Etty) relevèrent le défi de « faire revivre sous nos yeux l’éveil à la vie de cette jeune juive se débattant dans les méandres de sa vie intérieure et relationnelle et qui ira d’éclosions en découvertes lumineuses dans les moments les plus sombres du siècle passé… ».

La journée du jeudi 14 juillet fut inaugurée par une table ronde sur le nouveau regard de l’Église 50 ans après Nostra Aetate, avec Mgr Vincent Jordy, président du Conseil national pour l’unité des chrétiens et les relations avec le judaïsme, et le Rabbin Moché Lewin, engagé au niveau local (rabbin du Raincy dans le ’’93’’), national (conseiller du Grand Rabbin de France) et européen (directeur de la conférence des rabbins européens). Après le tour d’horizon, par l’évêque, de ce que Nostra Aetate a produit (« comme une révolution copernicienne »), le Rabbin Lewin relatait l’anniversaire des 50 ans de la Déclaration conciliaire au Raincy le 14 novembre 2015, au lendemain des attentats. La marche à pied prévue avec l’évêque du diocèse étant interdite au-delà de 10 personnes, il fit organiser des groupes de 9 personnes (« toujours des solutions dans le Talmud ! »), invitant même Mgr Delannoy, évêque de Saint-Denis, à lire avec lui à la synagogue, pour la première fois, un psaume en versets alternés (ce qu’il renouvellera à notre session avec Mgr Jérôme Beau et Mgr Benoît Rivière en reprenant le psaume 102 à trois voix, le jour de la commémoration de la rafle du Vel d’Hiv). Il évoqua avec humour le fait d’être logé dans l’hôtel du Cœur de Jésus, déclarant : « Je suis dans un hôtel juif… Cela relève du miracle ! ». Il déclencha le rire de la salle en parlant de son émotion « parce qu’à Paray, c’était probablement la première fois qu’il y avait autant de juifs ! ». En évoquant son évêque partenaire rencontré en 2008, il nous apprit qu’ils étaient « camarades de promotion ». « Rassurez-vous ajouta-t-il, pas au grand séminaire ! Sur les bancs des Hautes Études de Défense Nationale ! ». 

La seconde partie de la matinée fut un hommage au Cardinal Jean-Marie Lustiger par le Docteur Richard Prasquier (ancien président du CRIF et qui a reçu le Prix de l’Amitié judéo-chrétienne de France en 2015) et le Frère Louis-Marie Coudray, moine bénédictin d’Abou Gosh (monastère en Israël où a été érigé le Mémorial Lustiger) et futur Directeur du Service National de l’Église catholique pour les relations avec le judaïsme (il succèdera, fin septembre, au Père Patrick Desbois). « Le cardinal a été comme un accélérateur dans l’histoire » dira le Frère Louis-Marie, le considérant comme un « homme de contradiction (avec sa communauté d’origine), mais dans la fidélité à son peuple ». Évoquant les paroles et gestes marquants de l’Église qui restent déterminants ces cinquante dernières années pour l’avancée du dialogue, il insista sur :

 L’importance du lien à la Terre d’Israël (pourquoi ne pas parler, suggérait-il, de ’voyage en Terre de la promesse’, ou ’de la Révélation’, plutôt que ’voyage en Terre sainte’ ou ’en Palestine’ ou ’sur les pas de Jésus’ ?), question sensible dans le dialogue...

 La dimension contemporaine, et non archéologique du judaïsme ;

 L’amitié qui reste première, reprenant la fameuse phrase du Cardinal Lustiger : « C’est l’amitié qui sauvera le dialogue ».

Le Docteur Richard Prasquier s’exprima davantage sur le ton du témoignage. Il nous confia combien il avait été bouleversé par cette phrase terrible qui lui avait été adressée : "Comment pouvez-vous soutenir un État qui tue les enfants ?... ». « C’est la présentation nouvelle du meurtre rituel... » disait-il dans un souffle. Il nous fit part d’autres angoisses, notamment de la désinformation, mais il orienta davantage ses propos vers des moments d’émotion positive ressentie, « événements symboliques qui me bouleversent beaucoup » dira-t-il. Par exemple lors de sa rencontre avec le pape Jean-Paul II en 1999 à l’Umschlagplatz de Varsovie où il entendit sa prière à l’intention des frères aînés (prière que lira le Frère Louis-Marie en méditation de fin de matinée), ou cette amitié du pape, remontant à l’enfance, avec un juif ayant survécu à la guerre et qui fut si déterminante par la suite (Jerzy Kluger). De même, en 2000 à Jérusalem, ce geste du pape « de glisser ce petit bout de papier dans le ’Mur’ ». Il ajoutera : « J’ai eu comme un pressentiment messianique… pas loin de 2000 ans d’animosité qui, très fortement, a disparu... ». Il répétera avec conviction combien il a été privilégié de vivre ces rencontres et que « tout dépend des rencontres humaines qui ne peuvent être remplacées par quoi que ce soit d’autre ».

A propos du Cardinal Lustiger, le moment qu’il aura trouvé le plus extraordinaire se passa en 2005 à New York quand le Cardinal Lustiger tomba dans les bras du Grand Rabbin Lau (Grand Rabbin ashkénaze d’Israël) qui l’avait désavoué, quelques années auparavant, à Tel Aviv, le regardant comme un juif converti venu pour convertir les juifs, ce qui restait une blessure secrète pour le Cardinal. « Le souvenir des convertis reste extrêmement lourd dans la mémoire juive » expliquait le Docteur Prasquier. « Il est resté très discret sur son judaïsme jusqu’à sa nomination comme archevêque de Paris où il fallait que cela devienne clair ». En évoquant le Mémorial Lustiger, à Abou Gosh, lieu de mémoire et de paix auquel il contribua activement, il confia qu’au moment de son inauguration, en octobre 2013, il avait téléphoné au Grand Rabbin Lau en Israël pour qu’il vienne. Sa réponse, bien que négative, était cependant accompagnée de ces phrases : « Quelqu’un de formidable, ce Lustiger… Quel dommage qu’il se soit converti… Mais quel rabbin il aurait été !... ». Éclat de rire général !

Le souvenir le plus émouvant que retint Richard Prasquier fut en 2005 quand il accompagna le Cardinal à Auschwitz. Devant ce qui devait être la chambre à gaz où périt sa mère, la « maison rouge », dont les occupants avaient été expropriés, il n’oubliera jamais l’image du Cardinal devant la stèle. Un silence impressionnant... « Silencieux… D’une force et d’une densité qui prenaient à la gorge et qui étaient d’une éloquence extraordinaire... ». Il évoqua l’enterrement juif du Cardinal sur le parvis de Notre Dame, et chrétien dans la cathédrale : « Pas d’ambiguïté pour moi… Son judaïsme allait de soi... ». « Moi, je peux comprendre que le Cardinal se sente aussi juif. Mais cela est difficile à comprendre pour d’autres juifs religieux. C’est extraordinaire que, partant d’un préjugé qui lui était si défavorable, il soit arrivé à une telle reconnaissance… ! ». Beaucoup d’émotion partagée dans ce témoignage poignant…

L’après-midi fut foisonnant d’ateliers et de groupes de travail du Beth Halimoud sur des sujets d’étude et de dialogue : « Lisons saint Paul : où sont nos racines ? Étude de Rm 9-11 » avec le Père Thierry Vernet, « Israël, peuple élu… et moi, et moi… émoi ? », par le Père Jean Miguel Garrigues op, qui reprendra ensuite un autre atelier sur le Messie, « Dialogue juifs-chrétiens : comment agir concrètement ? », avec Mgr Jérôme Beau et Jacqueline Cuche (présidente de l’AJCF), « La communauté juive, son actualité au risque des médias ! » avec le Docteur Prasquier et Clément Weill-Raynal, et aussi, pour un travail en plus petit comité, sur : « Ancienne et nouvelle alliance », « L’Évangile de saint Jean à la lumière de la tradition juive », « Jésus et les pharisiens », « Les sacrifices dans la Torah », « Histoire contemporaine d’Israël », « Marie fille d’Israël et/ou mère de l’Église ? », « La prière du Notre Père à la lumière des sources juives »… De quoi permettre aux jeunes de prendre le temps du questionnement et de pouvoir se nourrir de cette richesse du dialogue. Beaucoup auraient aimé assister à toutes les interventions après avoir goûté aux premiers enseignements !

La soirée du jeudi 14 juillet, sur fond de feu d’artifice local à la nuit tombée, résonna du concert de musiques juives du monde (klezmer, yiddish, hébreu, judéo-espagnol) par l’orchestre « les Shpilkes » qui avait déjà réjoui l’assistance lors de la dernière session à Angers. La soirée évolua en crescendo, se terminant dans de joyeuses vagues de farandoles. Ce n’est que le lendemain matin (ou tard dans la soirée pour certains) que nous apprenions l’horrible attentat de Nice, qui avait pour ses habitants transformé cette nuit de fête en tragédie.

La matinée du vendredi 15 juillet fut toute orientée vers la commémoration de la rafle du Vel d’Hiv, avec une succession de témoignages tous aussi émouvants les uns que les autres. La présence d’une ancienne déportée, Yvette Lévy, qui donna son témoignage aux côtés de Tony un représentant de la communauté tzigane, fut un moment particulièrement émouvant qui marqua les esprits quand on apprit qu’Yvette, dès son arrivée à Auschwitz Birkenau, occupa avec ses camarades la place des tziganes qui avaient été envoyés à la chambre à gaz dans la nuit… Moment intense d’écoute dans le recueillement...

Mgr Benoît Rivière prit ensuite la parole pour parler de son grand-père, Edmond Michelet. Il cita notamment ces quelques mots inscrits en lui et qui continuent de l’habiter : « Dans ces heures d’enfer, nous avons sondé en nous-mêmes des abîmes. Une certaine candeur est impossible désormais. J’ai choisi de regarder toujours au fond de l’âme humaine cette petite lumière... » .

Marie Theulot, petite-fille d’un « Juste des nations » nous fit entrevoir le choix décisif qui s’imposait dans des situations de détresse imprévues : « Il n’est pas un profil pour être juste, mais juste un ’oui’ ou un ’non’ devant une situation de barbarie ».

Un représentant de l’association « Yahad in Unum », Emmanuel Cortès, nous fit part, en l’absence du Père Patrick Desbois, du travail immense qui est toujours en cours pour donner des lieux de sépulture dignes à ces millions de juifs de l’Est assassinés par balles et dont les restes disparurent dans des fosses communes non identifiées. 2 millions 200 000 victimes juives de la Shoah par balles sont enterrées aujourd’hui, nous précisait-il.

Raphy Marciano (directeur du Centre universitaire et culturel juif d’Europe) fit un hommage vibrant à Elie Wiesel qui venait de décéder, le 2 juillet. Un de ses poèmes a été lu par un jeune faisant partie de la délégation qui allait partir aux JMJ à Cracovie : « A chacun d’eux je donnerai un nom et un monument » (citation tirée d’Is 56,5).

Puis il y eut la prise de parole de Serge Rosinoff, président de la communauté juive de Chalon-sur-Saône, très chaleureuse et touchante, et celle du maire adjoint de Paray-le-Monial, présence officielle appréciée pour cette commémoration.

L’attentat de Nice était dans tous les esprits et les mots très émouvants du Docteur Richard Prasquier témoignant d’un événement familial douloureux qui, par ce drame innommable, avait rejailli dans sa conscience, permit à l’assemblée présente de faire corps dans la douleur et de s’associer à la souffrance de toutes ces innocentes victimes de la barbarie.

La lecture des noms du convoi d’Yvette Lévy fut confiée à des jeunes de Paray partant aux JMJ, et fut accompagnée de l’allumage de six bougies représentant les six millions d’âmes juives assassinées.

Ce temps de recueillement se poursuivit par les voix pénétrantes du Rabbin Yehuda Berdugo et de Danielle Guerrier, et se termina par un temps de prière mené par le Rabbin Moché Lewin entouré de Mgr Jérôme Beau et Mgr Benoît Rivière qui, ensemble à trois voix, lurent en versets alternés et traduits simultanément le psaume 102 choisi pour la circonstance, avec en finale la récitation d’un Kaddich. Le chant de La Marseillaise résonna ensuite en hommage à la République, mais aussi pour honorer gendarmes, policiers et militaires qui assuraient notre sécurité.

L’après-midi de vendredi fut de nouveau riche d’une diversité d’ateliers (« Chabbat et Dimanche » par le Père Philippe Loiseau, « La Torah, la Loi, le Talmud : Kezako ? » par le Rabbin Nissim Sultan, « La préparation de la synagogue pour Chabbat » par Serge Rosinoff et Michel Ouaknine, président de l’AJC de Chalon sur Saône, en parallèle à des danses d’Israël. Mais l’essence même de cette après-midi du vendredi était de nous préparer progressivement à accueillir le Chabbat que nous allions pouvoir vivre avec nos amis juifs dans ce haut-lieu de spiritualité catholique de Paray. C’est Myriam Berdugo, épouse du Rabbin Berdugo, accompagnée par deux autres femmes juives, Brigitte Oiknine et Aline Rosinoff, qui nous fit une présentation vivante de cette fête, avec témoignages personnels, répondant aux questions variées d’une assistance chrétienne peu habituée à fêter Chabbat.

Une fois célébrée la messe à la basilique pour les chrétiens, le moment solennel d’allumage des bougies de Chabbat signa l’entrée en Chabbat de nos amis juifs aux côtés de leurs amis chrétiens. Une synagogue improvisée dans l’amphithéâtre Marguerite-Marie accueillant les rouleaux de la Torah, déposés pour l’occasion dans une armoire prévue à cet effet, permit à tous de suivre l’office. Accueil du Chabbat et prière du soir précédèrent un repas festif de 600 couverts sous la tente Piet Derksen. Moment de joie intense vécue dans cette fraternité construite depuis trois jours et qui fit dire à Raphy Marciano : « Comment pourrais-je répercuter cela à ma communauté ? C’est tellement indescriptible ! ». Bien sûr, tous les appareils vidéo-son dont nous avions amplement bénéficié depuis le départ était remisés pour la circonstance. Sans micro, il ne fut pas aisé de bien entendre les histoires juives (et non juives) racontées avec délectation par les différentes personnalités présentes, tant juives que chrétiennes. Mais quel bonheur ressenti de pouvoir vivre ces heures uniques de communauté de table partagée où la nourriture qui nous était servie était non seulement donnée à profusion mais aussi savoureuse et de qualité. Yaël Elfassi, un traiteur cacher de Saint Ouen, hors pair ! Des danses d’Israël près du cloître jouxtant la basilique conclurent cette journée.

Vivre un Chabbat à Paray était une première. L’assistance chrétienne s’y associa avec chaleur et amitié. Samedi matin, 16 juillet, un office à la synagogue pour la prière du matin, avec sortie des rouleaux de la Torah et lecture de la paracha (Nb 19, 1 – 22, 1) précéda une messe à la basilique, présidée par Mgr Jérôme Beau et Mgr Benoît Rivière, qui firent part des résonances que cette conjonction d’offices leur suggérait, notamment pour entendre autrement les paroles de l’offertoire, si voisines des bénédictions juives de début de repas. Un deuxième repas de Chabbat fut tout aussi festif et délicieux, et les histoires furent racontées avec toujours autant de saveur et d’humour joyeux.

Le sommet de la journée en nouveautés fut, le samedi après-midi, le commentaire du passage de la Torah (lu le matin à la synagogue) par le Rabbin Nissim Sultan. Peu de catholiques avaient eu jusque là l’occasion d’entendre un rabbin faire un commentaire de la paracha. Ce fut ’brillantissime’ comme disent les jeunes ! Car le passage de l’Écriture était assez obscur (épisode de la vache rousse) et il n’était pas facile pour un rabbin de tenir en haleine pendant presque 3/4 d’heure une assistance essentiellement non juive sur un sujet si délicat à expliciter rationnellement. Un tour de force réussi ? Je dirais plus volontiers une prouesse liée au talent exceptionnel qu’ont les Juifs de manier l’oral, et ce rabbin tout particulièrement avec le don manifeste de retenir l’attention de son auditoire par un commentaire passionnant, fluide et pourtant d’une profondeur exceptionnelle, en y associant cette note d’humour dont nous avions déjà pu goûter la saveur lors des repas de Chabbat ! Si nos prédicateurs le Dimanche pouvaient avoir ce talent, quel dynamisme cela pourrait redonner à nos homélies de célébrations eucharistiques !

D’autres ateliers prirent place dans l’après-midi, animés essentiellement par des intervenants juifs pour honorer le temps de Chabbat : « La vie familiale et la transmission » par Myriam Berdugo, « Vivre son judaïsme dans la modernité tout en restant attaché à la tradition ? » avec Sarah Ouanhnon juive libérale et le Rabbin Sultan, un rabbin « vraiment » orthodoxe. Deux courants du judaïsme pas toujours en symbiose et qui, cette après-midi là, ont eu un échange approfondi. Cette belle confrontation d’idées, bienveillante et stimulante intellectuellement, a été particulièrement suivie par les jeunes, très concernés par ce sujet d’actualité. « 2000 ans d’histoire du judaïsme en France : des clés pour comprendre » par Philippe Boukara (un sujet traité avec brio et grande clarté, véritable tour de force, qui reçut une très longue ovation...), « La liturgie synagogale, rencontre avec un officiant chantre » avec le Rabbin Berdugo (qui n’avait plus de voix ! s’étant efforcé de se faire entendre sans micro). Des ateliers passionnants et très instructifs, qui ont marqué les esprits et resteront empreints de cette « âme supplémentaire » donnée à tous les Juifs à Chabbat (ce qui explique leur nostalgie au moment de la séparation …).

C’est à la lumière du dernier office de sortie de Chabbat, la Havdala, que le micro fut rétabli et que se poursuivit la soirée témoignages-bilan. La parole fut laissée principalement aux jeunes qui traduisirent en termes enflammés leur joie d’avoir pu vivre ce temps de rencontre et de découverte, aussi bien du côté juif que du côté catholique.

Félicitations et chaude reconnaissance soient rendues aux organisateurs, qui ont préparé cette session depuis deux ans, secondés par l’équipe AJC de Chalon-sur-Saône, à tous ses membres qui se sont tant dévoués dans toutes sortes de tâches matérielles, acceptant même d’être bien souvent privés de suivre les enseignements donnés pendant ce temps-là. Un grand merci à Annie Nabet, secrétaire de l’AJC et au président de la communauté juive de Chalon-sur-Saône, Serge Rosinoff ! Une étape importante a été franchie dans cette approche possible d’une tranche d’âge autre que les ’cheveux blancs’ fidèlement attachés à ces sessions. Que ce compte rendu nous permette de nommer les personnes qui composent principalement l’équipe dirigeante du Groupe AJC de Chalon sur Saône : son président, Michel Ouaknine, Alain Gauthier, vice-président, Annie Nabet, secrétaire, Jean-Michel Thomas, son ancien président, Danielle et Robert Lesavre et le Père François Fraizy.

Comment poursuivre le chemin amorcé de dialogue et d’amitié entre juifs et chrétiens durant la session ? Cela reste la préoccupation majeure des organisateurs car, précisait Thierry Colombié, « on peut facilement éprouver au tout début une forme de fascination, comme un coup de foudre. On s’enflamme puis on laisse tomber dès le premier écueil de la rencontre ! Pour cela un gros travail est à faire, jamais seul, pour rester fidèle à l’exigeante démarche de réconciliation avec les juifs et le judaïsme et finalement de réconciliation avec soi-même ». De multiples chemins possibles seront alors proposés au discernement de chacun, par des acteurs du dialogue et divers représentants d’associations, pour la plupart présents sur place, aptes à guider les sessionnistes désireux d’aller plus loin :

 Centre chrétien d’études juives au Collège des Bernardins, avec Sylvaine Lacout, directrice, mettant l’accent sur le parcours de deux ans de formation au judaïsme ;

 Services diocésains, avec Danielle Guerrier (SNRJ), pour promouvoir le travail des services partout en France ;

 Groupes d’Amitié judéo-chrétienne avec un représentant d’un jeune groupe, Pascal de Mentque, président du groupe de Saint-Germain en Laye, et la présence de Jacqueline Cuche et de Bruno Charmet, respectivement présidente et directeur de l’AJCF (avec l’accent donné par Danielle Guerrier sur la revue Sens : « seule revue de formation de niveau universitaire qui réagit en même temps aux différents textes officiels, juifs et chrétiens, et événements du dialogue », et un éloge appuyé au patient et si remarquable travail de longue date du directeur de la revue, Yves Chevalier) ;

 MOOC (parcours numériques de formation), avec la présence du Père Thierry Vernet, du Pôle de recherche des Bernardins et de Raphy Marciano, directeur de l’Institut Elie Wiesel, qui travaillent en partenariat ;

 Spectacles de la Compagnie du Puits... présentés par Jacques Caniac ;

 Visites au Mémorial de la Shoah à Paris, au nouveau mémorial de Drancy…

 Voyages à Auschwitz, ou en Israël (proposition fut faite d’un voyage du 6 au 16 novembre 2016 par le SDRJ ’’93’’).

Et toutes les autres associations au service du dialogue (Sirdic, à la suite du SIDIC, avec des propositions à la rentrée ; association Naïr, avec Guy Hariri, initiée par le regretté Frère Jean-Pierre, moine de la Trappe, soucieux de proposer des enseignements par des rabbins ; « Le Train de la mémoire », voyages de jeunes à Auschwitz avec Florent Leruste ; Les amis d’Etty Hillesum avec Cécilia Dutter, l’actuelle présidente, pour faire connaître l’expérience spirituelle unique de cette jeune juive morte à Auschwitz)...

La messe du dimanche 17 juillet à la basilique de Paray-le-Monial, qui finalisait cette session pour les catholiques, fut vécue dans une joie dont chacun était porteur. Joie que le Rabbin Yehuda Berdugo nous a appris à analyser : non seulement la traduction du mot hébreu SIMHA qui représente la joie « attendue », mais aussi et surtout la joie qui correspond au mot hébreu SASSON, (« ça sonne ! » disait-il avec humour), la joie « inattendue », celle qui propulse en avant et fait naître un espoir immense, comme le quatrième enfant de Jacob et Léa que Léa appela YEHOUDA, « car cette fois je veux remercier l’Éternel ». Pourquoi remercie-t-elle pour ce quatrième enfant (comme pour cette quatrième session) ? « C’est toute la base du judaïsme » dira le Rabbin Berdugo. « Elle remercie pour le ’plus’ qu’Il lui a donné »… Le peuple juif, ce peuple du remerciement ! Et qui sait que tout ce qu’il a reçu n’est pas pur hasard… « On contemple, et on rend grâce » concluait-il. Il savait de quoi il parlait, le Rabbin Yéhouda Berdugo ! Avec un tel prénom, qui donne force à son message (en regard à la déformation si fréquente du sens du mot « juif » dans notre monde !) comment ne pas avoir désiré communier avec lui dans ce « merci » à l’Éternel, la racine même du mot « YEHOUDA » !…

Il faudrait encore évoquer Raphy Marciano, son enthousiasme, son émotion qui lui faisaient dire qu’une étape supplémentaire venait d’être franchie dans nos relations et qu’il nous fallait trouver désormais ensemble comment maintenant aller encore plus loin.

Joie qui se traduira, avant le dernier repas avec les jeunes de l’Emmanuel, par ces immenses cercles de danses d’Israël, sous un soleil radieux, que les caméras de l’équipe de Guillaume Dutey Harispe, communiquant, membre de la communauté de l’Emmanuel, a pu fixer en vue de reportages sur la session (voir sur le site AJCF) et d’un film long métrage, en projet.

Joie également du responsable de la librairie de l’Emmanuel parlant d’une « session qui restera dans les annales », ayant constaté l’intérêt grandissant de beaucoup de jeunes pour le sujet.

L’engouement de l’évêque du lieu, Mgr Benoît Rivière, qui a suivi toute la session, a aussi beaucoup marqué et réjoui (« je ne vois pas pourquoi je m’excite ainsi » confiait-il à un moment, surpris lui-même du ton enflammé qui lui venait pour parler de ce qui se vivait).

Ce vent de la jeunesse qui a soufflé sur la session n’est-il pas prometteur aussi pour notre monde en quête de sens et de fraternité (en contre-point des événements de Nice...), et n’ouvre-t-il pas à l’à-venir et à la louange ?

Merci à tous ceux qui ont contribué à la réalisation de cette session, ceux, si nombreux, qui ont travaillé dans l’ombre et que je ne peux pas tous, pas toutes nommer, je pense particulièrement aux membres des groupes d’organisation (commissions et services), chevilles ouvrières indispensables, et à ces personnalités juives et catholiques représentatives d’associations et d’instances officielles qui n’ont pas ménagé leur temps et leurs compétences pour se mettre eux aussi au service de cette mission auprès des jeunes, merci à Danielle et Thierry tout particulièrement…

A suivre pour un prochain épisode … ? Avec quels pas de plus ?...

Elisabeth MARTIN
Membre du Comité Directeur de l’AJCF

d’après des notes personnelles
le 23 juillet 2016

 Juifs et cathos, ensemble à Paray

 Les moments clefs où le thème de la session (la miséricorde) a été abordé