Elle a aussi d’autres noms dans la Bible et le Talmud (à noter cependant qu’aucun traité de la Michna ne lui est consacré comme aux autres fêtes) :
– Fête de la Moisson (Ex. XXI II, 16), elle marque la fin de la récolte d’orge et le début de celle de froment ;
– Jour des Prémices (Nb. XXV III, 26), où l’on apportait au sanctuaire une oblation spéciale de deux pains faits du premier froment et, pour les sacrifices, de jeunes animaux ;
– Atseret (clôture), est son nom dans la Michna. Chavouot achève
Pessah : la libération spirituelle est le terme de toute délivrance.
– Temps du don de notre Torah : cette appellation rabbinique englobe l’ensemble qui, pour la pensée juive, constitue le don de la Torah (Ex. XIX à XXIV) :
- la théophanie sur le mont Sinaï ;
- l’énoncé des Dix Paroles ;
- le don des Tables de pierre ;
- l’épisode du Veau d’or et la destruction des Tables ;
- le retour de Moïse sur le mont Sinaï ;
- la réception des deuxièmes Tables.
Chavouot n’est distinguée par aucun symbole particulier (tels les azymes pour Pessah, ou le « loulav » pour Souccot par exemple) , comme pour nous enseigner que la Révélation se passe de toute médiation. La Torah elle-même n’est que ce que nous sommes capables d’entendre aujourd’hui des voix que les Hébreux ont « vues » au Sinaï (Ex. XX , 15).
Dans le désert - n’appartenant à personne, il est le lieu d’une Parole offerte à tous - Chavouot a été un moment de rencontre unique. Fête du dialogue permanent direct, entre D. et tout un peuple, elle donne l’occasion de percevoir à nouveau la Torah comme une évidence intime, première - davantage que comme un « corpus » d’enseignements imposés de l’extérieur. Elle redonne à chacun l’opportunité qu’ont eue les Hébreux de répondre à l’appel divin : « Nous ferons et nous écouterons » (Ex. XXIV, 7), avec cette intuition que l’expérience prime sur la rationalité.
La nuit de Chavouot est traditionnellement consacrée à l’étude. Étude collective qui donne un contenu à la mémoire, et surtout définit une identité en acte : l’être-juif se construit par la pratique même que l’étude enseigne. Cette nuit rappelle la prescription faite à Moïse pour que le peuple se prépare à la Révélation en délimitant tes espaces profane et saint (Ex. XIX, 10-11). Limites qui préviennent la tentation de se fondre dans l’infini, ou de se croire parvenu au terme de la quête spirituelle. Dans la perspective biblique, l’amour de D. ne passe pas par l’extase - mais par l’attachement à Ses préceptes.
L’étude porte d’ailleurs généralement sur les Dix Paroles, (Ex. XX ; Dt V), le rappel des 613 mitzvot , ou des passages du Zohar qui évoquent Chavouot comme l’acte de mariage entre D. et Israël.
A la synagogue, décorée (comme la maison ou l’appartement) de plantes qui rappellent l’aspect agricole de la tête, on lit le matin de Chavouot :
– les chapitres XIX & XX de l’ Exode (le don de la Torah au Sinaï),
– Nombres XXVIII, 26-31 (les sacrifices particuliers de la tête),
– Ezéchiel I (la vision de la Merkaba, allégorie des attributs divins),
– le Livre de Ruth (une étrangère adhère à la Torah reçue par Israël et sera un maillon de la lignée du Messie).
Il est d’usage de consommer des aliments lactés à Chavouot : le lait, évoquant la pureté par sa blancheur et la vie par son double caractère d’aliment et de boisson, symbolise la Torah affirmée à maintes reprises comme source de vie (Dt XXX, 15-20 ; XXXII, 47).
La Pentecôte chrétienne, après avoir désigné la cinquantaine pascale, est devenue la fête qui la clôt. L’événement relaté dans les Actes des Apôtres (ch. II), origine de la mission évangélisatrice de l’Église, met en valeur l’unicité d’une Parole destinée à tous les peuples.